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Comparaison des consommations alimentaires des adultes diabétiques et non diabétiques

En France, une large partie de la population générale n’atteint pas les recommandations alimentaires, notamment pour les fruits et légumes, le poisson, les graisses saturées et les glucides 1. Mais qu’en est-il des personnes atteintes de diabète ? S’il a été montré qu’une alimentation saine prévenait les complications du diabète, peu d’études ont mesuré les consommations alimentaires des diabétiques.

Notre étude avait pour objectif d’évaluer les consommations alimentaires d’adultes atteints de diabète comparativement à celles de la population générale du même âge. Le diabète étant très rare avant 45 ans, nous avons sélectionné les personnes âgées de 45 à 74 ans participant à l’Etude Nationale Nutrition Santé (ENNS) réalisée en 2006-2007. Au total, 1476 participants, dont 101 atteints de diabète, ont été étudiés (questionnaires administrés par des diététiciens). Les participants diabétiques avec un apport énergétique inférieur à 1000 kcal/jour ont été exclus.

Profil des diabétiques

Les personnes diabétiques étaient plus souvent des hommes et des anciens fumeurs, et étaient également plus âgées. Elles avaient un plus faible niveau d’éducation comparées aux personnes non-diabétiques mais nous n’avons pas observé de différence en ce qui concerne la catégorie professionnelle. Comme nous pouvions le prévoir, l’obésité était beaucoup plus fréquente chez les diabétiques (56%) que chez les non-diabétiques (17%).

Une consommation plus élevée de viandes, glucides complexes et vitamines B et E chez les personnes diabétiques

Des différences de consommations entre diabétiques et non-diabétiques ont été observées : les adultes diabétiques avaient une consommation plus faible en énergie, aliments sucrés, sucres simples et boissons alcoolisées et, en revanche, une consommation plus élevée en viandes, glucides complexes et vitamine E (tableau 1) ainsi qu’en vitamines du groupe B.

Plus de fruits et légumes (F&L) chez les diabétiques de 45 à 59 ans

Les adultes atteints de diabète consommaient légèrement plus de F&L (tableau 2). Des différences significatives de consommation de F&L ont été observées selon les tranches d’âge. En effet, par rapport aux non-diabétiques, nous avons relevé une consommation plus élevée de F&L (accompagnée de fibres, bêta-carotène, folates, vitamine C, potassium) chez les personnes diabétiques âgées de 45 à 59 ans, mais pas chez celles de 60 à 74 ans.

Dans la tranche d’âge 45-59 ans, un diagnostic de diabète est associé à une consommation moyenne plus élevée de F&L (différence ajustée : +163 g / jour, p <0,001; fruits : +93 g / jour ; P=0,01 et légumes : +66 g / jour, P <0,001). Dans cette tranche d’âge, nous avons pu remarquer que les personnes atteintes de diabète sont plus susceptibles de manger 5 portions ou plus de F&L par jour que celles qui n’étaient pas diabétiques (67,5% vs 48,7% ; ajusté OR=3,1, P=0,02).

Des recommandations spécifiques pour changer les habitudes alimentaires chez les diabétiques

L’alimentation plus favorable à la santé, observée chez les personnes atteintes de diabète, ne s’est pas traduite par une plus grande conformité avec les recommandations. Notre hypothèse était, qu’avant le diagnostic de diabète, ces personnes avaient un régime alimentaire particulièrement défavorable, comme indiqué dans différentes cohortes prospectives visant à identifier les facteurs de risque liés au diabète 2-5.

Après le diagnostic du diabète et suite aux conseils de mode de vie, ils auraient changé leurs habitudes alimentaires. Mais l’écart dans la réalisation des recommandations serait si élevé que les disparités avec les recommandations restent encore importantes. Les conseils se concentrent uniquement sur la réduction des aliments sucrés et la perte de poids qui peuvent conduire à une plus grande consommation de protéines (bien que la consommation observée reste dans une fourchette acceptable) pouvant exposer dans certains cas, à un risque à long terme de néphropathie.

En définitive, parce que les recommandations pour les personnes diabétiques et la population en général sont très similaires, les personnes atteintes du diabète devraient bénéficier des actions globales de santé publique, comme celles mises en place dans le cadre du PNNS, afin de prévenir les complications du diabète.

Katia Castetbon
Université libre de Bruxelles, Ecole de Santé Publique, Centre de Recherche « Epidémiologie, Biostatistique et Recherche Clinique », BELGIQUE
Castetbon K, Bonaldi C, Deschamps V, Vernay M, Malon A, Salanave B, Druet C. Diet in 45- to 74-year-old individuals with diagnosed diabetes : comparison to counterparts without diabetes in a nationally representative survey (Etude Nationale Nutrition Santé 2006-2007). J Acad Nutr Diet. 2014 Jun;114(6):918-25.
  1. Castetbon K, et al. Dietary intake, physical activity and nutritional status in adults: The French Nutrition and Health Survey (ENNS, 2006-2007). Br J Nutr. 2009;102(5):733-743.
  2. Fung TT, et al. A prospective study of overall diet quality and risk of type 2 diabetes in women. Diabetes Care. 2007;30(7):1753-1757.
  3. Liese AD, et al. Adherence to the DASH Diet is inversely associated with incidence of type 2 diabetes: The insulin resistance atherosclerosis study. Diabetes Care. 2009;32(8):1434-1436.
  4. Brunner EJ, et al. Dietary patterns and 15-y risks of major coronary events, diabetes, and mortality. Am J Clin Nutr. 2008;87(5):1414-1421.
  5. Mekary RA, et al. The Joint Association of Eating Frequency and Diet Quality With Colorectal Cancer Risk in the Health Professionals Follow-up Study. Am J Epidemiol. 2012;175(7): 664-672.
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