Comportement alimentaire et consommation de fruits et légumes chez l’adulte

Grignoter sain pour manger sain

L’augmentation de la consommation quotidienne de fruits et légumes est corrélée à un moindre risque d’obésité, de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux, de diabète de type 2 et de certains cancers. Fort de ces observations, des programmes nationaux et locaux encouragent la consommation de fruits et légumes. Cependant, et encore en grande majorité, les Américains ne respectent pas les quantités recommandées de fruits et légumes.

Pour comprendre les facteurs favorisant la consommation de fruits et légumes, différentes études ont examiné son association aux variables démographiques et comportementales. La meilleure perception de ces facteurs permettrait d’étoffer sur des bases scientifiques, les campagnes marketing et les politiques de santé utilisées dans divers programmes comme le programme “5 par jour” du CDC (Centers for Disease Control and Prevention – Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies) et le programme SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) d’Assistance Nutritionnelle de l’USDA (United States Department of Agriculture – Ministère de l’Agriculture des Etats Unis).

Etudier les comportements associés à une consommation adéquate de fruits et légumes

De grandes études ont évalué l’association entre la consommation de fruits et légumes et des variables démographiques comme l’âge, le sexe, la race et le tabagisme. D’autres, à plus petite échelle, ont examiné la relation entre la consommation de fruits et légumes et certains comportements alimentaires spécifiques comme la restauration rapide ou l’alimentation devant la télé. En nous basant sur les résultats de ces études, nous avions comme objectif d’évaluer globalement les multiples comportements associés à une consommation adéquate de fruits et légumes, en ajustant les résultats statistiques pour des variables démographiques comme l’âge, le sexe, la race, l’origine ethnique, le niveau d’éducation, le tabagisme et l’IMC (Indice de Masse Corporelle). Nous avons utilisé une base de données longitudinales, obtenues par enquête téléphonique auprès de 4784 habitants d’Indianapolis (Indiana).

Attribuer un score à la qualité de l’alimentation en fonction des calories consommées

Nous nous intéressions plus particulièrement à l’élaboration d’une définition plus spécifique de la « consommation adéquate de fruits et légumes ». Face à la forte prévalence d’obésité, nous voulions éviter des approches simplistes. Une alimentation riche en sodas et en cheeseburgers ne devrait pas être étiquetée « adéquate » simplement parce que la même personne boit également 5 verres de jus d’orange.

Dans cette optique, nous avons utilisé un Indice d’Alimentation Saine ou IAS 2005 (HEI = Healthy Eating Index) conçu pour le suivi et la recherche sur les compositions nutritionnelles. L’IAS attribue un score à la qualité de l’alimentation en fonction de la quantité de calories consommées. Par exemple, quelqu’un doit manger au moins 0,8 tasses de légumes pour 1000 calories ingérées pour se voir attribuer un score maximal dans la catégorie « légumes ». Pour une alimentation apportant 2500 calories par jour, une personne doit consommer au moins deux tasses de légumes pour obtenir le score maximal.

Nous avons analysé les besoins énergétiques de chaque participant, en utilisant l’équation de Harrison-Benedict multipliée par l’activité physique. A partir de ces données, des quantités des fruits et légumes consommées selon les auto-évaluations et des recommandations IAS-2005, nous avons constitué quatre groupes indépendants :

  • un premier groupe pour le score maximal pour les fruits et les légumes (« adéquats »),
  • un pour le score maximal des fruits sans les légumes (« adéquats seulement pour les fruits »),
  • un pour le score maximal pour les légumes sans les fruits (« adéquats seulement pour les légumes »)
  • un dernier pour aucun des deux (« insatisfaisants »).

Les effets positifs du grignotage d’aliments sains

Plus de la moitié des participants se sont retrouvés dans la catégorie « insatisfaisants ». Seulement 10% ont remplis tous les critères de la première catégorie « adéquats ».

Après ajustement pour les variables démographiques, nous avons évalué les comportements prédictifs du placement d’un participant dans la catégorie « adéquats » plutôt qu’une autre. Le grignotage régulier d’aliments sains, comme des fruits, des légumes frais ou des noix, se révèle être le meilleur facteur prédictif du placement dans la catégorie « adéquats ».

D’autres facteurs prédictifs positifs étaient :

  • une alimentation fréquente « fait maison » consommée à la maison,
  • la lecture des étiquettes pour guider les achats alimentaires et
  • le choix fréquent de plats étiquetés « bons pour le cœur » dans les restaurants.

En revanche, la consommation fréquente de viande rouge montrait une corrélation négative avec le placement dans la catégorie « adéquats ».

Ces résultats viennent conforter les efforts de promotion d’un « grignotage sain » comme l’initiative « le grignotage intelligent » de la Fondation Nemours. Ils indiquent également qu’une forte « conscience alimentaire » – c’est à dire l’usage des étiquettes et des symboles – est bien corrélée à une qualité alimentaire accrue. Enfin, cette étude montre un nouvel usage de l’indice IAS-2005 lorsqu’on l’associe aux données anthropomorphiques, les chercheurs pouvant alors évaluer plus précisément la qualité de l’alimentation dans des études à grande échelle.

(Cependant, cette méthode a aussi des limites, décrites en détail dans l’article original complet disponible à l’URL suivant : http://www.cdc.gov/pcd/issues/2011/may/10_0091.htm)

Staser KW et al. Dietary behaviors associated with fruit and vegetable consumption, Marion County, Indiana, 2005. Prev Chronic Dis. 2011 May;8(3):A66.
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