Pourquoi réduire le recours aux produits phytosanitaires ?

Conclusion

1. Les produits phytosanitaires sont-ils le fruit de l’agriculture intensive moderne ?
L’exposé de Monsieur BERNARD a répondu très clairement que de tout temps l’homme a cherché à protéger ses cultures et à conserver ses aliments par les moyens qu’il a à sa disposition. Si à certaines périodes, comme les après-guerres, on a eu recours peut-être de façon excessive, et mal contrôlée aux produits phytosanitaires, les choses ont beaucoup évolués aujourd’hui vers des méthodes plus respectueuses de l’environnement et plus protectrices de la santé des opérateurs et des consommateurs mais le temps des fléaux voyageurs n’est pas terminé et la protection des cultures restera un impératif.

2. Les Valeurs Toxicologiques de Références (VTR) sont-elles suffisamment protectrices ?
Le Professeur MARZIN a fait l’éclatante démonstration que les VTR dont la Dose Journalière Admissible (DJA) pour ne citer qu’elles, ne sont pas « tombées » du ciel et décidées sur le coin d’une nappe, et qu’elles protègent très largement les personnes exposées.

3. Les instances nationales-européennes et internationales et leurs experts sont-ils suffisamment compétents et indépendants ?
Les réflexions et les réglementations sur ces sujets complexes ne peuvent être que le fruit d’une expertise collective instruite par un très grand nombre d’experts compétents réunis au sein d’instances nationales, européennes et internationales qui travaillent en étroite relation. Tout ceci constitue une garantie contre la pensée unique, une garantie de compétences et d’indépendance et plutôt que de se positionner en permanence sur un terrain polémique, il y aurait intérêt à instaurer un dialogue constructif en évitant ainsi  les collisions et les conflits d’intérêts si tant est qu’ils existent.

4. Quelles réalité des effets sur l’environnement et sur les opérateurs ?
Les produits phytosanitaires sont des biocides, il ne faut pas le nier – et à ce titre ils peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement et sur la santé des opérateurs. Le brillant exposé de Madame POULSEN nous a largement éclairé sur la complexité d’évaluation de l’exposition, les effets environnementaux et les risques, et nous a montré qu’il peut y avoir une agriculture protectrice de l’environnement.

Les risques aigus et chroniques existent pour les opérateurs aux premiers rangs desquels se situent les maladies neuro-dégénératives et les cancers. Les exposés remarquables d’Isabelle BALDI et de Pierre LEBAILLY ont montré combien ces sujets étaient difficiles à traiter, ils ont eu le grand mérite de faire le point des données actuelles obtenues grâce à de larges enquêtes épidémiologiques et des recherches très affinées auxquelles ils participent activement.

5. Les Bonnes Pratiques Agricoles d’Hygiène et de Sécurité protègent-elles suffisamment les opérateurs ?
La réponse est clairement non et malheureusement des exemples existent. Mais heureusement le remarquable travail de formation, d’information et de surveillance effectué par la MSA et que nous a exposé si brillamment le Docteur Yves COSSET arrive à limiter au maximum les risques pour les opérateurs et il nous a montré que leur exposition, les produits qu’ils utilisent, leurs méthodes de travail avant, pendant et après les traitements étaient très bien encadrés.

6. La réduction du recours aux produits phytosanitaires : quelles incidences sur la production agricole ?
L’exposé très documenté de Madame ZAVAGLI nous a montré quelles incidences elles pourraient avoir sur la production agricole rejoignant en cela le rapport Ecophyto R&D présenté par monsieur MEYNARD.

7. Des efforts de réduction qualitatifs et quantitatifs considérables ainsi qu’en matière de formation et d’information ont été réalisés.
Jusqu’où faut-il aller ? Des efforts considérables – pas suffisamment mis en avant dans les différents rapports – quantitatifs et qualitatifs ont été réalisés par l’ensemble de la filière car le tonnage annuel est passé de 100 000 tonnes il y a 10 ans à moins de 70 000 tonnes aujourd’hui et le nombre de SA de 1000 au moment de l’entrée en vigueur de la Directive 91/414 à 350 environ aujourd’hui.

8. Réduire le recours aux produits phytosanitaires : Oui mais…
Alors vouloir réduire encore, peut être, mais au risque de voir surgir des problèmes dont certains émergent déjà et peuvent mettre les agriculteurs en difficultés.

9. La sécurité des consommateurs : un état des lieux plutôt satisfaisant en matière de contamination des aliments et d’exposition
Monsieur MARZIN a expliqué la démarche permettant d’obtenir de très bonnes garanties et l’étude EAT 2 publiée en juin dernier par l’Anses et présentée tout à l’heure par Jean-Charles LEBLANC (un des acteurs essentiels de cette enquête) me semble plutôt rassurante.

Quant à la sensibilisation des pouvoirs publics, elle me parait effective comme l’a indiqué Monsieur Michel CABOCHE dans une très bonne analyse du rapport de l’OPECST, elle devrait en tout cas porter ses fruits.

Enfin pour terminer, je voudrais poser la question de savoir s’il est possible d’alimenter la population de la planète – dont une grande partie est déjà sous-alimentée – sans une protection phytosanitaire. Je n’ai pas la réponse, rien qu’une conviction mais elle n’a pas sa place dans un débat scientifique.

Au cours de cette conclusion, je n’ai pas fait un plaidoyer pro domo pour les produits phytosanitaires et je me rends bien compte que la tendance actuelle est – qu’Edmond ROSTAND me pardonne – « aujourd’hui moins qu’hier et bien moins que demain ». Des solutions existent mais pourquoi ne pas toutes les utiliser (plantes génétiquement modifiées) et faire en sorte que le recours aux produits phytosanitaires – sans le bannir – ne soit pas le seul moyen de protéger les cultures mais deviennent le complément des méthodes culturales et agronomiques ?

Retour