Fruits et légumes : santé, comportement et dépenses publiques

Augmenter la consommation de fruits et légumes : les dépenses ne sont pas à la hauteur des besoins de Santé Publique

Ce rapport a pour objectif de déterminer dans quelle mesure le gouvernement fédéral des Etats-Unis a défini les fruits et légumes (F&L) comme une priorité nationale de santé publique. De hauts fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture (U.S. Department of Agriculture – USDA) et du Ministère de la Santé (U.S. Department of Health and Human Services – HHS) ont souligné les bénéfices d’une consommation accrue des fruits et légumes pour la santé. Ils ont réitéré la nécessité de financements supplémentaires pour réduire le déficit actuel de la consommation.

Il est aisé de savoir si des actions ont bien suivi ces déclarations en examinant les dépenses fédérales. Nous en présentons ici les résultats :

Un déficit persistant de consommation des fruits et légumes

L’analyse des dernières données de l’USDA sur l’alimentation montre qu’en moyenne, les Américains ne consomment que 43 % des quantités recommandées de fruits et 57% de celles des légumes, soit une valeur moyenne de 51% par rapport aux recommandations. En outre, la consommation de fruits et légumes a stagné durant les 20 dernières années.

Des enjeux économiques et sanitaires majeurs et croissants

L’analyse économique du rapport montre que les coûts financiers (dépenses de santé et autres) d’une consommation insuffisante de fruits et légumes pour trois maladies chroniques liées à l’alimentation – maladies coronariennes, accidents vasculaires cérébraux (AVC), cancer – ont augmenté de 92% entre 1999 et 2008 pour atteindre actuellement 56 milliards de Dollars par an.

Un déficit de financement des fruits et légumes en contradiction avec les priorités des recommandations nutritionnelles

Selon notre analyse, l’USDA a dépensé deux fois plus d’argent dans le secteur des produits carnés (8% de la ration quotidienne selon les recommandations nutritionnelles) que pour les F&V (41% de la ration quotidienne). L’USDA devrait plus que doubler ses dépenses pour les F&L (en ajoutant $3,6 milliards) afin que les dépenses par groupe d’aliments correspondent aux recommandations.

Le déficit de financement de l’éducation nutritionnelle renforce le déficit de consommation des F&L

Les dépenses de l’USDA pour la promotion des fruits et légumes par l’éducation nutritionnelle chez les Américains à faibles revenus représentent seulement 1,3% des dépenses totales d’assistance nutritionnelle. Or, historiquement, c’est dans cette tranche de la population que le déficit de consommation des F&L est particulièrement marqué. La recherche en éducation nutritionnelle des Instituts Nationaux de la Santé (National Institutes of Health- NIH), continue d’être très peu financée : les projets d’éducation nutritionnelle du NIH ne représentent qu’1% des projets alors que les projets promouvant spécifiquement les fruits et légumes représentent moins de 1 %…

Fruits et légumes : pas prioritaires malgré les risques sanitaires d’une consommation déficitaire

Les dépenses du NIH pour la recherche sur les consommations des fruits et légumes associés à trois maladies majeures (cancer, maladies des coronaires, et AVCs) ne représentent que 0,78% (moins d’ 1%) du budget total de la recherche. En contrepartie, une consommation inappropriée des fruits et légumes représente 6-20% des risques qui s’y associent. Si on compare les risques respectifs pour la santé d’une consommation inappropriée de fruits et légumes et du tabagisme, on s’aperçoit que les financements NIH et CDC (Centers for Diseases Control and Prevention – les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies) pour les programmes fruits et légumes sont très faibles alors que les financements sont disproportionnés pour les projets anti-tabac.

$5 Milliards annuels pour résorber le déficit de financement pour les fruits et légumes

Au cours de l’année 2008, les dépenses USDA, NIH et CDC ont été de $126 milliards pour les activités liées à l’alimentation, l’agriculture et la santé publique. Ces budgets combinés ont financé pour moins de 3% des programmes et des projets directement liés aux F&L. Pour réduire le déficit de consommation des fruits et légumes, il faudra bien combler les déficits de financement. L’USDA et la HHS doivent donc plus que doubler leurs budgets pour les projets liés aux F&L. Résorber un tel déficit correspond à une augmentation de plus de $4,8 milliards. En comparaison, le déficit de consommation des F&L dans les cas de cancer, maladies des coronaires et AVC représenterait un coût annuel de santé douze fois plus élevé !

Allen Rosenfeld
Economiste chez M&R Services Stratégiques, USA
Le rapport détaillé est disponible sur Internet : http://www.pbhfoundation.org/pdfs/about/res/pbh_res/2010gapanalysis.pdf
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