Fruits et légumes & santé mentale

L’Europe racontée par les pommes et les pêches

Avant d’être une source de composés nutritionnels et bio actifs bénéfiques pour la santé, un fruit est aussi un plaisir sensuel (l’origine du mot vient du latin frui qui veut dire… jouir). En Europe, les pommes et les pêches ont la cote. Ce sont les fruits les plus populaires, même si leur disponibilité et leur consommation dépendent des régions et des pays.

La pomme et ses polyphénols

Fruits des zones climatiques tempérées, les pommes sont cultivées dans toute l’Europe. Par l’importance de leur production et leur disponibilité tout au long de l’année, les fruits du pommier représentent aux Etats-Unis et en Europe la source la plus importante de polyphénols dans l’alimentation. En effet, les pommes en renferment une grande variété : quercétine, catéchines, épicatéchines, acide chlorogénique, qui sont tous de puissants anti-oxydants. Un grand nombre d’études scientifiques consacrées à la pomme ont révélé des aspects protecteurs particuliers : leur consommation est associée à la réduction du risque de cancer (principalement du poumon), à la prévention des maladies coronariennes, à la réduction du risque de diabète de type 2… Elles peuvent aussi contribuer au contrôle du poids.

Pêches : une disponibilité plus limitée

Pêches et nectarines ont une moindre capacité antioxydante que les pommes, mais possèdent un autre avantage : leur richesse en caroténoïdes représentés par le β carotène (avec une mention spéciale pour les pêches jaunes) la lutéine et la β cryptoxanthine. Même si la disponibilité de ces fruits juteux est limitée par leur caractère saisonnier, les pêches (qui doivent leur nom à la déformation du mot Perse dont on les croyait originaires au XIIe siècle) font partie des fruits les plus consommés dans le monde. En Europe, elles sont particulièrement populaires dans les pays méditerranéens comme l’Italie, l’Espagne, la France et la Grèce.

Près de 5000 sujets interrogés

Accroître la consommation de fruits des populations est devenu aujourd’hui un objectif de santé publique visant à réduire le fardeau des maladies chroniques. S’ils sont conscients de cet intérêt, la plupart des européens ont une consommation de fruits et légumes largement inférieure aux apports préconisés de 400 grammes par jour. Selon l’OMS seuls l’Espagne la Grèce, la Finlande, l’Italie, la France et le Portugal tirent leur épingle du jeu. Dans le cadre du large projet ISAFRUIT – dont l’objectif était de déterminer l’acceptation de nouvelles variétés de pommes et pèches par les consommateurs – une enquête a été menée pour évaluer la consommation de pommes et de pèches dans divers pays de la Communauté.

La fréquence de consommation a été évaluée selon 4 niveaux (1 : 0/sem. ; 2 : 1-2/sem. ; 3 : 3-5/sem. ; 4 : > 5/sem.)

Pour les pommes l’enquête a été menée dans 7 pays d’Europe (Allemagne, Pologne, Suisse, France, Pays Bas, Italie, Espagne) auprès de plus de 4000 sujets, hommes et femmes, âgés de 15 à 70 ans, vivant dans des villes représentatives.

Pour les pêches, l’échantillon était plus restreint avec 500 personnes issues de 5 pays (Allemagne, Pologne, Italie, Espagne France).

Au final on a recueilli 4271 questionnaires pour les pommes et 499 pour les pêches.

Ces questionnaires ont servi à étudier les différences de consommation entre les divers pays d’Europe, selon l’âge et le sexe.

Grands consommateurs de pêches : les Français !

Selon l’échelle de 0 à 4, les pays les plus gros consommateurs de pommes sont, par ordre décroissant : la Pologne (3,4), l’Italie (3), la Suisse, le France et l’Allemagne (2,8), alors qu’Espagne et Pays Bas (2,7) sont les moins gourmands.

Concernant pêches et nectarines, les Français remportent la palme de la consommation (3,7) et les Allemands sont les grands perdants (2,4).

Quelque soit le pays considéré, les femmes croquent plus de fruits que les hommes. D’une manière générale, les jeunes mangent moins de pommes et de pêches que les adultes et les plus de 60 ans.

Ces résultats montrent qu’il reste encore des efforts à fournir pour accroître les consommations de fruits en Europe. Le prix et la disponibilité sont les principaux facteurs influençant la consommation. Les différences observées concernant les pommes sont nettement moins marquées que pour les pêches dont la consommation est fortement influencée par la région et la saison. On ne s’étonnera pas que les pays méditerranéens en soient les plus forts consommateurs, en particulier les Français (dont un sur deux déclare consommer 3 à 5 pêches par semaine et 40% plus de 5 par semaine).

D’autres enquêtes ont bien montré que la consommation de fruits ne dépendait pas seulement d’une composante intentionnelle. Elle a aussi un caractère habituel et automatique. Les habitudes commençant dès l’enfance, l’apparence des fruits joue un grand rôle auprès des jeunes consommateurs, de même que leur caractère croquant et juteux… Enfant ou adulte, un pomme croquante et une pêche juteuse sont un bon moyen de se rappeler qu’un fruit c’est bon pour la santé… mais c’est avant tout un plaisir !

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
Konopcka D. et al, Appel and peach consumption habits across European countries. In press Appetite (2010) doi:10.1016/j.appet..2010.08.011
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