Cancer et alimentation, les dernières études...

Édito

Etant donné l’existence de preuves impressionnantes, le WCRF/AICR (Fonds International de Recherche contre le Cancer/Association Internationale de Recherche contre le Cancer) recommande de consommer plus de fruits et légumes (F&L) dans le cadre d’une alimentation saine, afi n de prévenir différents types de cancer.

Si les preuves du rôle de l’alimentation dans le pronostic du cancer sont plus limitées, trois études récentes (sur quatre) montrent que la durée de survie pourrait être améliorée par une plus grande consommation de F&L. Il est donc normal que l’on continue à oeuvrer pour améliorer la consommation de F&L non seulement dans la population générale, mais aussi chez les patients ayant survécu à un cancer.

Pollán et al. démontrent, dans une récente étude cas-contrôle, l’effet protecteur du régime Méditerranéen sur le cancer du sein en Espagne. Ce régime comprend une forte consommation de poisson, de légumineuses et d’olives ainsi que des F&L, de pommes de terre cuites à l’eau et peu de jus de fruits. Cet effet bénéfi que est particulièrement net contre les tumeurs du sein triples négatives mais ces résultats doivent être confi rmés par une étude prospective.

Freedman et al. décrivent une coopération multipartite visant à faciliter une approche par le système alimentaire pour augmenter la consommation de F&L. Les différentes parties prenantes incluaient les CES (Cooperative Extension Services – programmes d’aide communautaire des universités américaines), le système de santé publique et les centres de santé communautaire. Les producteurs et les marchands de F&L étaient également impliqués. Des améliorations structurelles – c’est-à-dire des marchés de producteurs locaux – ont été apportées pour augmenter aussi bien la connaissance que la disponibilité des F&L. Il n’est pas encore prouvé que cette approche aboutisse aux effets désirés… En revanche, ceci pourrait servir de modèle pour d’autres approches multipartites pour augmenter la consommation de F&L.

Coleman et al. examinent les relations entre les symptômes dépressifs, l’espoir, le soutien social, ainsi que la qualité de la vie et la consommation de F&L chez les survivants au cancer. Ils montrent une modeste association avec le soutien social. Il n’y a aucun modèle sociologique ou causal dans cet article, il est donc diffi cile de savoir exactement ce qu’ils voulaient rapporter, surtout avec un taux de réponse inférieur à 25%. Il se pourrait que le message le plus clair est qu’il existe un regroupement de circonstances bénéfi ques infl uençant la survie au cancer. Ces cancers pourraient, à leur tour, être liés à certains statuts socioéconomiques, niveaux d’éducation, etc.

Les bénéfi ces d’une forte consommation de F&L sont évidents. Nous devons continuer l’exploration des différentes manières d’accroître leur consommation. Ces publications récentes nous offrent quelques réponses et des orientations supplémentaires pour de futures recherches et actions sur le terrain. Cependant, vu les faibles marges de profi t des F&L et le peu de publicité qui leur est consacrée – comparé aux aliments à forte teneur en matières grasses et en sucres – il s’agit bel et bien de livrer une bataille constante pour changer les normes communautaires face au pouvoir des empires agro-alimentaires. Nous n’avons pas le choix. Il faut continuer à lutter.

Potter John D.
Centre de Recherche en Santé Publique, Université Massey, Wellington, Nouvelle Zélande
Ellen Kampman
Professeur de Nutrition et Cancer, Université de Wageningen, Pays-Bas
Voir l'article suivant