Fruits et légumes : santé, comportement et dépenses publiques

Fruits & légumes et modifications comportementales : revue scientifique 2011

Aux Etats-Unis, la consommation de fruits et légumes chez les adultes reste inférieure aux recommandations, en dépit des preuves de leurs bénéfices pour la santé. Les actions entreprises pour augmenter cette consommation reposent sur des interventions comportementales. Si elles entraînent habituellement de légères augmentations de consommation durant la période étudiée, les approches les plus efficaces ne sont pas clairement répertoriées. De nombreuses théories et approches comportementales ont été utilisées pour améliorer les comportements de santé, dont la consommation de fruits et légumes (Tableau 1). Des interventions reposant sur les théories comportementales ont été mises en place dans divers lieux (écoles, églises, centres associatifs, institutions de soins, etc.). Elles comportent diverses approches, dont des entretiens individuels, des conseils téléphoniques, des documents imprimés et, plus récemment, l’utilisation de l’informatique et de stratégies multimédias, pour diffuser les interventions visant les modifications comportementales.

Recherche sur les approches comportementales

L’examen systématique des bases de données MEDLINE PubMed et PsycINFO a permis d’identifier les essais d’interventions utilisant des approches comportementales pour favoriser l’augmentation de la consommation des fruits et légumes depuis 1995. 65 articles ont été identifiés. Sur la base des limites et des critères de sélection fixés au préalable, 57 études ont été incluses dans cette revue de littérature. L’objectif de ce travail était de décrire une sélection des études rapportant l’impact des interventions comportementales sur la consommation des fruits et légumes dans la population générale et des sous groupes comme les enfants et les minorités. Au départ, nous avons surtout cherché à identifier des « bonnes pratiques » pour appliquer les approches/théories comportementales et rapporter les modifications de consommations des fruits et/ou légumes. Cependant, l’hétérogénéité de ces études et le manque de détails sur leur conception ont rapidement rendu cet objectif irréalisable.

Augmentation de la consommation de fruits et légumes

L’approche comportementale le plus souvent utilisée s’intéressait aux stades de changement. Les données actuelles suggèrent que des changements significatifs dans la consommation des fruits et légumes peuvent être accomplis par des interventions comportementales couramment décrites et appliquées.

  • Les interventions, portant sur des échantillons de population adulte, ont entraîné une augmentation moyenne de la consommation de fruits et légumes de 1,06 portions/jour.
  • Chez les sujets plus âgés, un changement similaire a été suggéré.
  • Sur des populations adultes minoritaires, les interventions ont montré une augmentation moyenne de la consommation de fruits et légumes de 0,9 portions.
  • Dans les groupes à faibles revenus, seules 3 études sur 5 ont rapporté des données de consommation quotidienne ; l’augmentation moyenne de la consommation des fruits et légumes n’a été que de 0,15 portions/jour.
  • Les interventions chez les enfants ont mis en évidence une augmentation moyenne de 0,65 portions/jour.
  • Les interventions sur le lieu de travail ont habituellement montré de plus faibles augmentations moyennes de consommations de fruits et légumes, soit 0,54 portions/jour dans 12 études.

Le maintien de ces augmentations après les interventions a été peu décrit ou étudié. Aucune étude n’a comparé deux théories comportementales différentes ou plus pour déceler une différence dans les modifications des consommations de fruits et légumes.

Nécessité d’approches nouvelles et innovantes

Des approches nouvelles et innovantes sont donc nécessaires pour évaluer de manière exhaustive les théories comportementales visant à la promotion de la consommation de fruits et légumes chez les Américains.

Il faut intégrer de manière intensive ces stratégies comportementales au marketing social, aux réseaux sociaux et aux contrôles à distance des comportements afin d’augmenter la consommation de fruits et légumes des populations au delà des niveaux atteints avec les interventions classiques seules.

Atteindre et maintenir une consommation de fruits et légumes aux niveaux recommandés pour la population va nécessiter des interventions plus importantes, combinées à d’autres approches s’efforçant d’améliorer le goût, la facilité d’utilisation, la disponibilité et l’accessibilité, les prix compétitifs et la perception de la valeur ajoutée associée à leur consommation.

Cynthia Thomson
Département des Sciences de la Nutrition, Université d’Arizona, USA
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