« Education alimentaire : agir de manière globale, dès le plus jeune âge pour faire évoluer les comportements »

4 mars 2022

Education alimentaire à l'école - enfant jouant avec une orange

A l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité, Aprifel rappelle l’importance de favoriser un mode de vie et une alimentation saine dès le plus jeune âge. Dans ce but, l’éducation alimentaire à l’école a un rôle important à jouer en soutient du rôle des familles. A l’occasion du Salon de l’agriculture, un petit déjeuner sur ce thème était organisé le jeudi 3 mars par Aprifel et Interfel. Cet évènement a réuni des scientifiques et des acteurs de terrain pour mettre en lumière les conditions et points clés de réussite.

En France, les études relatives aux habitudes alimentaires des enfants montrent des marges de progrès importantes. Selon l’Anses, les enfants français ont notamment « des apports journaliers très élevés en protéines, des apports excessifs en acides gras saturés et en sodium, et des apports insuffisants en acides gras omégas 3 et en vitamine D ». (Anses 2021). En ce qui concerne les consommations de fruits et légumes (voir chiffres clés), seuls 10 % des enfants consomment plus de 5 portions par jour (CREDOC, 2019).

Ainsi, faire augmenter la consommation de fruits et légumes et, plus largement, instaurer des comportements alimentaires sains chez les plus jeunes est un enjeu de santé majeur à court et long terme. En effet, les comportements alimentaires se forment dès le plus jeune âge. Par ailleurs, les connaissances scientifiques montrent que les actions de prévention relatives au surpoids et à l’obésité sont d’autant plus efficaces qu’elles interviennent tôt (Weihrauch-Blüher, 2018).

L’éducation à l’alimentation, levier important pour instaurer des comportements favorables à la santé

De nombreuses études montrent que l’accompagnement pédagogique autour de l’éducation à l’alimentation est un levier essentiel pour instaurer des pratiques favorables à la santé, et notamment une consommation plus importante de fruits et légumes.
Ainsi, c’est une thématique inscrite dans les programmes d’enseignement de l’école élémentaire. Mais les écoles sont également des lieux privilégiés où divers types d’actions sont mises en place pour encourager les habitudes alimentaires saines : pédagogiques, ludiques, éducatives, sensorielles, etc.
A l’occasion du salon de l’agriculture, Aprifel et Interfel ont organisé un petit déjeuner dédié à cette question. Ce rendez-vous a permis de partager les principaux déterminants de la réussite en s’appuyant à la fois sur l’intervention de scientifiques et d’acteurs de terrain.

Augmenter la familiarité des enfants avec les fruits et légumes pour favoriser leur acceptation

Damien Foinant, Docteur en psychologie du développement à l’Université de Bourgogne s’intéresse à l’approche cognitive des questions de rejet ou d’appétence pour les fruits et légumes. Il a ainsi expliqué que la méconnaissance des aliments est une raison centrale de leur rejet par les enfants, en particulier concernant les fruits et légumes. Ce mécanisme bien connu, est appelé néophobie alimentaire. C’est une période naturelle du développement de l’enfant apparaissant autour de 2 ans (Pliner & Hobden, 1992) qui peut avoir des conséquences sur la santé lorsqu’il entraine une consommation faible voire absente de fruits et légumes. (Dovey, 2008, Lafraire, 2015).
Pour y remédier, Damien Foinant souligne l’importance d’améliorer les connaissances des enfants concernant les fruits et légumes. L’objectif est d’en faire des éléments familiers quelle que soit leur forme (râpés, rondelles, crus, cuits, coupés, entiers…). L’implication des différents sens est également un facteur de succès pour améliorer l’acceptation : exposition gustative (Cooke, 2007), visuelle (Rioux, 2016), ou même la lecture d’histoires avec des fruits et légumes montrent des résultats positifs.

Miser sur un apport progressif des connaissances et une mise en pratique de la théorie

Suite à cette intervention, Delphine Cuny, Directrice Adjointe Pédagogie de Réseau Canopé a ensuite illustré les conditions clés d’apprentissage pour apporter de nouvelles notions aux enfants. Il faut veiller à ce que les apports de connaissances se fassent de façon graduelle en proposant des informations, à la fois suffisamment proches des connaissances existantes, tout en étant nouvelles. D’autre part, la motivation intrinsèque de l’enfant, ainsi que les motivations externes (famille, amis…) sont des contributeurs clés de réussite.

