Polyphénols

Consommation de polyphénols alimentaires en Europe

Consommation quotidienne de polyphénols à travers l’Europe

Une alimentation riche en fruits et légumes est fortement recommandée pour ses effets bénéfiques sur la santé. Les fruits et légumes sont riches en polyphénols, lesquels ont été largement étudiés en raison de leurs propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et anticarcinogènes. Cependant, les preuves épidémiologiques concernant l’impact des polyphénols alimentaires sur les risques de maladies chroniques sont encore limitées 1.

Seul un petit nombre d’études, en particulier en Europe2, ont examiné la consommation alimentaire de certains polyphénols spécifiques. L’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition – Etude Prospective Européenne sur le cancer et la nutrition) a regroupé les données provenant de 10 pays européens. Deux méthodes de mesures ont été associées pour comparer les consommations de tous les polyphénols dans ces pays: Phenol-Explorer 3, seule base de données qui précise la teneur de l’ensemble des polyphénols connus au sein de différents aliments, et des questionnaires de fréquence alimentaire validés. Parmi les centres EPIC, un large spectre de consommation de polyphénols totaux a été observé ainsi qu’un gradient géographique sud-nord. Les valeurs les plus importantes sont retrouvées dans les pays non-méditerranéens (1284mg/jour) et les plus faibles dans les pays méditerranéens (1011mg/jour). La plus forte consommation a été retrouvée chez les hommes danois (1786 mg/jour) et la plus faible chez les femmes grecques (584 mg/jour) 2.

Quelles sont les plus importantes classes de polyphénols consommées ?

Les principaux polyphénols contributeurs sont les acides phénoliques dans les pays non-méditerranéens (~55%) et les flavonoïdes dans les pays méditerranéens (~49%). Au Royaume-Uni, les flavonoïdes constituent environ 60% des polyphénols totaux. Les autres classes de polyphénols, comme les stilbènes, les lignanes, les alkylrésorcinols ou les tyrosols sont bien moins présentes (<7% du total) 2.

La base de données Phenol-Explorer recense les teneurs de 502 polyphénols dans les aliments parmi lesquels 437 sont consommés en Europe dont 94 avec un apport >1 mg/jour 2. Les polyphénols les plus consommés sont, pour les acides phénoliques : les acides caféoylquinique et féruloylquinique, et pour les flavonoïdes : les proanthocyanidines et l’hespérétine. Il est pertinent d’étudier chaque polyphénol car leur biodisponibilité et leurs actions biologiques sont spécifiques.

Les principales sources alimentaires de polyphénols

Les polyphénols sont uniquement présents dans les aliments d’origine végétale. Le café, le thé et les fruits en sont les sources les plus importantes bien que leurs contributions respectives varient largement d’un pays à l’autre. Ainsi, le café est la principale source de polyphénols à la fois dans les pays non-méditerranéens et méditerranéens (respectivement 41% et 36%) et représente partout la principale source d’acides phénoliques (75%). Le thé est la source principale de polyphénols au Royaume-Uni (40%) où il constitue la source majeure de flavonoïdes (64%) comme dans les pays non-méditerranéens (34%), mais pas dans les pays méditerranéens (9%).

Les fruits et les jus de fruits sont les sources les plus abondantes de flavonoïdes (48%) et la deuxième source de polyphénols totaux (26%) dans les pays méditerranéens. Les légumes contribuent modestement à l’apport en polyphénols (<5%) car leur concentration est généralement plus faible que dans les fruits, et 25 à 75% des polyphénols sont perdus lors de la cuisson 4.

Enfin, le vin, particulièrement le vin rouge, est une source majeure de polyphènols (10% des polyphénols totaux, dont la majorité sont des flavonoïdes) dans les pays méditerranéens. C’est aussi la principale source de resvératrol 2.

Les facteurs déterminants de la consommation de polyphénols

La consommation de flavonoïdes est plus élevée chez les femmes, les personnes d’un certain âge ayant un Indice de Masse Corporelle (IMC) <25, les non-fumeurs avec un niveau d’éducation élevé et physiquement actifs. De plus, la consommation de flavonoïdes est plutôt associée à un mode de vie sain. A l’inverse,, la consommation d’acides phénoliques est plus importante chez les hommes jeunes ayant un IMC ≥30, spécialement chez les fumeurs buvant du café en quantité importanteX Les facteurs déterminants de la consommation de polyphénols.

Des consommations en Europe très variables

La nature et les quantités de polyphénols consommées en Europe sont très variables, entre 500 et 2000 mg/jour. Les préférences individuelles pour le café, le thé ou les fruits expliquent largement ces variations2. Les flavonoïdes représentent la classe la plus étudiée des polyphénols On devrait cependant s’intéresser davantage aux acides phénoliques qui contribuent de manière importante aux apports en polyphénols. Il sera important d’évaluer de manière précise et globale les apports en polyphénols, afin de déterminer leur rôle dans la prévention de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer. De nouvelles études sont également nécessaires afin de valider l’usage de biomarqueurs dans l’évaluation de la consommation de polyphénols 1.

Raul Zamora-Ros
Unité de Nutrition et du Cancer, Institut Catalan d’Oncologie, Institut de recherche biomédicale de Bellvitge (IDIBELL), Barcelone, ESPAGNE
  1. Zamora-Ros R, Knaze V, Rothwell JA, Hémon B, Moskal A, et al. Dietary polyphenol intake in Europe: the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) study. Eur J Nutr. 2015. Epub ahead of print.
  2. Zamora-Ros R, Touillaud M, Rothwell JA, Romieu I, Scalbert A. Measuring exposure to the polyphenol metabolome in observational epidemiologic studies: current tools and applications and their limits. Am J Clin Nutr. 2014;100(1):11-26.
  3. Neveu V, Perez-Jiménez J, Vos F, Crespy V, du Chaffaut L, et al. Phenol- Explorer: an online comprehensive database on polyphenol contents in foods. Database (Oxford). 2010;2010:bap024.
  4. Rothwell JA, Medina-Remón A, Pérez-Jiménez J, Neveu V, Knaze V, et al. Effects of food processing on polyphenol contents: a systematic analysis using Phenol-Explorer data. Mol. Nutr. Food Res. 2015, 59(1): 160-170.
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