Alimentation saine : priorité aux premières années de la vie

Fruits et légumes : Mieux connaître les modes de production pour rassurer les consommateurs

Parfois contestée, l’utilisation de produits phytosanitaires a contribué, avec la sélection, la fertilisation et la mécanisation, à l’augmentation conséquente des rendements des cultures.

Le Conseil Consommateurs d’Aprifel a auditionné plusieurs experts et professionnels sur cette question sensible.

Depuis le XXe siècle, les méthodes empiriques se sont affinées,

« La protection des légumes et des fruits contre toutes sortes de maladies ou de prédateurs ne date pas d’hier », rappelle d’entrée Rémi Fourche de l’Inra. Depuis le XXe siècle, les méthodes jusqu’alors empiriques se sont affinées, d’une part avec la connaissance des maladies et des bio-agresseurs à travers les avertissements agricoles et d’autre part avec le recours à de nouveaux produits (herbicides, fongicides et insecticides). Plus récemment, les préoccupations sanitaires et environnementales et les réglementations nationales et européennes ont écarté les molécules les plus toxiques comme le DDT ou les organochlorés, et entraîné une baisse significative des matières actives disponibles. Parallèlement, de nouvelles méthodes de lutte se sont développées, dont la lutte biologique ou la lutte intégrée, qui font appel aux auxiliaires de culture et à des formes de bio contrôle comme la confusion sexuelle. La solution des OGM reste par contre encore très controversée.

Des modes de régulation plus « écologiques »

Marc Tchamitchian de l’Inra a précisé que la protection des fruits et légumes va depuis le semis, jusqu’à la consommation (en frais ou en conserve), en prenant en compte l’extrême diversité des sources de contamination, du sol à la plante, de l’arbre au produit final, et donc des risques sanitaires associés. Les modes de protection peuvent être physiques (ex. : serres, filets), biologiques (faune auxiliaire) ou chimiques (pesticides). L’éradication des maladies a cédé la place à des modes de régulation plus « écologiques ». Les pratiques agricoles sont de plus en plus encadrées à la fois au niveau des produits homologués comme des contrôles lors de la mise en marché. Outre la réglementation déjà contraignante, les cahiers des charges privés introduisent des normes plus sévères à la fois sur les modes de production comme les teneurs en nitrates ou les niveaux de résidus de pesticides. Toutes les productions sont concernées, y compris les modes de production biologiques avec l’usage de produits de protection naturels et la présence de mycotoxines, faute de traitement approprié.

L’émergence de nouveaux modes de protection

Face à ces nouveaux enjeux sanitaires et sous la pression des politiques publiques et des consommateurs, les systèmes de production évoluent vers une approche écologique et durable sans renoncer pour autant à la sélection variétale ou à l’intensification des processus de production. On assiste à l’émergence de nouveaux modes de protection (ex. : biocontrôle, filets d’exclusion…) et de gestion des écosystèmes faisant appel à la régulation « naturelle ». Cette évolution pose de nouvelles questions de recherche sur la conduite des systèmes à plus grande échelle, sur l’innocuité des biocides naturels et les résistances éventuelles aux maladies. Ces questions supposent un accompagnement renforcé des producteurs et des filières dans le cadre des programmes de recherche expérimentale.

Deux exemples de démarches qualité: la pomme et la salade

La pomme française, dont la récolte annuelle approche 1,7 million de tonnes (dont 700.000 t exportées) est régulièrement l’objet d’attaques sur la question des pesticides (nombre de traitements, présence de résidus…). « La filière s’est engagée dès 1995 dans une démarche de progrès reprenant les principes de la Production Fruitière Intégrée (PFI) et une charte qualité dûment contrôlée », déclare Pierre Varlet de l’Association nationale Pommes et Poires. Depuis 5 ans, cette démarche s’est traduite par un engagement des « vergers écoresponsables », signalés par un logo. Conduite par l’Association nationale Pommes et Poires, cela concerne près de 1300 producteurs et 60% de la production française. La lutte contre les maladies et les ravageurs intègre des méthodes de lutte chimique ou biologique, comme la confusion sexuelle, pour lutter contre le carpocapse et le recours à des auxiliaires pour maîtriser certains prédateurs (insectes, pucerons, araignées…). De même, le programme de recherche au sein du GIS Fruit (Groupement d’Intérêt Scientifique) a pour objectifs d’améliorer les connaissances pour améliorer les pratiques sur toute la filière et de promouvoir des stratégies de protection alternatives durables. La sélection de variétés de pommes résistantes, par exemple à la tavelure, reste ici une piste de progrès majeure.

De son côté, Gérard Roche, vice-président de « Légumes de France », a présenté la démarche professionnelle pour promouvoir des systèmes de culture moins dépendants des produits phytosanitaires en misant sur la biodiversité et sur des équilibres agronomiques et biologiques. Des cultures comme la production de salades reposent sur des cycles de vie plus courts, des modes de production variés (serres, abris ou plein champ) et des modes de consommation de produits le plus souvent bruts, autant de variables qui conditionnent leur protection.

Les professionnels présents ont tenu à rassurer les consommateurs sur les démarches qualité mises en place pour limiter les traitements et garantir des produits sains.

Rémi Mer
Journaliste - FRANCE
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