Programme SNAP Comment inciter les Américains à acheter plus de fruits et légumes ?

Augmenter la disponibilité d’aliments sains dans les magasins d’alimentation SNAP

Un meilleur accès aux supermarchés et aux aliments sains est associé à une alimentation saine et à une réduction des risques d’obésité. Cependant, aux Etats-Unis, les supermarchés sont plutôt situés dans des quartiers à revenus élevés où peu de minorités sont présentes. Les habitants de quartiers défavorisés achètent plutôt leurs aliments dans des épiceries de quartier n’ayant qu’un choix limité d’aliments sains, ce qui augmenterait les risques pour leur santé.

Le programme SNAP : un soutien alimentaire pour 42 millions d’Américains à faibles revenus

Chaque mois, le programme américain d’aide alimentaire SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) apporte un soutien alimentaire à 42 millions d’Américains à faibles revenus. Jusqu’à présent, ce programme s’était surtout focalisé sur l’éducation et des incitations financières à l’achat d’aliments sains.

L’alimentation des participants au programme SNAP peut être améliorée en leur facilitant l’accès à certains aliments sains, surtout dans des magasins d’alimentation de petite ou moyenne taille. Le Ministère de l’Agriculture Américain (USDA) a déjà établi des règles de stockage de produits sains chez les détaillants participants, mais elles sont minimales et très peu concernent les aliments sains comme les fruits et légumes (F&L).

Notre étude a eu pour objectif de quantifier les aliments sains présents dans les épiceries de quartier de petite ou moyenne taille aux Etats- Unis, participants au programme SNAP (mais pas au programme WIC-the Special Supplemental Nutrition Program for Women, Infants, and Children- qui doit offrir une palette importante de produits sains).

Conception de l’étude

En 2014, 91 magasins d’alimentation ayant la taille requise à Minneapolis et St. Paul au Minnesota ont été tirés au sort et évalués. Les magasins participant également au programme WIC ont été exclus. Nous avons utilisé l’outil développé par le Centre d’études Yale Rudd de Politique Alimentaire et d’Obésité ayant permis d’évaluer l’impact des révisions 2009 de la politique WIC chez les petits détaillants.

La présence de lait, de F&L et d’aliments riches en céréales complètes a été évaluée. Au total, on a estimé la disponibilité de 69 aliments spécifiques et la qualité de 20 fruits et légumes courants. Cette dernière a été estimée selon une échelle allant de A à C (A, A-, B, B-, C; A étant la meilleure qualité) reflétant l’apparence du produit (moisi, ridé, desséché, abîmé ou flétri).

Un effort à faire sur les légumes frais et colorés

La plupart des magasins SNAP étaient des stations-service avec un rayon d’alimentation (43%), des petites épiceries de quartier (34%), des «dollar stores» (magasins où tout est à 1 dollar) (10%), ou des pharmacies (13%). Ils proposaient surtout des fruits et légumes en conserve (93%), des céréales complètes (80%), des produits laitiers demi-écrémés ou écrémés (64%) et des fruits frais (62%). Moins d’un tiers de ces magasins (31%) proposaient des légumes frais et encore moins des légumes très nutritifs de couleur rouge et orange (20%) ou vert foncé (9%). Des fruits et légumes congelés étaient présents dans environ un magasin sur quatre. Le tableau 1 montre la disponibilité des F&L en pourcentage et le nombre de variétés présentes dans les magasins.

La majorité des magasins étaient notés A ou A- pour l’ensemble des fruits frais (58% des magasins) ou des légumes (62%) proposés. Peu ont reçu des mauvaises notes. Les fruits les plus courants étaient les bananes, les pommes, les oranges, les citrons jaunes et verts ; les légumes les plus courants étaient les oignons, les tomates, les pommes de terre, le céleri et la laitue.

L’USDA devrait rendre obligatoire des quantités minimums d’aliments sains chez les petits détaillants

Notre étude a montré qu’un grand nombre de magasins d’alimentation de petite ou moyenne taille ne proposaient pas beaucoup d’aliments sains comme des légumes frais ou congelés ainsi que des aliments à base de céréales complètes (pain, tortillas, riz complet). On y trouvait surtout des fruits et légumes en conserve et des céréales complètes. L’USDA devrait rendre obligatoire des quantités minimums d’aliments sains comprenant des fruits et légumes (en particulier des légumes vert foncé, rouge et orange) et d’aliments à base de céréales complètes s chez les détaillants SNAP. Cette réglementation plus contraignante pourrait résoudre une partie des inégalités liées à la santé. L’USDA devrait également déterminer le type d’équipement le plus adapté au stockage de produits périssables (des réfrigérateurs ou des chambres froides, par exemple). De plus, il faudrait former les propriétaires et leurs employés à la manipulation, au stockage et à la présentation d’une grande variété de produits de haute qualité.

Si en février 2016, à la demande du Congrès, l’USDA a proposé de nouvelles normes aux détaillants participants, ces améliorations restent cependant en deçà des standards recommandés. Ainsi, la Fondation Robert Wood Johnson a réuni un panel d’experts qui a rédigé un rapport sur « les normes minimales de stockage et les stratégies marketing des aliments sains dans les petits magasins d’alimentation » qui fi xe des normes plus strictes et peut être consulté sur Internet :

http://healthyeatingresearch.org/wp-content/uploads/2016/02/her_minimum_stocking_final.pdf.

La nouvelle réglementation USDA pouvait être modifiée jusqu’au 18 avril 2016 :

https://www.federalregister.gov/articles/2016/02/17/2016-03006/ enhancing-retailer-standards-in-the-supplemental-nutrition-assistanceprogram- snap.

Melissa N. Laska
Division d’Epidémiologie et de Santé Communautaire, Université du Minnesota, ETATS-UNIS
Retour Voir l'article suivant