Information, éducation et disponibilité des f&l à la maison : une nécessité !

Pratiques et préférences des enfants pour les F&L en lien avec les relations parents-enfants

Si l’environnement familial a une forte influence sur la consommation de F&L des enfants, ces derniers peuvent à leur tour influencer la famille. Les spécialistes en Marketing estiment que les enfants sont prescripteurs et que leur demande influence les achats des parents et peut ainsi contribuer à augmenter la disponibilité des F&L à la maison. Le niveau d’exposition de l’enfant est alors plus élevé et cela fait évoluer ses préférences. Toutefois acheter des F&L et les stocker ne les rend pas forcément accessibles aux enfants.

Une récente étude américaine ¹ clarifie le lien entre demande, disponibilité au domicile et consommation de F&L par les enfants, en se basant sur une intervention réalisée en 2009-2011 dans le Texas aux Etats-Unis.

Cette intervention visait à stimuler la consommation des F&L par les enfants âgés de 9 à 11 ans au moyen d’un jeu, suivi pendant 3 mois (Squire’s Quest II) ; les parents ont été sensibilisés grâce à des Newsletters, des recettes et conseils sur un site Web.

Quatre groupes de 100 couples parent-enfant

Cette étude est fondée sur un échantillon de convenance randomisé en 4 groupes de 100 couples parent-enfant. Les mesures ont été faites avant l’intervention, à la fin et 3 mois après. Elles portent sur 3 critères :

  1. la fréquence de la demande de F&L par l’enfant pendant 2 semaines ;
  2. la disponibilité de F&L à la maison, mesurée par le nombre de F&L pendant 2 semaines;
  3. la prise alimentaire de l’enfant, mesurée par le nombre de portions de F&L consommées en 24 h.

La demande de l’enfant et la disponibilité en F&L ont été renseignées par questionnaire ; la prise alimentaire a été mesurée par un rappel des 24 h.

Cette étude met en évidence 4 principaux résultats :

  • Il n’y a pas de pouvoir prédictif entre disponibilité de F&L et prise alimentaire des enfants. Une étude précédente montrait qu’une hausse de 1 unité de disponibilité provoquait une augmentation de 0.14 de la consommation. Cela suggère que, pour avoir un effet sur la consommation effective, la disponibilité doit augmenter de façon significative. L’intervention a favorisé les enfants qui en consommaient déjà en quantité.
  • L’intervention a augmenté la demande des enfants et la disponibilité de F&L à la maison, mais n’a pas contribué à une hausse significative de la prise alimentaire
  • Si l’intervention parait efficace au premier abord (évolution des critères entre T0 et T1), les résultats ne sont pas stables; pour en maintenir les effets, la durée de l’intervention doit être suffisante : de 9 semaines à 4 ans.
  • Enfin, l’implication des parents a été faible : seuls 28% ont lu la Newsletter et 55% ont visité le site web 1 à 5 fois au cours de l’intervention. Or il est démontré que l’engagement direct des parents est primordial.

Les comportements des parents à l’égard des enfants sont essentiels

La disponibilité des F&L à la maison est donc nécessaire mais pas suffisante pour stimuler leur consommation par les enfants. Les comportements des parents à l’égard des enfants sont absolument essentiels: selon Vollmer et Baietto, les préférences alimentaires d’un enfant influencent la qualité de son régime alimentaire ². Or ces préférences sont largement influencées par les attitudes et pratiques des parents. Ainsi, l’étude des liens de causalité entre les pratiques alimentaires d’un parent et les préférences alimentaires de l’enfant peut aider à orienter les interventions.

Ces affirmations s’appuient sur une étude de 148 parents d’enfants de 3-7 ans réalisée dans l’Illinois à l’aide d’un questionnaire CFPQ (Comprehensive Feeding Pratices Questionnaire) et du PALS (Preschool Adapted Food Liking Scale) portant sur les fruits, les légumes et les aliments riches en graisses et/ou en sucres. Elle révèle quelles devraient être les bases de l’éducation alimentaire pour agir sur les comportements des enfants.

Ainsi, quand les parents autorisent l’enfant à décider de son alimentation, ses préférences se détournent des fruits. En outre, quand ils encouragent leur enfant à participer à l’élaboration du repas, ses préférences pour les légumes se confirment.

Les enfants préfèrent les aliments riches en graisses et/ou sucres dans les cas où les parents utilisent l’aliment pour réguler les émotions de l’enfant, s’ils pratiquent l’aliment «récompense», s’ils forcent l’enfant à manger davantage et à finir son assiette et s’ils font une restriction forte pour les aliments dits «délétères» pour la santé. Si la restriction peut être bénéfique pour la qualité de l’alimentation des enfants avant l’âge de 4 ans, la situation s’inverse ensuite. En revanche, les enfants portent moins d’intérêt pour les aliments gras et/ou sucrés si les parents rendent les aliments sains disponibles et accessibles à la maison, s’ils élaborent des aliments sains devant l’enfant et s’ils expliquent à l’enfant pourquoi il faut manger sain.

Enfin, il n’a pas été trouvé de relation significative entre la préférence de l’enfant pour les aliments riches en graisses et en sucre et le désir des parents de contrôler le poids de l’enfant, en encourageant l’équilibre et la variété alimentaires, le suivi et la restriction.

Les pratiques d’alimentation coercitives sont préjudiciables aux préférences alimentaires de l’enfant

Même s’il n’est pas possible de déterminer si c’est le parent qui influence l’enfant ou bien l’inverse, cette étude fournit des preuves que les pratiques d’alimentation coercitives sont préjudiciables aux préférences alimentaires de l’enfant.

Par conséquent, des disponibilités importantes de F&L à la maison et une éducation alimentaire cohérente et bienveillante, stimulent l’intérêt et la consommation de l’enfant. Ces pratiques doivent guider toute intervention auprès des parents qui souhaitent améliorer les préférences alimentaires de leurs enfants.

Martine Padilla
Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (CIHEAM-IAM), FRANCE
  1. DeSmet A., Liu Y., De Bourdeaudhuij I., Baranowski T. and Thompson D. (2017): The effectiveness of asking behaviors among 9–11 year-old children in increasing home availability and children’s intake of fruit and vegetables: results from the Squire’s Quest II self-regulation game intervention. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity (April 2017) 14: 51. DOI 10.1186/s12966-017-0506-y
  2. Vollmer R. L. and Baietto J. (2017): Practices and preferences: Exploring the relationships between food-related parenting practices and child food preferences for high fat and/or sugar foods, fruits, and vegetables, Appetite 1 June 2017, 113: 134-140.
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