Information, éducation et disponibilité des f&l à la maison : une nécessité !

Édito

On peut débattre sur la question de savoir si la qualité et la quantité de l’apport alimentaire est une affaire d’ordre privé ou une question de santé publique. Chacun est libre de manger ce qu’il veut et quand il le souhaite… en théorie.

Cette affirmation a ses limites pour plusieurs raisons :

  • L’histoire naturelle de l’alimentation humaine nous enseigne que toutes les populations dans le monde réussissent à atteindre un équilibre nutritionnel en recourant aux ressources locales : féculents, sources de nutriments, protéines et graisses ainsi que F&L peuvent varier. À la fin de la journée, un équilibre offrant la meilleure chance de survie a été trouvé. Dans les situations extrêmes, comme chez les groupes d’Inuits, l’adaptation s’est faite au prix de modifications génétiques ou épigénétiques.
  • Les études de santé publique, comme celles rapportées par Ong dans ce numéro, montrent clairement que l’état de santé est amélioré grâce à une consommation ad hoc de F&L
  • Consommer moins de F&L que la quantité journalière souhaitable n’est pas un choix délibéré mais une contrainte économique subie par les plus pauvres dans les pays occidentaux. Chez les femmes enceintes, cela constitue un double, voire un triple fardeau : moins d’aliments appropriés disponibles pendant et après la grossesse, par exemple durant l’allaitement, et moins d’occasions offertes au bébé ou au jeune enfant d’intégrer ces goûts dans ses habitudes alimentaires. Ce dernier point est un ajout personnel, de nature pédiatrique, à l’excellent travail présenté par Nunnery.
  • Dans les pays où les enfants ont l’opportunité de choisir ce qu’ils veulent manger, l’éducation tient un rôle essentiel. Les enfants qui ne reçoivent pas une telle éducation préféreront les féculents et les aliments gras et vont se retrouver avec des choix alimentaires spontanés restreints, typiques des profils alimentaires associés au risque de cancer, d’obésité et d’évènement cardiovasculaire. L’article de Martine Padilla nous rappelle clairement ce fait avéré.

La consommation de F&L doit être encouragée : les adultes – en particulier les parents- doivent connaître les bienfaits de ces aliments et le rôle obligatoire de l’éducation dans les habitudes alimentaires des jeunes enfants. Pour les populations à faible revenu, les mesures de santé publique doivent favoriser une disponibilité permanente de F&L, particulièrement au cours de la grossesse et de l’enfance.

Ainsi, la décision de manger ou non des F&L ne peut pas être considérée comme une question de choix délibéré, en l’absence d’information, d’éducation et de disponibilité.

Marie-Laure Frelut
Pédiatre, nutritionniste, ECOG (Groupe Européen de l’Obésité Infantile) - Service d’endocrinologie pédiatrique, Hôpital Bicêtre-Université Paris Sud - FRANCE
Adair da Silva Lopes
Département d’Education Physique, Université Fédérale de Santa Catarina, Florianopolis, Brésil
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