Consommations alimentaires : quelles tendances dans le monde ?

Édito

Depuis les années 80, la disponibilité d’aliments à faible coût, à haute palatabilité s’est accrue de manière considérable, entrainant un changement de l’équilibre des régimes alimentaires au niveau mondial.

Malgré plusieurs décennies d’efforts au niveau international pour faire évoluer les habitudes alimentaires vers les recommandations de santé publique, la mauvaise qualité nutritionnelle de l’alimentation reste l’un des premiers facteurs de risque de maladies  parmi lesquelles dyslipidémies, maladies cardiovasculaires, plusieurs cancers et maladies psychologiques.

Les efforts de recherche se sont concentrés sur la caractérisation des évolutions de consommation alimentaire tout au long de la vie et dans le monde, ainsi que sur l’étude des associations entre comportements alimentaires et risque de maladie.

Trois articles récents apportent un éclairage de ces questions :

Dans le travail de Riccardi et al., les auteurs ont examiné les évolutions de consommations alimentaires des Européens sous le prisme de la santé cardiovasculaire. Ce travail montre des évolutions défavorables des comportements alimentaires, accroissant les risques de maladies cardiovasculaires, interrompant ainsi les tendances favorables observées jusqu’aux années 2000.

L’étude de Bu et al. montre une modification notable des habitudes alimentaires et comportements dans la population chinoise entre 1997 et 2011. Ce travail montre notamment une préférence accrue pour la consommation d’aliments riches en glucides, tels que les fruits et légumes, et d’aliments à densité énergétique élevée tels que la viande, les collations et les boissons.

Les études de Liu et al. (2021) and Yu et al. (2021) se sont quant à elles toutes les deux penchées sur les sources alimentaires et la qualité de l’alimentation dans la population américaine (adultes et enfants) et leur évolution entre 1999 et 2018. L’utilisation de deux indices de qualité nutritionnelle de l’alimentation – le score de l’American Heart Association et l’Healthy Eating Index 2015 – montre que la qualité de l’alimentation consommée dans les écoles (repas, collations et boissons) s’est considérablement améliorée, sans différences selon les types de populations. Au contraire, pour les aliments provenant des magasins d’alimentation, la mauvaise qualité de l’alimentation n’a diminué que pour les ménages à revenu élevé (par rapport aux ménages à faible revenu).

Ces dernières décennies, un mouvement global des régimes alimentaires vers une occidentalisation (alimentation riche en graisses et en aliments d’origine animale) a été observé. De manière générale, ces observations soulignent la nécessité d’agir au niveau du système alimentaire en lui-même pour aider la population à se rapprocher des recommandations alimentaires de santé publique et réduire les disparités en matière de santé, et ainsi espérer augmenter l’espérance de vie en bonne santé.

Note de l’équipe Aprifel – Également à découvrir dans ce numéro :

Notre infographie examine les tendances récentes observées de par le monde en matière de marketing alimentaire :

  • Dans l’avis d’expert, Ghislain Grodard-Humbert – président de l’AFDN revient sur le jeûne alimentaire et ses bénéfices supposés en termes de santé pour démêler le vrai du faux.
  • Nos conseils pratiques abordent deux tendances récentes – la végétalisation de l’alimentation et la consommation rapide et nomade – pour vous aider à les mettre en œuvre sans déséquilibrer votre alimentation.
  • Enfin, notre rubrique en bref, vous donne un aperçu des dernières publications qui ont retenu notre attention sur l’alimentation saine & durable.
Maryam Kebbe PhD – CIHR Postdoctoral Research Fellow, Pennington Biomedical Research Center, Baton Rouge, Louisiana, United States
A propos de l’auteur

Le Dr. Maryam Kebbe a obtenu son doctorat en sciences médicales au département de pédiatrie de l’Université d’Alberta (Canada) en 2019. Elle a suivi une formation postdoctorale à la division des sciences médicales de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) et bénéficie actuellement d’une bourse de recherche post-doctorale du Canadian Institute of Health Research au laboratoire d’endocrinologie de la reproduction et de la santé des femmes du Pennington Biomedical Research Center (Baton Rouge, Louisiane). Spécialiste de la nutrition et du comportement, le Dr. Kebbe recherche des solutions cliniques innovantes pour la prise en charge de l’obésité, du plus jeune âge à l’âge adulte. S’inspirant de sa formation en nutrition, le Dr Kebbe s’intéresse aux origines développementales de l’obésité en étudiant les microbiotes du lait maternel et du nourrisson, avec un accent particulier sur les mécanismes nutritionnels, immunomodulateurs, inflammatoires, métaboliques et endocriniens. Le Dr. Kebbe espère développer et mettre en œuvre des interventions innovantes, efficaces et durables basées sur la nutrition et le microbiote pour prévenir l’obésité chez les nourrissons et les enfants.

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