Les médecins : acteurs privilégiés de la promotion de la santé

La littératie en santé « améliore les connaissances, la motivation et les compétences des individus pour accéder, comprendre, évaluer et appliquer des informations de santé afin de prendre chaque jour des résolutions éclairées en termes de prévention des maladies et de promotion de la santé, pour maintenir ou améliorer leur qualité de vie »¹.

La littératie en santé est un meilleur prédicteur de santé que l’âge, les revenus, l’éducation, l’origine ethnique et l’emploi ².Même si son intérêt a considérablement augmenté ces dix dernières années, peu d’études portent sur les deux aspects spécifiques de la littératie en santé : la littératie en nutrition et la littératie alimentaire. En parallèle, il est établi qu’une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle contribue significativement au développement de maladies non transmissibles et augmente les taux de décès prématurés ³.

Obésité infantile : où en sommes-nous ?

L’obésité infantile demeure un problème de santé publique important dans la région européenne de l’OMS. Son incidence est inégale entre les différents pays et groupes de population, et même à l’intérieur de ceux-ci. Les dernières données (2015-2017) de l’Initiative pour la surveillance de l’obésité infantile (COSI, Childhood Obesity Surveillance Initiative) de l’OMS montrent que les pays d’Europe occidentale présentent le taux le plus élevé d’obésité infantile. À Chypre, en Grèce, en Italie, à Malte, à Saint-Marin et en Espagne, environ 1 garçon sur 5 (entre 18 et 21 %) est obèse. Le Danemark, la France, l’Irlande, la Lettonie et la Norvège font partie des pays où le taux est le plus bas, allant de 5 à 9 % pour les deux sexes 4. En 2014, la consommation de F&L se situait entre 220 et 345 g/jour chez les enfants européens de 11 ans, ce qui est inférieur à la recommandation de 400 g/jour de l’OMS 5.

Au Kazakhstan, presque 20 % des enfants de 6 à 9 ans étaient en surpoids ou obèses, en 2016-2017. Seul 1 enfant sur 3 consommait quotidiennement des F&L. La consommation moyenne de sel est l’une des plus élevées au monde, avec 17 g/jour, soit plus de 4 fois la dose recommandée par l’OMS. Certains produits locaux populaires contiennent plus de 220 % de la dose journalière maximale recommandée d’acide gras trans par portion. Une publicité sur trois porte sur la nourriture ou les boissons, et 79 % des produits concernés sont considérés comme mauvais pour la santé par l’OMS6.

Niveau de littératie en nutrition chez les parents: des points problématiques

Une meilleure connaissance de la nutrition peut améliorer les choix alimentaires de la population et avoir des effets bénéfiques sur sa santé 7. Une enquête a été réalisée sur 3 jours pour évaluer le niveau de littératie en nutrition (LN) chez les parents d’enfants de 6 à 13 ans, vivant à Almaty au Kazakhstan 8 (Figure 1). 363 participants ont répondu au questionnaire.

Les points les plus problématiques sont ceux relatifs :

  • aux «portions alimentaires» (41,6 % des participants ont un niveau de LN inadéquat et marginal) et ;
  • à la «lecture des étiquettes» (25,8 %).

La relation entre les scores de LN des parents et l’IMC des enfants a été étudiée, en tenant compte de l’âge des parents et leur niveau d’éducation. Aucune corrélation évidente entre le niveau de LN des parents et l’IMC des enfants n’a été établie, ce qui est cohérent avec les données d’une étude réalisée aux États-Unis 9.

Une urgence : des activités de promotion de la santé au Kazakhstan

Même si les résultats de notre enquête à petite échelle n’ont pas trouvé de corrélation significative entre le niveau de LN des parents et l’IMC des enfants, il est nécessaire d’effectuer des recherches sur une population plus importante. Certains facteurs supplémentaires, comme le statut socio-économique, devront être pris en compte dans ces recherches à venir.

Les résultats des précédentes études indiquent clairement qu’il est urgent de mettre en place des activités de promotion de la santé au Kazakhstan, avec un fort soutien gouvernemental. Ces interventions devront impliquer non seulement le secteur de la santé, mais également ceux de l’éducation, des médias et de l’agriculture et nécessiteront donc

Yelena Khegay
École de santé publique du Kazakhstan, Kazakhstan Association of Family Physicians Almaty, KAZAKHSTAN
I. Stafeyeva
École de santé publique du Kazakhstan, Kazakhstan Association of Family Physicians Almaty, KAZAKHSTAN
Basé sur : Khegay Y., “The influence of parental nutrition literacy on weight in children aged 6-13 y. living in Almaty, Kazakhstan”, master’s thesis, 2019.
  1. Sørensen K, et al. BMC Public Health. 2012 Jan 25; 12():80
  2. Health literacy. The solid facts. Edited by Ilona Kickbusch, Jürgen M. Pelikan, Franklin Apfel and Agis D. Tsouros. 2013
  3. Meier T, et al. Eur J Epidemiol (2019) 34: 37
  4. WHO Europe, 2018. Latest data shows southern European countries have highest rate of childhood obesity.
  5. Lynch CT, et al. Public Health Nutrition, 2014; 17 (11): 2436-2444.
  6. WHO Europe, 2019. Better nutrition in Kazakhstan. http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0010/396190/WHO-Nutrition-Kazakhtsan-EN.pdf?ua=
  7. Pearson N, et al. (2009). Public Health Nutrition, 12(2), 267-283.
  8. Gibbs, Heather D. et al. Journal of Nutrition Education and Behavior, 50 (3), 247 -257.e1
  9. Gibbs HD, J Nutr Educ Behav. 2016;48(7):505–509.e1.
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