Comment faire aimer les légumes aux enfants ? Deux recherches récentes apportent des pistes.

5 mai 2022
Diversification alimentaire - mère donnant à manger son enfant

La faible consommation de fruits et légumes chez les enfants est notamment expliquée par le phénomène de néophobie alimentaire, le refus de consommer des aliments nouveaux. D’après deux études récentes, amener les enfants à mieux connaître les légumes grâce à une exposition via les 5 sens et leur montrer des modèles adultes appréciant ces aliments seraient des leviers permettant d’augmenter leur envie de goûter les légumes et leur consommation. Ces travaux doivent être confirmés avec d’autres études scientifiques complémentaires, mais fournissent des pistes pragmatiques, faciles à mettre en œuvre, notamment au sein de la famille.

Apparaissant autour de 2 ans, la néophobie alimentaire est une période du développement bien connue et documentée (Pliner, 1992). Ce phénomène naturel de refus des aliments inconnus est en partie responsable de la faible consommation de fruits et légumes chez les enfants, ce qui peut avoir des conséquences préoccupantes sur la santé (Dovey, 2008 ; Lafraire, 2015).
De nombreux travaux soulignent l’efficacité de l’exposition gustative vis à vis de la néophobie (Cooke, 2007). Ainsi, l’exposition alimentaire répétée à un nouvel aliment (initialement rejeté) permettrait d’augmenter l’envie de consommer cet aliment. Plusieurs études ont révélé que 10 à 15 expositions gustatives pouvaient être nécessaires pour faire accepter un nouvel aliment chez les enfants d’âge préscolaire.

Mettre à profit les 5 sens améliore la connaissance et l’acceptation des légumes

En 2016, une équipe de recherche s’est focalisée uniquement sur les bénéfices de l’exposition visuelle vis-à-vis de la néophobie (Rioux, 2016). Les résultats ont montré un effet bénéfique de l’exposition visuelle aux légumes sur l’envie de goûter ces aliments. Après avoir vu des photos de fruits et légumes, les enfants ont mangé plus de nouveaux légumes. Par ailleurs, les performances de catégorisation des enfants, c’est-à-dire leur capacité à reconnaitre les fruits et légumes, les nommer etc., influencent également positivement cette envie de goûter.

Une récente étude britannique (Parry Roberts, 2022) confirme et complète ces travaux. Réalisée dans une crèche au Royaume-Uni, cette intervention s’est intéressée à l’impact de stimulations sensorielles (hors dégustation) sur l’envie de gouter et de consommer des légumes. 110 enfants âgés de 3 à 4 ans ont été répartis dans 4 groupes. Trois groupes d’intervention ont été exposés à six légumes crus et cuits en mobilisant un ou plusieurs sens : (a) la vue, (b) l’odorat et la vue, ou (c) l’odorat, le toucher et la vue. Le groupe témoin a, quant à lui, pris part à une activité impliquant une exposition visuelle à des produits non alimentaires. Chez les enfants ayant participé aux activités d’exposition sensorielle la volonté de goûter les légumes et leur acceptation était plus forte. Par ailleurs, plus le nombre de sens impliqués est important, plus les niveaux d’acceptation sont élevés.

L’attitude positive des adultes vis-à-vis des légumes encourage les enfants à gouter

Une autre recherche (Edwards, 2022) a étudié l’effet des expressions faciales d’adultes sur l’envie de gouter et la consommation de légumes chez les enfants.
111 enfants de 4 à 6 ans ont été répartis en 3 groupes exposés respectivement à une vidéo montrant des adultes non familiers mangeant du brocoli cru avec une expression faciale 1/ positive ou 2/ neutre, ou 3/ une vidéo de contrôle non alimentaire.
Les enfants exposés à des modèles dont le visage montrait des expressions positives ont davantage goûté et consommé des brocolis crus. Ces résultats suggèrent que le fait d’observer d’autres personnes apprécier un légume, souvent détesté, peut encourager les enfants à goûter et à consommer ce légume. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour déterminer si une seule exposition est suffisante et si ces effets se maintiennent dans le temps.

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