En complément, Delphine Cuny a souligné l’importance de la mise en pratique et de l’expérimentation par les élèves pour ancrer les apprentissages théoriques. Ce point a été illustré via le partage d’une intervention réalisée en classe de SVT. Le point de départ de ce travail a consisté à demander à des élèves de seconde d’imaginer un gouter idéal du point de vue du plaisir, de leurs parents et au plan nutritionnel. Ils ont ensuite analysé en sous-groupes les aspects nutritionnels, économiques (coût) et environnementaux (km parcourus) de chaque proposition de gouter. Par ce biais, il s’agissait de leur faire appréhender les différentes dimensions qui leur permettent de faire des choix en matière d’alimentation. 

Delphine Cuny - SIA petit-déjeuner Aprifel/Interfel

Valoriser la sensorialité, le partage et la répétition

Dans la continuité de cette intervention, Julie Vanhille, secrétaire générale ADEIC, présidente de l’ULCC et enseignante a témoigné d’une expérience réalisée en collège avec des classes de SEGPA.
Les élèves de 4e étaient chargés de préparer des petits déjeuners pour les élèves de 6e avec à la fois des proposition classiques (pain, beurre, confiture…), mais également des aliments parfois inconnus des enfants (fruits, options salées…). Le petit déjeuner était ensuite pris en commun entre les classes des deux niveaux, avec les enseignants, les infirmières scolaires et parfois les familles. Ces temps d’échange permettent une discussion sur le goût des aliments, les préférences et habitudes de chacun et les apports nutritionnels des différents aliments.
Au-delà de cette expérience réussie, Julie Vanhille souligne l’importance d’associer les familles et des intervenants extérieurs à l’éducation nationale (producteurs, cuisiniers, primeurs…), de miser sur la répétition tout au long de la scolarité et sur une amélioration progressive des habitudes en évitant les injonctions.

Des cours de cuisine pour permettre à chacun de s’approprier son alimentation

Suite à ces interventions, Guillaume Gomez, représentant personnel du Président de la République auprès des acteurs de la gastronomie et de l’alimentation a lui aussi insisté sur l’importance de l’éducation à l’alimentation et la mise en place de cours de cuisine à l’école. En tant que co-président d’Euro Toques France, c’est un combat qu’il porte au quotidien. Hier soir, le manifeste pour l’éducation à l’alimentation porté par EuroToques France, l’Acofal, Think Tank Agroalimentaire et Open Agrifood Orléans a été remis à Valérie Baduel Directrice générale de l’enseignement et de la recherche au ministère chargé de l’Agriculture.

Guillaume Gomez

Dans la lignée de ce document, Guillaume Gomez a plaidé pour aller plus loin que les actions existantes pour améliorer la connaissance des produits, de leur mise en œuvre, de leurs bénéfices santé… au bénéfice de citoyens mieux informés et actifs de leurs choix alimentaires et de leur santé.

Mobiliser tous les acteurs, pour permettre des choix alimentaires informés

En conclusion de ces échanges, Emmanuelle Perez, Déléguée interministérielle à la jeunesse, Directrice de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative au sein du ministère chargé de l’Education nationale s’est associée aux messages portés hier.

Améliorer et accentuer l’éducation à l’alimentation est un enjeu identifié par le ministère. Il s’agit à la fois de questions de santé, mais également de justice sociale et d’environnement. Pour relever ce défi, l’action et la mobilisation de toutes les parties prenantes est nécessaire.

Chiffres clés :

En France :

  • 34% des enfants de 2 à 7 ans sont en surpoids, dont 18% sont obèses
  • 21% des enfants de 8 à 17 ans sont en surpoids, dont 6% obèses (ObÉpi 2020).
  • 10% des enfants (3 à 17 ans) mangent les quantités recommandées de fruits et légumes (PNNS : 5 portions ou plus chaque jour).
  • Entre 2010 et 2016, la part de très petits consommateurs (moins de deux portions par jour) est passé de 32% à 45% (CREDOC, 2019) 

En savoir plus :

Retrouver le live-tweet du petit déjeuner

 

Retour