Bénéfices de la consommation de fruits et légumes sur la santé mentale

Quand la consommation de fruits et légumes améliore la santé globale de sujets âgés en Europe

La santé n’est pas que l’absence de maladies : c’est un état de bien être global, physique, mental, social ainsi que l’a défini l’OMS en 1948 ! La nutrition joue un rôle majeur dans l’état de santé. Et au sein de la nutrition une consommation régulière de fruits et légumes (F&L) est un élément majeur d’équilibre.

En effet, ces derniers contribuent à l’apport optimal de nombreux micronutriments, de micro-constituants, de fibres… tous impliqués dans de multiples fonctions métaboliques, favorables à la santé cardiovasculaire, pulmonaire, osseuse, musculaire, cérébrale et à l’activité physique et à l’état cognitif. Il est probable que les F&L participent ainsi, non seulement à l’espérance de vie et à la longévité, mais aussi à la qualité et à la durée de vie en bonne santé, sans handicap ou pathologie.

La plupart des études sont transversales et prennent peu en compte les facteurs de confusion liés au « mode de vie ». Les études d’intervention sont extrêmement difficiles à mener. C’est pourquoi, les études longitudinales sont précieuses et bienvenues. Or, peu d’études prospectives se sont penchées sur la santé globale de populations européennes.

Près de 23 000 sujets étudiés provenant de 11 pays européens

L’étude SHARE (Survey of Health Ageing and Retirement in Europe) est une étude pan-européenne ayant inclus 22 635 sujets de plus de 50 ans dans 11 pays européens[1]. Deux vagues de relevés ont été réalisées en 2011 et en 2013. Les paramètres mesurés ont été :

  • des échelles d’auto évaluation de la santé physique grâce à une échelle visuelle analogique de 1 à 5,
  • la mesure de la force musculaire avec un dynamomètre (hand grip test),
  • le score d’autonomie (ADL – activities of daily living), d’activité (IADL – instrumental activities of daily living), de mobilité, et de dépression EURO-D
  • l’échelle de qualité de vie (CASP-12),
  • la performance cognitive évaluée avec un test de mémoire simplifié à court terme et à plus long terme.

Le mode de vie a été également pris en compte (tabac, alcool, activité physique, éducation). La consommation de F&L ainsi que les autres apports alimentaires ont été auto-estimés sur une échelle de 1 (moins d’une fois par semaine) à 5 (tous les jours).

Consommation de F&L associée à une meilleure santé globale, physique et mentale

Une consommation fréquente de F&L est associée à une meilleure santé estimée, une meilleure qualité de vie, une meilleure mémoire à court et plus long terme, de meilleurs scores d’autonomie, de mobilité et de moindres scores de dépression, après ajustement sur le sexe, l’âge, l’éducation, les conditions de vie, le tabac, l’alcool, l’activité physique modérée, la consommation de viande et de produits laitiers.

Les auteurs émettent des hypothèses sur les mécanismes supposés de ces résultats. Il peut s’agir d’un effet direct sur diverses fonctions via les apports nutritionnels spécifiques en F&L : vitamines B9, C, antioxydants divers (caroténoïdes, polyphénols…), minéraux (magnésium, potassium…), fibres. Il peut s’agir également d’une contribution à un meilleur équilibre alimentaire, par réduction des excès en sucres, graisses, mais aussi d’un meilleur mode de vie associé à un comportement alimentaire positif. Cependant, on ne peut exclure une causalité inverse : c’est parce qu’ils sont en bonne santé physique et mentale et en bonnes conditions socio- économiques, que les sujets se nourrissent mieux !

Limites de l’étude

A côté des forces de l’étude (taille de l’échantillon, étude longitudinale), les auteurs analysent les faiblesses : auto-mesure et auto-estimation des apports alimentaires, diversité culturelle de l’échantillon – réduisant la puissance de l’analyse, non reproductibilité des résultats à des pays non-européens. Il manque enfin une analyse dose-réponse et une analyse par type de F&L ainsi qu’une analyse plus fine, pays par pays.

Il apparaît clairement, dans cette population de sujets européens de plus de 50 ans, qu’une consommation élevée de F&L est associée à une meilleure santé globale, non seulement physique mais aussi mentale et cognitive. Les causes précises restent encore à déterminer.

[1] Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Slovénie, Suède, Suisse

Jean-Michel Lecerf
Service de Nutrition, Institut Pasteur de Lille, FRANCE
D’après Kerstin H. Gehlich, Johannes Beller, Bernhard Lange-Asschenfeldt, Wolfgang Köcher, Martina C. Meinke & Jürgen Lademann (2019) Consumption of fruits and vegetables: improved physical health, mental health, physical functioning and cognitive health in older adults from 11 European countries, Aging & Mental Health, DOI: 10.1080/13607863.2019.1571011
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