Fruit & légumes et prévention des maladies cardiovasculaires

Une alimentation riche en aliments végétaux pour prévenir les maladies chroniques

Depuis de nombreuses années, des études épidémiologiques ont prouvé qu’une alimentation saine riche en fruits et légumes (F&L), légumineuses, céréales complètes et fruits à coque est recommandée pour prévenir les maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires (MCV), le diabète de type 2 et plusieurs cancers1-3.

Cet article rapporte les études récentes concernant la consommation d’aliments végétaux et le risque de MCV, de cancer et de mortalité spécifique  et globale.

Consommation de F&L et fruits à coque et risque de maladie coronarienne, d’accident vasculaire cérébral (AVC), de MCV en général, de cancer et de mortalité toutes causes confondues

  • Fruits et légumes (F&L) 

En 2013, à l’échelle mondiale, 5,6 millions de décès prématurés pourraient être attribuables à une consommation de F&L inférieure à 500 g/jour, et 7,8 millions à une consommation inférieure à 800 g/jour4.

Dans notre précédente méta-analyse sur 95 études4, nous avons observé une relation inverse entre un apport en F&L de 200 g/jour (soit 2,5 portions*) et le risque d’AVC, de mortalité toutes causes confondues, de maladie coronarienne et MCV et de cancer (Tableau 1). Dans les analyses de la relation dose-réponse non linéaires, les relations entre l’apport total de F&L, les MCV ou la mortalité par AVC étaient linéaires jusqu’à 800 g/jour (pour les autres résultats, les relations étaient non linéaires).

Pour l’incidence des AVC et la mortalité combinée, les MCV et la mortalité toutes causes confondues, les réductions les plus importantes ont été observées lorsque la consommation de F&V est passée de 0 à 400 g/jour. Des réductions supplémentaires ont été notées jusqu’à 800 g/jour, alors que pour le cancer, il y avait peu de bénéfice supplémentaire au-delà d’un apport de 600 g/jour4.

À l’époque, seule l’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) avait analysé d’autres causes de décès5, telles que :

– Les relations inverses entre la consommation de fruits et la mortalité due à des maladies digestives ou à des causes de décès inconnues ;

– Les relations inverses entre la consommation de légumes et la mortalité due aux maladies de l’appareil circulatoire, aux maladies respiratoires, aux maladies digestives et à d’autres causes de décès.

Les études montrent principalement une association inverse entre consommation de F&L et MCV.

Concernant les cancers spécifiques, le troisième rapport d’experts du WCRF** (2018) considère qu’il est probable que la consommation de F&L réduise le risque de cancers des voies aérodigestives. Toutefois, aucune relation avec les différents types de cancers évalués n’a été jugée « probable » ou « convaincante » depuis5. Pour différents cancers, les données sont considérées « limitées suggérant une relation » ou « limitées sans conclusion possible ».

Certaines études montrent qu’une relation inverse entre la consommation de F&L et le risque de cancer du sein a été constatée avec un suivi plus long 6, 7.

  •  Fruits à coque

Environ 4,4 millions de décès prématurés auraient pu être attribués à une consommation de fruits à coque inférieure à 20 g/jour à l’échelle mondiale (aucune donnée disponible pour l’Afrique et le Moyen-Orient) en 20138.

Le tableau 1 montre les risques relatifs (RR) par augmentation de 28 g/jour de la consommation de fruits à coque pour les maladies coronariennes, AVC, MCV, cancer et la mortalité toutes causes confondues.

Tableau 1 : Réduction du risque global (IC à 95 %) calculée à partir de méta-analyses des apports en F&L et en fruits à coque et des maladies coronariennes, des AVC, des MCV, du cancer et de la mortalité toutes causes confondues
Réduction du risque (RR) globale
 Consommation de F&L (pour 200 g/jour) 4 Consommation de fruits à coque (pour 28 g/j)8
Maladie coronarienne 0,92 0,71
AVC 0,84 0,93
MCV 0,92 0,79
Cancer 0,97 0,85
Mortalité toutes causes confondues 0,90 0,78

 

Les nutriments des  végétaux contribuent à réduire le risque de maladie chronique

Les nutriments des végétaux comme les fibres, la vitamine C, les caroténoïdes, les antioxydants, le potassium, le magnésium, les flavonoïdes, les acides gras insaturés et les protéines végétales peuvent agir en synergie par différents mécanismes pour réduire le risque de maladie chronique et de mortalité.

Une consommation élevée de fibres alimentaires, F&L, fruits à coque, légumineuses et céréales complètes réduit les taux de cholestérol, la pression artérielle et l’inflammation, améliore la fonction vasculaire et régule le système immunitaire. Nous avons également confirmé les conclusions sur les F&L et les MCV, le cancer et la mortalité en analysant les données sur les biomarqueurs sanguins de la consommation de F&L (vitamine C et caroténoïdes) et sur le risque de survenue de ces événements. Nous avons constaté des réductions plus linéaires du risque avec ces biomarqueurs9.

Les plus fortes réductions du risque ont été observées pour un apport de 800 g/jour de F&L

Ces études récentes montrent des relations inverses entre la consommation de F&L, de céréales complètes et de fruits à coque et le risque de maladie coronarienne, d’AVC, de MCV, de cancer et de mortalité toutes causes confondues. Les plus fortes réductions du risque ont été observées pour un apport de 800 g/jour pour les  F&L et de 15 à 20 g/jour pour les fruits à coque. Une alimentation saine riche en aliments d’origine végétale pourrait potentiellement prévenir plusieurs millions de décès prématurés chaque année si elle était adoptée à l’échelle mondiale.

*Une portion = 80 g

**World Cancer Research Fund

Dagfinn Aune
Département de santé publique et de médecine générale, Université norvégienne de sciences et technologie, Trondheim, NORVÈGE Département d’épidémiologie et de biostatistiques, Imperial College London, Londres, ROYAUME-UNI Université Bjørknes, Oslo, NORVÈGE
Basé sur : Aune D. Plant Foods, Antioxidant Biomarkers, and the Risk of Cardiovascular Disease, Cancer, and Mortality: A Review of the Evidence. Adv Nutr. 2019;10(4):404-421.
  1. World Cancer Research Fund / American Institute of Cancer Research. Washington (DC):WCRF/AICR; 1997.
  2. He FJ, et al. J Hum Hypertens 2007;21(9):717–28.
  3. He FJ, Nowson CA, MacGregor GA. Lancet 2006;367(9507):320–6.
  4. Aune D, et al. Int J Epidemiol 2017;46(3):1029–56.
  5. World Cancer Research Fund and American Institute for Cancer Research.. London: World Cancer Research Fund International; 2018.
  6. Emaus MJ, et al. Am J Clin Nutr 2016;103(1):168–77.
  7. Farvid MS, et al. Int J Cancer 2019;144(7):1496–510.
  8. Aune D, et al. BMC Med 2016;14(1):207.
  9. Aune D, et al. Am J Clin Nutr. 2018 Nov 1;108(5):1069-1091.
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