Fruits & légumes durant la grossesse

Manger méditerranéen durant la grossesse réduit-il le risque d’accouchement prématuré ?

5 à 10% d’accouchements prématurés dans les pays européens

L’accouchement prématuré est un accouchement qui survient plus de trois semaines avant la date prévue (<37 SA). Il représente 5 à 10% des grossesses dans les pays européens et serait responsable de la majorité de la mortalité néonatale. Il est également associé à une plus grande fréquence d’infections et de maladies infantiles. Les prématurés ont un taux plus élevé de malformations ou de handicaps mentaux, neurologiques ou physiques. Identifier les facteurs modifiables de l’accouchement prématuré est donc essentiel.

A ce jour, peu de facteurs ont été identifiés. Si de nombreuses études se sont focalisées sur l’alimentation de la mère, la plupart sont sans résultats probants. Quelques unes indiquent que les acides gras oméga 3 d’origine marine pourraient prolonger la durée de la grossesse et réduire le risque d’accouchement prématuré… D’autres n’ont pas pu reproduire ces résultats. Une forte consommation d’antioxydants a également été associée à une réduction du risque mais les résultats de ces études sont également contradictoires.

Une étude nutritionnelle d’intervention

Récemment, Khoury et ses collaborateurs ont apporté une contribution importante au sujet.

Ils ont réparti de manière aléatoire 290 Norvégiennes, enceintes et en bonne santé, dans deux groupes :

  • Un groupe d’intervention à qui on a conseillé d’avoir un mode alimentaire de type méditerranéen
  • un groupe témoin qui n’a pas reçu de conseils.

Cette étude cherchait à évaluer l’impact d’une alimentation visant à réduire le cholestérol sur les taux de cholestérol de la mère et du sang du cordon et sur la santé du nouveau-né. A partir d’évaluations nutritionnelles répétées, les auteurs ont publié des données convaincantes. Comme prévu, les femmes du groupe d’intervention avaient un taux sanguin plus faible de lipoprotéines LDL. Cependant, les auteurs ont été surpris de noter qu’il y avait significativement moins de naissances prématurées dans le groupe d’intervention (1 seulement) que dans le groupe témoin (11 naissances), ce qui correspond à des prévalences respectives de 0,7 et 7,4% soit à un risque relatif de 0,10 pour le groupe intervention.

Une grande cohorte d’observation au Danemark

Nous avons voulu vérifier ces résultats inattendus dans une grande cohorte d’observation au Danemark. Pour ce faire, nous avons évalué, durant la période 1996-2002, la consommation alimentaire d’environ 70 000 femmes par un questionnaire alimentaire rempli au milieu de la grossesse.

Des groupes ont été définis pour se rapprocher au maximum de ceux de l’étude randomisée de Khoury.

Les femmes qui avaient une alimentation de type méditerranéen :

  • mangeaient du poisson deux fois ou plus par semaine,
  • utilisaient de l’huile d’olive ou de colza,
  • prenaient 5 fruits et légumes par jour,
  • faisaient un repas de viande (autres que du poulet ou du poisson) au plus deux fois par semaine,
  • buvaient au maximum, deux tasses de café par jour.

Aucune fumeuse n’a été incluse. Sur 35 530 femmes, 1 137 (3,2%) répondaient à tous les critères du régime méditerranéen tandis que 540 (1,5%) n’en remplissaient aucun.

Pour les femmes ayant une alimentation de type méditerranéen, les odds ratios étaient de 0,61 pour un accouchement prématuré et de 0,28 pour un accouchement très prématuré (Intervalle de confiance à 95 % : 0,35 à 1,05 et 0,11 à 0,76, respectivement) chez les femmes ayant un mode alimentaire de type méditerranéen comparativement aux témoins.

Si la taille et l’aspect prospectif de notre étude lui confèrent une certaine puissance, sa limitation principale est qu’il s’agit d’une étude d’observation. Bien que les résultats aient été ajustés pour le niveau d’éducation et l’âge, on ne peut, bien sur, exclure la possibilité qu’un modèle alimentaire de type méditerranéen ne soit que le marqueur d’un meilleur style de vie,

Des résultats parfois contradictoires

Durant la grossesse, modifier l’alimentation vers un régime de style méditerranéen pourrait réduire le risque d’accouchement prématuré chez les Danoises.

En parallèle de la nôtre, une étude similaire a été menée en Norvège dans une large cohorte d’observation (Cohorte Norvégienne Mère Enfant). Cette étude n’a pas mis en évidence d’association entre un modèle alimentaire méditerranéen et le risque d’accouchement prématuré…

Il est donc clair que d’autres études sont nécessaires. Une des difficultés est que le modèle alimentaire méditerranéen n’est pas une entité bien définie et qu’on le considère souvent sous différents aspects en fonction de l’objectif de l’étude.

Sjurdur F Olsen
Groupe de Nutrition Maternelle, Statens Serum Institut, Copenhague, Danemark

Khoury J, Henriksen T, Christophersen B, Tonstad S. Effect of a cholesterol-lowering diet on maternal, cord, and neonatal lipids, and pregnancy outcome: a randomized clinical trial. American Journal of Obstetrics and Gynecology 2005; 193: 1292-301.

Mikkelsen TB, Østerdal ML, Knudsen VK, Haugen M, Meltzer HM, Bakketeig L, Olsen SF. Association between a Mediterranean-type diet and risk of preterm birth among Danish women: a prospective cohort study. Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica 2008; 87: 325-30.

Haugen M, Meltzer HM, Brantsaeter AL, Mikkelsen T, Østerdal ML, Alexander J, Olsen SF, Bakketeig L. Mediterranean-type diet and risk of preterm birth among women in the Norwegian Mother and Child Cohort Study (MoBa): a prospective cohort study. Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica 2008; 87: 319-24.
Références

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