Lutte contre l'obésité

État des lieux des politiques favorisant l’augmentation de la consommation de fruits et légumes et de l’activité physique dans 49 pays à revenu faible et intermédiaire

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les maladies non transmissibles (MNT) sont devenues la principale cause de mortalité dans le monde. 80 % environ surviennent dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) ¹. Aujourd’hui Il existe un vaste consensus sur les effets bénéfiques sur la santé de la consommation régulière de fruits et légumes (F&L). De nombreuses études scientifiques le démontrent : manger quotidiennement des F&L permet de lutter contre les MNT telles les maladies cardiovasculaires, certains cancers, diabète de type 2.

Si la consommation de F&L augmentait de manière suffisante, 2,7 millions de vies pourraient potentiellement être sauvées ! Compte tenu des bienfaits reconnus sur la santé de leur consommation régulière, le comité mixte d’experts de la FAO et de l’OMS a recommandé en 2002 un apport journalier minimum de 400 g de F&L et en a fait un objectif final pour tous les pays en 2004 ³.

Par ailleurs, la prévalence de l’inactivité physique, considérée par l’OMS comme un facteur de risque majeur de MNT, s’accroît également dans les PRFI 4. L’OMS recommande que les enfants et les adolescents (de 5 à 17 ans) fassent au moins 60 minutes d’activité physique (AP), d’intensité modérée à élevée, par jour et que les adultes fassent au moins 150 minutes d’AP aérobique d’intensité modérée par semaine 5.

Comme ces comportements constituent d’importants facteurs de risque modifiables pour la prévention des MNT, l’OMS encourage le développement de politiques qui favorisent l’augmentation de l’AP et de la consommation de F&L, principalement dans les PRFI.

Nous avons ainsi étudié les politiques encourageant de telles recommandations dans 49 PRFI entre 2004 et 2013. Sur ces 49 pays, 57 % ont des politiques* favorisant l’augmentation de la consommation de F&L et 76 % des politiques* incitant à celle de l’AP ; 51 % ont des politiques encourageant l’augmentation des deux.

Les politiques favorisant la consommation de F&L

Sur les 49 pays, 28 ont des politiques favorisant l’augmentation de la consommation de F&L ciblant la population générale, les écoles ou axées sur l’environnement, l’économie… Ci-dessous quelques exemples de politiques mis en place dans certains pays à revenu faible et intermédiaire.

Le Malawi a développé diverses politiques pour encourager la consommation de F&L :

  • aménagement de jardins dans les écoles et ateliers de cuisine dans toutes les écoles primaires publiques. (A noter que 7 pays sur 28 ont des politiques nutritionnelles à l’école);
  • réalisation d’ateliers culinaires autour des aliments sains au niveau communautaire;
  • mise en place d’une recommandation nationale ciblant la population générale : « manger un fruit à la fin de chaque repas ».

La Namibie recommande la consommation de F&L variés et de préférence frais et issus d’espèces disponibles localement.

L’Indonésie est un exemple de pays ayant une politique ciblant l’environnement alimentaire (seuls 3 pays sur 28) qui encourage l’agriculture pour garantir l’accessibilité à une alimentation saine et équilibrée.

Par ailleurs, les Philippines ont développé une politique axée sur l’économie (seuls 2 pays sur 28) en encourageant l’octroi de subventions et des allègements fiscaux pour les aliments bénéfiques pour la santé, tels les F&L, afin d’en augmenter la consommation.

Parmi les pays qui ont développé des stratégies répondant aux recommandations de l’OMS (5 sur 28), le Ghana, le Sri Lanka et la Malaisie incitent vivement à manger au moins 5 portions de F&L par jour, tandis que le Liban recommande de consommer 2 portions de fruits et 2 à 3 portions de légumes par jour.

Au vu du nombre restreint de pays disposant de politiques axées sur l’environnement et l’économie, il apparaît nécessaire que les PRFI élaborent davantage de stratégies dans ces deux domaines. Si les F&L ne sont ni disponibles ni abordables, l’éducation seule ne permettra pas d’en augmenter la consommation, comme le montrent les recommandations figurant dans l’étude de Miller et al. 6.

Les politiques favorisant l’AP sont plus nombreuses…

En revanche, les politiques encourageant l’AP sont plus nombreuses que celles favorisant la consommation de F&L. Trente-sept pays sur 49 ont des politiques incitant à l’AP. La plupart ciblent la population générale et 9 pays seulement sur les 37 ont élaboré des politiques qui répondent aux recommandations de l’OMS en matière d’AP journalière. En outre, 8 pays ont développé des mesures favorisant l’AP auprès de la population scolarisée. Parmi eux, le Ghana, les Maldives, la Dominique, Grenade et la Guyane recommandent de rendre obligatoire l’éducation physique dans les écoles.

En définitive et de toute évidence, malgré les progrès accomplis, les PRFI accusent toujours du retard sur le plan de l’élaboration de politiques répondant aux recommandations de l’OMS qui visent à favoriser l’augmentation de la consommation de F&L et de l’AP.

Des progrès restent à accomplir !

* Dans l’article, une politique peut être également un plan d’action ou une recommandation

Sandra A. Darfour-Oduro
Service de Kinésiologie et de Santé communautaire, Université de l’Illinois, ETATS-UNIS
Juan E. Andrade
Division des Sciences de la nutrition, Université de l’Illinois, ETATS-UNIS
Diana S. Grigsby-Toussaint
Service de Kinésiologie et de Santé communautaire, Division des Sciences de la nutrition, Université de l’Illinois, Collège de Médecine de Carle Illinois, Université de l’Illinois, ETATS-UNIS
Darfour-Oduro SA., Andrade JE., Grigsby-Toussaint DS. Review of policies to increase fruit and vegetable consumption and physical activity in 49 low- and middle-income countries, Journal of Public Health, https://doi.org/10.1093/pubmed/fdy039
  1. World Health Organization. Global Status Report on Noncommunicable Diseases 2010. 2011
  2. Joint FAO/WHO. Workshop on Fruit and Vegetables for Health; Vol.39. Kobe: Japan, 2005.
  3. Joint WHO / FAO Expert Consultation. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases. WHO Technical Report Series. 2003
  4. World Health Organization. Global Health Risks Mortality and Burden of Disease Attributable to Selected Major Risks. Geneva. 2009
  5. World Health Organization. Global Recommendations on Physical Activity for Health. 2010 Miller V, Yusuf S, Chow CK et al. Availability, affordability, and consumption of fruits and vegetables in 18 countries across income levels: findings from the Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) study. Lancet Glob Health 2016; 4:695–703.
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