Augmenter la consommation de fruits et légumes : défis et interventions

Les opinions des jeunes adultes sur les choix et les influences alimentaires

L’amélioration de l’alimentation est essentielle pour prévenir les maladies non transmissibles (« MNT »). Les recommandations diététiques de l’OMS encouragent la consommation d’une variété de fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses et fruits à coques et à limiter la consommation de produits riches en graisses, en sel et/ou en sucres ajoutés (dont les boissons sucrées). Certains groupes de  population sont plus exposés à une alimentation déséquilibrée, comme les jeunes adultes (18–30 ans), qui ont tendance à consommer beaucoup d’aliments et boissons de mauvaise qualité nutritionnelle et peu de F&L1. Les jeunes adultes effectuent une transition vers l’indépendance à partir de divers contextes, par exemple en passant du lycée à l’université et au monde du travail, ce qui peut avoir un impact sur leur comportement alimentaire. Ils représentent par ailleurs une cible privilégiée pour le marketing des aliments et des boissons2.

Les précédentes recherches menées chez les jeunes ont examiné les obstacles et les catalyseurs qui déterminent leurs choix alimentaires en se concentrant principalement sur les collégiens et les étudiants3. Cependant, il existe moins d’études utilisant des méthodes qualitatives avec les jeunes adultes comme groupe de population plus vaste.

Une étude conjointe en Écosse et en Australie

La présente étude a exploré les expériences de jeunes adultes dans deux contextes : Sydney (Australie) et Glasgow (Écosse). Huit groupes de discussion, de 2 à 6 jeunes adultes, ont été réunis à Sydney (n = 14) et à Glasgow (n = 16) pour évoquer, étudier et comparer ce qui détermine et influence leurs choix alimentaires. Les transcriptions de ces discussions ont été classées par thèmes, sur la base d’une analyse narrative. Trois grands thèmes ont été identifiés : la valeur des aliments, leur attrait et les liens émotionnels qui y sont associés. Ces narrations étaient étayées par un récit plus large sur le thème de « l’âge adulte ».

 La valeur des aliments

Les participants ont évoqué l’importance du prix dans leurs décisions en matière d’alimentation, mais également des « négociations autour de la valeur » des aliments, dont leur souhait d’acheter des aliments de meilleure qualité et plus sains en tant qu’adultes et la priorité accordée à la « valeur du temps » ou à la praticité de certains produits.

L’attrait des aliments

Les participants étaient bien conscients de toutes les techniques utilisées par les publicitaires et les industriels pour rendre les aliments plus attrayants, notamment par le positionnement des produits en magasin et les publicités sur les réseaux sociaux. Ils ont estimé que ces stratégies étaient très efficaces pour influencer leurs choix.

Les liens émotionnels associés aux aliments

Ces jeunes considéraient les aliments comme une source de lien émotionnel et de plaisir. Ainsi, certains aliments de mauvaise qualité nutritionnelle leur rappelaient un souvenir ou un lieu. D’autres choix suscitaient, au contraire, de la culpabilité en raison de leur image de produits non sains. Les participants ont également évoqué l’importance des décisions éthiques en matière d’alimentation, telle que la durabilité environnementale.

Le rôle d’adulte

Les participants ont exprimé le point de vue selon lequel, en tant qu’adultes, ils étaient censés faire des choix alimentaires rationnels et éclairés, même s’ils les trouvaient souvent en conflit avec l’environnement nutritionnel global. Ils ont également estimé que les enfants étaient différents des adultes et avaient besoin d’un accompagnement supplémentaire concernant les environnements et décisions en terme d’alimentation.

Les résultats de cette étude suggèrent que les jeunes adultes ont du mal à choisir une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle en raison de nombreux récits et sous-récits narratifs motivés par de multiples influences de l’environnement et du système alimentaires. Les stratégies qui traitent de l’environnement alimentaire peuvent être efficaces pour donner aux jeunes adultes un sentiment d’auto-efficacité pour les choix alimentaires.

Des études futures pourraient se demander quelles interventions environnementales ou politiques seraient les mieux acceptées par les jeunes en termes d’influence sur leurs choix et comportements alimentaires.

Eloise Howse
Prevention Research Collaboration, École de santé publique de Sydney, Faculté de médecine et santé, Université de Sydney, Australie.
Basé sur : Howse, E.; Hankey, C.; Allman-Farinelli, M.; Bauman, A.; Freeman, B. ‘Buying Salad Is a Lot More Expensive than Going to McDonalds’: Young Adults’ Views about What Influences Their Food Choices. Nutrients 2018, 10, 996. https://doi.org/10.3390/nu10080996

[1] Nour, M., et al., The fruit and vegetable intake of young Australian adults: a population perspective. Public Health Nutrition, 2017. 20(14): p. 2499-2512.

[2] Freeman, B., et al., Young adults: beloved by food and drink marketers and forgotten by public health? Health Promotion International, 2015.

[3] Munt, A.E., S.R. Partridge, and M. Allman-Farinelli, The barriers and enablers of healthy eating among young adults: a missing piece of the obesity puzzle: A scoping review. Obesity Reviews, 2017. 18(1): p. 1-17.

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