Politique nutritionnelle : le HCSP met l’accent sur l’importance de l’amélioration de l’offre alimentaire et la mise en place d’actions dédiées aux enfants

23 novembre 2017

 

Suite à une saisine du ministère chargé de la Santé, le Haut Conseil de Santé Publique (HSCP)  a publié début novembre un rapport proposant des recommandations pour une Politique Nutritionnelle de Santé Publique en France (PNNS 2017-2021). Ce travail se base sur l’analyse des politiques nutritionnelles dans le monde et des trois PNNS qui se sont succédés depuis seize ans en France. Aux côtés des actions de communication et d’éducation nutritionnelle des populations, le HCSP pointe l’importance de mesures visant à  agir sur l’environnement afin que le choix « santé » des individus puisse devenir plus aisé pour tous.

Deux priorités sont ainsi identifiées pour le futur PNNS 2017-2021 :

  • prendre des mesures réglementaires pour améliorer l’offre alimentaire afin de permettre à l’ensemble de la population l’accès à des aliments de meilleure qualité nutritionnelle
  • développer des interventions et politiques publiques pour les enfants

Ces recommandations convergent avec le consensus de la conférence EGEA, organisée par Aprifel en 2015, à savoir :

  • accélérer l’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire,
  • favoriser l’accessibilité physique et économique à des aliments de meilleure qualité nutritionnelle et
  • réduire la pression marketing incitant à consommer des aliments de moins bonne qualité nutritionnelle, notamment pour les populations les plus fragiles (enfants, jeunes prioritairement).

Parmi les mesures concrètes citées dans le rapport, le HCSP recommande notamment :

Mesures réglementaires et fiscales visant à modifier l’environnement nutritionnel

  • mettre en place, à l’échelle nationale, une allocation sous forme de coupons spécifiques pour l’achat de fruits et légumes destinés aux populations défavorisées et disposant de peu de ressources;
  • que soit mise en place une taxe d’accise dépendant du profil nutritionnel des produits pour les produits préemballés relevant du champ d’application du règlement européen INCO, et inclus dans la catégorie NutriScore D et E;
  • mettre en place des mesures réglementaires et fiscales pour améliorer l’accessibilité physique à une offre de bonne qualité nutritionnelle en restauration collective, pour l’ensemble des établissements publics ou privés recevant du public et la grande distribution;
    augmenter les moyens dédiés à l’amélioration de l’offre alimentaire dans les structures de l’aide alimentaire

Communication et  marketing:

  • réglementer le marketing et d’interdire les communications commerciales, Interdire les ventes promotionnelles (vente avec prime, vente par lots, jeux promotionnels) et la promotion des marques agro-alimentaires associées pour les aliments de pauvre qualité nutritionnelle (classés D et E selon le NutriScore) ;
  • interdire l’utilisation de tous supports publicitaires à destination des moins de 16 ans pour des aliments classés D ou E selon le NutriScore ;
  • concevoir des interventions utilisant les outils digitaux

Interventions et programmes de prévention:

  • développer de nouvelles actions d’éducation nutritionnelle en interministériel, avec l’ensemble des structures concernées (Education Nationale, collectivités locales et territoriales, ministère des sports, monde associatif, Agriculture etc.) permettant d’avoir un accès à la population des enfants (temps périscolaire, centres de loisirs, etc.);
  • (ré)éditer une information massive auprès des femmes en âge de procréer et des professionnels de santé quant à l’importance cruciale de la supplémentation en acide folique

Système de soins

  • mise en place d’un forfait nutrition dans le cadre d’un parcours de soins coordonné pour les maladies de la nutrition et les maladies chroniques à fort retentissement nutritionnel, impliquant l’ensemble des acteurs ;
  • développement de centres spécialisés de la nutrition chargés d’assurer la coordination des parcours, le maillage du territoire et d’organiser des réunions de concertation pluridisciplinaires.

Suivi de la politique nutritionnelle

  • disposer d’une seule étude de surveillance épidémiologique régulière pour la France métropolitaine, résultant de la fusion des enquêtes INCA et ENNS/ESTEBAN;
  • mettre en place, pour l’évaluation des actions d’intervention, une base de données centralisée recueillant les informations relatives aux actions prometteuses, à leur évaluation, et les informations sur sa transférabilité.

Cette politique, qui doit tenir compte des préoccupations environnementales et de développement durable, nécessite une réorganisation de sa gouvernance. Le HCSP recommande de mettre en place un pilotage interministériel avec une finalité claire de santé publique et d’assurer une cohérence entre les mesures nationales et régionales.

 

Source : http://www.hcsp.fr

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