Bénéfices de la consommation de fruits et légumes sur la santé mentale

A long terme les légumes et les fruits préservent la fonction cognitive subjective chez les hommes américains

Une équipe américaine pluridisciplinaire, supervisée par Walter Willett, vient de publier une vaste étude prospective évaluant l’association de la consommation à long terme de légumes et de fruits avec la fonction cognitive subjective (FCS) au cours du vieillissement.

Le rôle de l’alimentation sur la fonction cognitive fait l’objet de recherches croissantes. Si les apports en fruits, légumes et jus, riches en nutriments antioxydants, ont été largement étudiés,  des résultats incohérents ont été rapportés dans les études observationnelles et les essais cliniques. Pour dépister le stade précoce du déclin cognitif, la fonction cognitive subjective auto-déclarée représente un bon précurseur à une déficience cognitive légère.

La HPFS (Health Professionals Follow-up Study) a commencé en 1986.  Des professionnels de santé américains, de 40 à 75 ans, ont répondu à un questionnaire comportant une enquête alimentaire complète sur le mode de vie et sur les antécédents médicaux. L’étude finale incluait 27 842 hommes (âge moyen de 51 ans en 1986).

Évaluation alimentaire de la cohorte

Les données alimentaires ont été ajustées tous les 4 ans par un questionnaire de fréquence alimentaire sur la consommation habituelle d’aliments et de boissons au cours de l’année précédente.

L’apport alimentaire moyen a été calculé à partir de 5 questionnaires successifs pour réduire la variation intra-individuelle et refléter l’alimentation à long terme.

Apport énergétique total, consommation d’alcool et principaux groupes alimentaires ont été évalués. Les sous-groupes de légumes, fruits et jus de fruits ont inclus :

  • légumes à feuilles vertes (épinards, chou frisé, laitue),
  • crucifères (brocoli, chou-fleur, chou, choucroute, choux de Bruxelles),
  • légumes riches en caroténoïdes (tomates, jus et sauce tomate, carottes, ignames, patates douces, courges, chou frisé, épinards),
  • légumes amylacées (maïs) ou non (légumes mélangés, courges, aubergines, courgettes, poivrons verts, ail, céleris, champignons, germes de luzerne, betteraves, oignons),
  • agrumes (oranges, pamplemousses),
  • baies (fraises, myrtilles),
  • autres (raisins secs, raisins, pruneaux, avocats, bananes, melons, pastèques, pommes, poires, compotes de pommes, pêches, abricots, prunes),
  • jus (orange, pamplemousse, pomme, pruneau).

 

Évaluation de la fonction cognitive subjective

La fonction cognitive subjective a été auto-déclarée à 2 reprises (2008 et 2012) par 6 questions sur les changements de mémoire:

« Avez-vous plus de mal que d’habitude à vous souvenir d’événements récents, d’une courte liste de courses, de choses d’une seconde à l’autre, à comprendre les choses ou des instructions vocales, à suivre une conversation de groupe, un programme TV, à vous orienter dans des rues familières ? » .

Les scores de FCS allaient de bon (0 point), modéré (0.5-2.5) et faible (3-6).

Des informations sur le mode de vie et les antécédents médicaux ont été collectées. Les caractéristiques par âge ont été calculées pour tous les participants selon les quintiles (Q1 et Q5) de consommation de légumes, fruits et jus de fruits.

Un rôle bénéfique à long terme de la consommation de légumes, de fruits et de jus d’orange

Des apports plus élevés de légumes, fruits et jus de fruits étaient significativement associés à une moindre probabilité de FCS modérée ou faible après contrôle des principaux facteurs non alimentaires et de l’apport énergétique total.

Parmi les 27 842 hommes âgés en moyenne de 73 ans au moment de la première mesure de la FCS, 54,7 % avaient de bonnes capacités cognitives en 2008-2012, 38 % une fonction modérée et 7,3 % une faible fonction.

Les apports moyens de légumes, fruits totaux et jus de fruits étaient respectivement de 3,5 portions / j, 1,7 portions / j et 0,8 portion / j.

Dans les analyses primaires, le total des légumes, des fruits et jus était significativement associé à un risque plus faible de FCS modérée et faible. Dans les analyses des sous-groupes de F&L, l’augmentation de la consommation de légumes à feuilles vertes, de ceux riches en caroténoïdes et les baies était significativement associée à des risques réduits de FCS modérée et faible. Les associations pour les jus étaient principalement observées pour la consommation de jus d’orange. Tomates, laitues, choux de Bruxelles, poivrons, melons et fraises étaient également liés à des risques plus faibles.

 Des apports plus importants de légumes, fruits et jus de fruits du milieu de la vie à la fin de l’âge adulte sont associés à une réduction des risques ultérieurs de FCS modérée et faible. De plus, la consommation régulière de jus d’orange à un âge avancé peut avoir un rôle protecteur avec l’âge dans la réduction de la FCS.

Ces résultats soutiennent le rôle bénéfique à long terme de la consommation de légumes, de fruits et de jus d’orange sur la FCS.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
D'après : Yuan C. et al. Long-term intake of vegetables and fruits and subjective cognitive function in US men. Neurology 2019; 92: e63-e75.
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