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F&L et détresse psychologique : des données positives sur un vaste échantillon australien

Les troubles mentaux représentent actuellement le handicap le plus répandu et un tiers des maladies non mortelles dans le monde. Il est urgent d’établir des stratégies de prévention en santé publique. On s’intéresse de plus en plus au rôle de l’alimentation dans la santé mentale. Dans l’ensemble, les études d’observation montrent une corrélation positive entre une alimentation saine (conforme au « régime méditerranéen », riche en F&L, céréales complètes et poisson et pauvre en aliments transformés) et le bien-être mental.

Lien potentiel entre consommation de F&L et état psychologique

Le rôle de la consommation de F&L dans la santé mentale a été l’objet d’une attention croissante. Les F&L sont riches en nutriments et leurs effets protecteurs sur plusieurs maladies chroniques sont reconnus. En outre, les régimes pauvres en fruits ont été signalés comme le principal facteur de risque alimentaire de maladie dans le monde. Des données croissantes, provenant d’études transversales, suggèrent un lien potentiel entre la consommation de F&L et la détresse psychologique. Cependant, d’autres études prospectives sont nécessaires. Notre étude a examiné la corrélation entre la consommation de F&L et, à la fois, la prévalence et l’incidence de la détresse psychologique dans une vaste cohorte d’adultes australiens.

L’étude « 45 and Up Study » du Sax Institute

Les questionnaires de référence (2006-2008) et de suivi (2010) ont été remplis par les participants âgés de 45 ans et plus (60 404 pour les analyses transversales et 54 345 pour les analyses prospectives) de l’étude « 45 and Up Study » du Sax Institute. La détresse psychologique a été évaluée à l’aide de l’échelle de Kessler validée (K10) mesurant les symptômes d’anxiété et de dépression. La consommation habituelle de F&L a été évaluée par des questions courtes.

Analyses transversales : une prévalence plus faible de la détresse psychologique avec les F&L

Au départ, 5,6 % des participants ont signalé une détresse psychologique. La consommation de base de F&L, pris ensembles ou séparément, était associée à une prévalence plus faible de détresse psychologique, même après ajustement des caractéristiques sociodémographiques et des facteurs de risque
liés au mode de vie.

Analyses prospectives : 5 à 7 portions quotidiennes de F&L =14 % moins de risques de détresse psychologique

Après un suivi de trois ans, 4 % des sujets qui n’avaient pas de détresse au départ en ont rapporté lors du suivi. Une consommation quotidienne modérée de F&L était associée à une plus faible probabilité de détresse psychologique. Les personnes qui mangeaient 5 à 7 portions quotidiennes de F&L avaient 14% de risques en moins de détresse psychologique que celles qui en consommaient entre 0 et 4 par jour. Dans l’ensemble, les résultats de notre étude concordaient avec ceux de plusieurs études transversales et d’un nombre limité d’études prospectives.

Encore des différences entre les hommes et les femmes !

Fait plus nouveau: les analyses supplémentaires sur les hommes et les femmes, ont montré de manière surprenante que la consommation de F&L protégeait davantage les femmes. Aucune corrélation claire ne ressortait chez les hommes au cours de la période de suivi de trois ans. Le mécanisme qui pourrait expliquer une réelle différence physiologique entre les hommes et les femmes reste obscur et requiert d’autres investigations. Les femmes pourraient avoir rapporté plus précisément leur consommation que les hommes, contribuant ainsi aux différences observées…

Mécanismes potentiels liant les F&L à la santé mentale

Les F&L sont riches en antioxydants (vitamines C et E, micronutriments …) qui peuvent réduire le stress oxydatif et l’inflammation susceptibles de nuire à la santé mentale. Les carences en vitamines B (notamment en vitamine B9) influencent la régulation de l’humeur et ont été associées à la dépression. Les prébiotiques alimentaires ont également été liés à une meilleure santé mentale. Les F&L peuvent par conséquent moduler la santé mentale par plusieurs voies biologiques. D’autres études sont cependant nécessaires.
Plusieurs points doivent être soulignés :

  1. Le questionnaire de l’étude était limité dans son évaluation alimentaire et une confusion résiduelle entre les facteurs alimentaires/non-alimentaires est possible.
  2. En supposant un lien de causalité, il n’était pas possible d’en déduire le sens des corrélations. Nous avons essayé de minimiser la possibilité d’une « causalité inversée » (par exemple qu’une mauvaise santé mentale entraîne une mauvaise alimentation) en excluant les participants qui étaient traités pour dépression/anxiété, prenaient des antidépresseurs ou manifestaient une détresse psychologique.
  3. La causalité n’a pas pu être déduite de cette étude observationnelle.
  4. Les personnes qui consomment des quantités adéquates de F&L peuvent adopter d’autres comportements sains qui pourraient participer à réduire la détresse psychologique.

Les F&L peuvent contribuer à réduire la prévalence de la détresse psychologique

Parmi cette cohorte d’adultes, la consommation de F&L peut contribuer à réduire la prévalence de la détresse psychologique. Nos résultats longitudinaux contribuent à enrichir les données limitées en faveur d’une corrélation entre la consommation de F&L et l’incidence de la détresse psychologique. Même si nos résultats soutiennent les directives de santé publique existantes, encourageant la consommation de F&L dans une alimentation saine, davantage d’études longitudinales sont nécessaires.

Binh Nguyen
Prevention Research Collaboration, Sydney School of Public Health, The University of Sydney, Camperdown, Nouvelle-Galles du Sud, AUSTRALIE
collaborateurs
Nguyen B, Ding D, Mihrshahi S. Fruit and Vegetable Consumption and Psychological Distress: Cross-Sectional and Longitudinal Analyses Based on a Large Australian Sample. BMJ Open 2017;7:e014201.
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