Tendances de consommation alimentaire et des comportements liés au mode de vie : enfants, adolescents et jeunes adultes

Appropriation du label Nutri-Score par la population française : évolution de la sensibilisation, du soutien et des comportements d’achats entre 2018 et 2019

Les maladies chroniques sont l’un des principaux fardeaux des systèmes de santé dans les pays industrialisés et responsables de 7 décès sur 10 dans le monde. Une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle est l’un de leurs principaux facteurs de risque. Améliorer la qualité globale de l’alimentation de la population est un levier essentiel des actions de santé publique.
Parmi diverses stratégies, un intérêt majeur a été accordé à la mise en place d’un étiquetage frontal des emballages (EFE) selon l’OMS et l’OCDE. Les autorités sanitaires européennes la considèrent comme une mesure efficace à relativement bas coût. Plusieurs systèmes d’EFE ont été lancés dans différents pays européens pour donner une appréciation globale de la qualité nutritionnelle. La multiplicité des formats pouvant semer la confusion chez les consommateurs, en mai 2020, la Commission européenne s’est engagée à proposer un EFE harmonisé et obligatoire d’ici fin 2022.

Objectifs du Nutri-Score

Depuis 2017, le Nutri-Score a été adopté par un nombre croissant de pays européens et les associations de consommateurs y ont apporté leur soutien. Ce score classe les produits alimentaires en cinq catégories sur une échelle à code couleur (allant du vert foncé, pour la qualité nutritionnelle supérieure, à l’orange foncé pour la qualité inférieure). Des lettres de A à E ont été ajoutées pour améliorer la lisibilité.

Le Nutri-Score a deux objectifs spécifiques :

  • fournir aux consommateurs un résumé des données nutritionnelles dans un format clair et compréhensible, pour les guider vers des choix alimentaires plus sains ;
  • inciter les fabricants de produits alimentaires à reformuler et améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits.

En outre, un score plus élevé a été prospectivement associé à un risque accru de développer des maladies chroniques.

4 006 participants inclus en 3 vagues successives

Depuis la mise en place du Nutri-Score sur une base volontaire en 2017 en France, très peu d’études ont évalué comment ce label était reconnu et utilisé par les consommateurs. Cette étude décrit l’évolution de la sensibilisation et du soutien du Nutri-Score dans la population française entre avril 2018 et mai 2019. Son autre objectif était d’identifier les facteurs socio-économiques et de style de vie associés à une plus grande sensibilisation, un meilleur soutien, ainsi qu’à un impact sur les choix alimentaires.

Parmi les participants recrutés sur internet, 4 006 participants ont été inclus. Trois vagues de questionnaires ont été menées :
1. avant la mise en œuvre d’une campagne nationale d’information sur le Nutri-Score (avril 2018) ;
2. après la diffusion de la campagne nationale afin d’évaluer son efficacité (mai/juin 2018) ;
3. un an après le premier questionnaire et avant la répétition de la campagne nationale (mai 2019).
Le questionnaire portait sur les caractéristiques individuelles telles que le sexe, l’âge, la catégorie professionnelle, la région, la composition du ménage, le niveau d’éducation, le revenu mensuel du ménage, etc. La corpulence, le comportement d’achat des produits alimentaires et la fréquence de lecture de l’étiquetage nutritionnel on été recueillies.

Une notoriété qui s’est considérablement accrue

81,5 % des participants connaissaient le logo en 2019 contre 58,2 % en avril 2018. La notoriété du logo a augmenté de manière significative après la communication (+17,2 % entre avril et mai 2018) et en 2019 (+6,1 % entre mai 2018 et mai 2019). Les sources d’information les plus signalées étaient la télévision en mai 2018 (73 % contre 57 % en avril 2018) et les emballages alimentaires en mai 2019 (60 % contre 20 % en mai 2018).
Depuis avril 2018, 9 participants sur 10 ont soutenu cette initiative et 87,2 % ont déclaré être en faveur de son obligation.
L’effet de la mesure sur le changement de comportement d’achat est resté limité en avril 2018. Seuls 26,5 % des consommateurs ont déclaré avoir adopté au moins un nouveau comportement grâce à l’étiquette. Néanmoins, une augmentation significative a été observée en 2019 : 42,9 % ont déclaré qu’ils avaient déjà modifié l’un des comportements proposés grâce au Nutri-Score.

L’impact sur les comportements d’achat semble prometteur

L’impact sur les comportements d’achat semble prometteur. Ils ont été plus importants au fil du temps, sur les populations plus jeunes et sur les lecteurs d’étiquettes fréquents. Le Nutri-Score a été bien accueilli et utilisé par tous les groupes socioéconomiques, y compris les sous-groupes les plus susceptibles d’avoir une alimentation de moindre qualité.
De plus, il incite les fabricants à reformuler leurs produits vers une meilleure qualité nutritionnelle. Ainsi, chaque consommateur peut également en bénéficier, même ceux qui ne tiennent pas compte de la qualité nutritionnelle. D’autres études sur l’évolution de l’alimentation et des ventes sont nécessaires pour avoir d’autres données sur la manière dont le Nutri-Score peut affecter la qualité de l’alimentation, en particulier dans les sous-groupes à risque sur le plan nutritionnel.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
D'après : B. Sarda et al. Appropriation of the Front-of-Pack Nutrition Label Nutri-Score across the French Population: Evolution of Awareness, Support, and Purchasing Behaviors between 2018 and 2019; Nutrients 2020, 12, 2887.
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