Dimension essentielle de la santé, la santé mentale reste encore insuffisamment prise en compte dans nos sociétés et dans les systèmes de santé. A quelques jours du Blue monday – journée supposée être la plus déprimante de l’année – Aprifel revient sur une étude récente ayant examiné les données disponibles concernant l’influence de la consommation de fruits et légumes sur la santé mentale chez l’adulte. Cette revue systématique de la littérature confirme les données existantes et montre une association positive entre la consommation de fruits et légumes et bonne santé mentale.
Composante essentielle de la santé, la santé mentale et ses troubles (voir encadré) ont une incidence considérable dans tous les aspects de la vie. Dans le monde entier, les troubles de santé mentale augmentent et ont particulièrement été exacerbés du fait de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique (OMS, 2022). Comprendre les déterminants de la santé mentale, en particulier l’identification de leviers permettant sa préservation est ainsi un enjeu important.
Alors que le rôle protecteur d’une alimentation saine, variée et riche en fruits et légumes vis-à-vis des maladies chroniques est aujourd’hui bien établi, le monde scientifique s’intéresse également à son impact sur la santé mentale. Diverses études ont ainsi conclu que des habitudes alimentaires saines permettent de maintenir un meilleur bien-être et de réduire le risque de troubles mentaux chez les adolescents et les étudiants (Fujii, 2016; Tanaka, 2019). Une revue systématique de la littérature (Głąbska et al, 2020) réalisée en 2020 vient compléter ces connaissances chez l’adulte.
Une association positive entre consommation de fruits et légumes et santé mentale
Cette étude a examiné l’influence de la consommation de fruits et légumes sur 3 types de paramètres caractérisant la santé mentale (voir tableau 1) :
- Des aspects généraux
- Des variables témoignant d’une bonne santé mentale
- Des indicateurs montrant sa dégradation
| Paramètres globaux | Paramètres positifs | Paramètres négatifs |
| Bien-être général | Epanouissement | Stress |
| Qualité de vie | Auto-efficacité | Nervosité |
| Qualité du sommeil | Curiosité | Anxiété |
| Satisfaction de vie | Créativité | Troubles psychiatriques mineurs |
| Humeur | Optimisme | Symptômes dépressifs |
| Estime de soi | Dépression | |
| Bonheur | Tentative de suicide |
Globalement, la majorité des études démontre que la consommation de fruits et légumes est statistiquement associée à la santé mentale.
De nombreuses études observent également que toute augmentation de la consommation de fruits et légumes entraîne une amélioration du bien-être, accroît le bonheur et diminue les symptômes dépressifs, l’effet le plus fort étant observé pour 6 à 8 portions par jour selon les études. Ainsi, ce travail suggère que la recommandation générale de consommer au moins 5 portions de fruits et légumes par jour serait également bénéfique en termes de santé mentale.
Des effets plus spécifiques pour certaines catégories de fruits et légumes
Quelques des études examinées dans ce travail montrent non seulement l’influence positive globale des fruits et légumes sur la santé mentale, mais pointent également l’effet plus spécifique de certaines catégories. Ainsi, les fruits et légumes crus suivants ont notamment été associés à une meilleure santé mentale : bananes, pommes, agrumes, baies, pamplemousse, kiwi, carottes, laitue, concombre et légumes à feuilles vertes, en particulier les épinards.
La littérature montre également qu’une consommation totale élevée de fruits et légumes – y compris de baies, d’agrumes et de légumes à feuilles vertes – est associée à des niveaux plus élevés d’optimisme et d’estime de soi ainsi qu’à une réduction des niveaux de détresse psychologique et du risque de dépression.
Un mécanisme d’action encore inconnu
Malgré ce faisceau convergent d’études, il n’existe pas encore d’explication précise de l’influence positive de la consommation de fruits et légumes pour la santé mentale. De même, le mécanisme sous-tendant l’effet particulier observé pour certaines catégories reste encore inconnu.
Trois hypothèses sont actuellement privilégiées :
- L’effet positif de la consommation de fruits et légumes serait lié à leurs fortes teneurs en certains nutriments jouant un rôle positif sur la santé mentale : glucides complexes, fibres, vitamines C et du groupe B, caroténoïdes, potassium et polyphénols -.
- Un meilleur niveau de santé mentale pourrait favoriser des habitudes alimentaires plus saines, et notamment une plus grande consommation de fruits et légumes.
- Enfin, une des hypothèses repose sur une explication psychologique : une meilleure alimentation, et notamment une consommation plus élevée de fruits et légumes, pourrait favoriser des émotions positives et donc une meilleure santé mentale.
Des études complémentaires nécessaires pour confirmer et étendre ces conclusions
Cette revue confirme, ainsi, la littérature existante sur le potentiel bénéfique d’une consommation élevée de fruits et légumes sur la santé mentale. Cependant, les auteurs invitent à poursuivre les efforts de recherche. En effet, seules des études expérimentales permettront d’affirmer sans ambiguïté que la consommation de fruits et légumes influence la santé mentale, car la causalité inverse est également possible. Enfin, les auteurs pointent également d’autres limites dans les connaissances actuelles :
- Aucune définition uniforme des fruits et légumes n’a été établie dans les études analysées, ce qui restreint la portée des conclusions.
- Certains aspects de la santé mentale et certaines populations n’ont pu être inclus dans ce travail – notamment déficience intellectuelle, démence ou personnes souffrant de troubles de l’alimentation.
Ainsi, de futurs travaux sont nécessaires pour apporter un éclairage global de la santé mentale dans diverses populations au moyen d’une méthode standardisée.
La santé mentale est « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. » (OMS, 2022). Ce n’est donc pas uniquement l’absence de trouble mental, mais une réalité complexe qui varie d’une personne à une autre. De multiples déterminants individuels, sociaux et structurels (culturels, économiques, politiques et environnementaux) peuvent se combiner pour protéger ou compromettre notre santé mentale.
Troubles anxieux, dépression, schizophrénie, troubles bipolaires ou encore troubles de l’alimentation … les troubles mentaux présentent un très large spectre d’affections, allant de difficultés légères et ponctuelles à des troubles sévères, chroniques et invalidants. Ils se caractérisent par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu (OMS, 2022). Ils sont définis dans la 10ème Révision de la Classification Internationale des Maladies.
présente un trouble mental dans le monde (OMS 2022)
de l’économie mondiale sont dépensés chaque année pour la dépression et l’anxiété.
est touchée chaque année par un trouble psychique en France (Observatoire-Place de la Santé, Mutualité Française, 2021)
