Programme spécial d'aide alimentaire WIC, destiné aux femmes, aux nouveau-nés et aux enfants

La participation au programme WIC et un environnement alimentaire plus sain sont associés à une consommation plus élevée de fruits et légumes

L’accessibilité à une alimentation saine, mesurée par la distance jusqu’aux points de vente comme les supermarchés, influe sur les comportements alimentaires de la population1. Les recherches antérieures examinant l’association entre accès aux supermarchés et qualité du régime alimentaire sont contrastées2. Ces différences pourraient être dues à des erreurs dans les mesures de consommation alimentaire auto-rapportées3.

Le but de notre étude est d’examiner :

  • l’association entre l’accessibilité au supermarché dans lequel les participants ont été étudiés ;
  • la fréquence des achats au supermarché ;
  • la consommation de fruits et légumes (F&L) objectivement évaluée et auto-rapportée.

Quelles sont les méthodes utilisées ?

L’accessibilité a été évaluée par des Systèmes d’Information Géographique (SIG) et l’indice modifié de l’environnement alimentaire des points de vente (Modified Retail Food Environment Index – mRFEI). Ce dernier établit un ratio entre :

  • les magasins type super/hypermarchés, grandes épiceries, marchés de F&L, fournissant des aliments sains – « points de vente d’aliments sains » et
  • les magasins type fast-food, petites épiceries, magasins de dépannage vendant des aliments de moins bonne qualité nutritionnelle – « points de ventes d’aliments peu sains ».

NB : les magasins sont situés dans les secteurs de recensement ou dans les 800 m.

La consommation de F&L a été mesurée en évaluant les caroténoïdes cutanés à l’aide du « Veggie MeterTM » qui utilise la spectroscopie par réflexion de manière non invasive.

Les participants, recrutés dans 2 supermarchés situés dans la « Stroke Belt » (littéralement « ceinture d’AVC ») (région au taux d’accidents vasculaires cérébraux élevé aux Etats-Unis) ont comme caractéristiques :

  • un taux d’obésité de 30 % ;
  • une santé passable ou mauvaise (20 %) ;
  • une situation d’insécurité alimentaire (>20 %). 136 participants ont été recrutés principalement des femmes (75 %) et des afro-américains (86 %), avec un revenu annuel du foyer inférieur à 40 000 $ (74 %).

Une association positive entre le score de caroténoïdes cutanés et l’indice mRFEI

Nous avons constaté une association positive significative entre le score de caroténoïdes cutanés et l’indice mRFEI : le score de caroténoïdes cutanés a augmenté dans un environnement alimentaire avec un ratio plus élevé pour les points de vente d’aliments sains en comparaison avec les points de ventes d’aliments peu sains ». Cela suggère que la consommation à long terme de F&L peut être influencée, non seulement par la proximité du supermarché préféré, mais également par le rapport entre les points de vente d’aliments sains et moins sains dans l’environnement alimentaire proximal. Ce résultat est cohérent avec les recherches antérieures montrant que le niveau d’obésité était associé à l’indice RFEI (« marais alimentairesa ») versus la proximité des supermarchés (« déserts alimentairesb »)4.

La participation au programme WIC est associée au taux de caroténoïdes cutanés

Nous avons retrouvé des associations entre la participation au programme WIC et les caroténoïdes cutanés : les bénéficiaires du programme WIC avaient un score de caroténoïdes cutanés supérieur aux non bénéficiaires (284 participants au programme WIC contre 247 non-participants, p = 0,04). Ceci est cohérent avec les résultats précédents montrant que la participation au programme WIC a une influence positive sur les comportements alimentaires. Nous avons également constaté que l’impact négatif de la distance aux magasins d’alimentation sur la consommation de F&L pouvait être diminué par la participation au programme WIC (figure 1), suggérant un effet protecteur pour ceux ayant un faible accès à la nourriture. (Nous avions peu de participants au programme WIC (n = 12) et il est nécessaire que de futures études étudient cette association sur un échantillon plus grand).

Figure 1. Diagramme de dispersion montrant la corrélation entre le score de caroténoïdes cutanés moyen et la distance jusqu’au supermarché où est réalisée l’étude.

En conclusion, une participation au programme WIC et un environnement sain sont associés à une mesure objective de la consommation de F&L (attestée par les caroténoïdes cutanés) sur un échantillon de clients d’un supermarché. Ces résultats confirment le bénéfice potentiel de la participation au programme WIC dans le maintien d’une alimentation de qualité malgré une accessibilité réduite.

  1. zones dans lesquelles la nourriture de fast-food et la nourriture dite « junk food » ou « malbouffe » (sans valeur nutritionnelle) noient les alternatives saines
  2. zones résidentielles avec un accès limité à une alimentation abordable et nutritive

Basé sur : McGuirt JT et al. Association between spatial access to food outlets, frequency of grocery shopping and objectively-assessed and self-reported fruit and vegetable consumption. Nutrients. 2018 Dec; 10(12): 1974.

Jared McGuirt
Département de nutrition, Université de Caroline du Nord à Greesboro, ÉTATS-UNIS
  1. Glanz K, et al. Healthy nutrition environments: concepts and measures. Am J Health Promot. 2005; 19(5):330-3.
  2. Abeykoon AH, et al. Health-related outcomes of new grocery store interventions: a systematic review. Public Health Nutr. 2017; 20(12):2236-2248.
  3. Miller TM, et al. Effects of social approval bias on self-reported fruit and vegetable consumption: a randomized controlled trial. Nutr J. 2008; 7:18.
  4. Cooksey-Stowers, K.; Schwartz, M.B.; Brownell, K.D. Food swamps predict obesity rates better than fooddeserts in the United States.Int. J. Environ. Res. Public Health2017,14, 1366
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