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Des fruits et des légumes contre les bouffées de chaleur ?

Les symptômes vasomoteurs – SVM – (bouffées de chaleur et sueurs nocturnes) sont les plaintes les plus fréquentes des femmes ménopausées. Ces troubles, sans gravité, altèrent fortement leur qualité de vie et les conduisent à consulter. Le traitement hormonal substitutif (THS) est, certes, efficace mais non dénué de contre-indications et de doutes sur son innocuité. D’où l’intérêt de pouvoir identifier des facteurs de mode de vie modifiables, qui pourraient prévenir ou atténuer de tels symptômes. Des supplémentations en soja peuvent les améliorer… Des études ont montré que c’était également le cas pour des alimentations riches en fibres et pauvres en graisses. Une étude récente a montré que les femmes présentant des SVM et qui suivaient un régime pauvre en graisses et riche en céréales complètes, en fruits et en légumes, les voyaient s’améliorer ou disparaître au bout d’un an.

Jusqu’à présent on sait peu de choses sur les relations entre les styles alimentaires et le risque de SVM. Une approche alimentaire globale complète l’étude des aliments isolés car elle peut mettre en évidence l’effet de synergie des divers composés alimentaires sur de tels troubles. Elle peut donner lieu à des conseils de santé publique et des interventions diététiques. Des auteurs australiens ont examiné les associations entre divers styles alimentaires et le risque de bouffées de chaleur et de sueurs nocturnes chez des femmes ménopausées.

L’Etude Australienne sur la Santé des Femmes

Ils ont utilisé l’Etude Australienne sur la Santé des Femmes, en se focalisant sur les femmes de 45 à 50 ans. Ils se sont intéressés à 4 périodes de suivi de l’étude (2001, 2004, 2007 et 2010) regroupant chacune plus de 6000 femmes. A chaque suivi, on demandait aux femmes si elles avaient présenté des sueurs nocturnes et/ou des bouffées de chaleur au cours des 12 mois précédents (jamais, rarement, parfois, souvent). Les deux derniers items étaient considérés comme des réponses positives.

Leur alimentation a été évaluée à l’aide d’un questionnaire de fréquence de consommation alimentaire, développé pour les adultes australiens et comprenant 121 aliments et boissons, les réponses allant de «jamais» à «plus de 3 fois par jour». Le questionnaire comportait 10 questions au sujet du lait, du pain, du sucre, des œufs et du fromage.

40% des femmes de 50-55 ans ont rapporté des sueurs nocturnes

On a tenu compte de l’âge, du niveau d’éducation, de la profession, du statut marital ainsi que de l’IMC, du tabagisme, du niveau d’activité physique, de la consommation d’alcool et de la pratique de médecines alternatives. La prise de contraception orale ou de traitement substitutif a évidemment été recherchée. Enfin, seules les femmes présentant une ménopause non chirurgicale ont été incluses dans les analyses.

Au suivi de 2001, 40% des femmes de 50-55 ans ont rapporté des sueurs nocturnes, 53.7% des bouffées de chaleur et 42.5% aucun symptôme. En comparaison de ces dernières, les femmes avec SVM avaient un plus faible niveau d’éducation, plus souvent un travail non payé, étaient mariées, obèses, fumeuses, buveuses.

Des patterns alimentaires spécifiques

On a identifié 6 styles (patterns) alimentaires:

  • Légumes cuits (chou fleur, chou, brocoli, haricots, haricots verts)
  • Fruits (fraises, ananas, abricots, mangue)
  • Méditerranéen (ail, poivre, champignons, salade verte, pâtes et vin rouge)
  • Viande et viande transformée (porc, bacon, saucisse, agneau)
  • Laitages (fromage, yaourt, lait écrémé)
  • Gras et sucré (biscuits, pâtisseries, confiture, tourte à la viande, chocolat)

Après analyse, les patterns viande et laitages n’étaient pas associés avec le risque de SVM. En revanche, on a observé une forte association inverse (quoique non significative) avec le pattern légumes cuits (avec un OR de 0.88 pour le quintile supérieur de consommation).

Pour les patterns fruits et méditerranéen, les relations inverses étaient encore plus marquées et significatives avec des OR respectifs de 0.81 et 0.80.

En outre, le pattern gras et sucres était associé à une augmentation du risque de SVM (OR de 1.23 pour le quintile supérieur). On n’a pas retrouvé d’interactions significatives avec l’éducation, l’IMC, le tabac et l’alcool.

Les profils «fruits» et «méditerranéen» se distinguent

Quant aux mécanismes probables, les profils fruits et méditerranéen se caractérisent par un faible apport en acides gras trans et une grande richesse en fibres. Il est possible que des apports élevés en fi bres, faibles en graisses, associés à de moindres variations de concentrations en oestrogènes, soient en partie responsable d’un tel effet protecteur. En outre, ce style d’alimentation privilégie les glucides de faible index glycémique et il a été suggéré que le maintien d’une glycémie optimale pourrait réduire le risque de SVM. Enfin, le régime méditerranéen a des effets bénéfiques sur l’inflammation et la dysfonction endothéliale. Ainsi, de nombreux mécanismes pourraient être à l’origine de ces effets bénéfiques.

Quoi qu’il en soit, cette étude montre qu’une alimentation riche en fruits, en légumes ou de style méditerranéen, tout en étant pauvre en viande et produits sucrés, peut réduire le risque de troubles vasomoteurs de la ménopause. Ces résultats persistent même après ajustement sur des facteurs confondants. Ils peuvent donc donner lieu à des conseils alimentaires judicieux à la population de femmes ménopausées qui se plaignent de tous ces signes fonctionnels invalidants. Parlez-en à votre gynécologue, Mesdames…

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
Herber-Gast GC, Mishra GD. Fruit, Mediterranean-style, and high-fat and -sugar diets are associated with the risk of night sweats and hot fl ushes in midlife: results from a prospective cohort study. Am J Clin Nutr. 2013 May;97(5):1092-9.
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