Les barrières à la consommation de fruits et de légumes

Modifications alimentaires et consommation de fruits et légumes Tout est dans la relation entre le patient et son médecin !

Des chercheurs de l’Institut de la Santé et des Comportements de l’Université du Luxembourg ont récemment publier une étude passionnante qui met en valeur la relation médecin – patient dans le suivi des recommandations d’hygiène de vie.

L’évaluation des comportements de prévention secondaire dans le domaine cardio vasculaire a une importance majeure sur la santé publique. L’adhésion à ces comportements dépend de la manière dont les patients suivent les instructions de leur médecin (régularité du suivi, prise des traitements, modifications du mode de vie: réduction du sel, des graisses, des sucreries, arrêt du tabac, activité physique régulière).

Autre facteur essentiel : l’augmentation de la consommation de fruits et légumes (F&L) qui joue un rôle protecteur sur la prise de poids, la réduction des taux de cholestérol et le risque de maladie coronaire fatale.

Un manque de communication entre les médecins et leurs patients ?

Cependant, un grand nombre de patients n’appliquent pas ces mesures préventives. Pourquoi ce manque de mise en pratique ? Beaucoup de médecins considèrent – un peu excessivement sans doute – qu’ils ont affaire à des patients «non coopératifs».

Une autre explication possible de ce manque de compliance peut se situer dans un manque de communication entre les médecins et leurs patients. Les médecins jouent pourtant un rôle clé dans la communication sur l’information des risques à leurs patients. Une échelle de compétences des médecins dans la communication thérapeutique a même été établie et validée.

Les auteurs de cette étude se sont donc spécialement penchés sur l’influence de la qualité de communication médecin/patients à l’adhésion aux comportements de prévention.

Le P’Com : un auto-questionnaire portant sur la communication avec le médecin

Pour ce faire, 1289 patients – issus d’une cohorte initiale de 4391 sujets ayant bénéficié en 2008/9 d’une coronarographie au Centre de Cardiologie Interventionnelle de Luxembourg – ont été suivis pour une HTA, une hypercholestérolémie, un diabète, un surpoids et/ou une obésité et ont été recontactés 5 ans plus tard, en 2013/4.

Pour chaque facteur de risque cardio vasculaire, les auteurs ont étudié la relation entre la qualité de la communication médecins/ patients et la compliance de ces derniers aux conseils de prévention prodigués.

Les sujets ont rempli un auto-questionnaire portant sur la communication avec leur médecin (P’Com à 5 items) sur une échelle de 10 points (1: mauvaise communication-10 : très bonne communication)

Des effets plus marqués sur la consommation alimentaire

A ce stade les patients avaient un âge moyen de 69 ans (dont plus de 70% d’hommes). En termes de mode de vie, 19.4% avaient réduit leur consommation de tabac, 61.8% d’entre eux l’avaient cessée (dont 35% sur les conseils de leur médecin), 19.8% avaient augmenté leur activité physique.

Concernant les habitudes alimentaires: 57.9% avaient réduit ou arrêté leur consommation de sel, 71.9% celle de graisses, 62.8% celle de sucres, alors que 65% avaient augmenté leur consommation de F&L.

37% avaient opéré ces changements sur les conseils de leur médecin (cardiologue ou médecin traitant).

Aucun lien entre l’activité physique, le tabac, la consommation de graisses et la qualité de la communication

Après étude statistique, les relations entre comportements préventifs et qualité de la communication avec le médecin n’étaient pas toujours concluantes… En particulier aucun lien n’a été trouvé entre l’augmentation de l’activité physique et la qualité de la communication. Idem pour le tabac et la consommation de graisses…

En revanche, on retrouvait une association significative avec la qualité de la relation sur la réduction du sel chez les sujets hypertendus (OR=1.102) et des sucres chez les sujets en surpoids (OR=1.093) ou obèses (OR=1.106).

L’association entre l’augmentation de la consommation de F&L et la bonne relation avec le médecin était également nette, quand les patients étaient en surpoids (OR=1.081), obèses (OR=1.13), hypercholestérolémiques (OR= 1.102), hypertendus 1.084) ou diabétiques (OR=1.103).

Une bonne communication: un rôle déterminant en matière de prévention

En découvrant ces données, on voit donc qu’une bonne qualité de communication entre le médecin et son patient pèse beaucoup sur la nutrition, en particulier pour l’augmentation de la consommation de F&L frais.

La bonne perception des facteurs de risques cardio vasculaires, aussi bien par les patients que par les médecins, est essentielle pour la prévention cardio vasculaire. On pourrait imaginer que l’échelle de compétence relationnelle (P’Com), utilisée en routine, pourrait aider les médecins à améliorer leurs capacités de communication thérapeutique avec leur patient.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
M. Baumann et al, Impact of patient’s communication with the medical practitioners, on the adherence declared to preventive behaviours, five years after a coronary angiography, in Luxembourg. PLos ONE 11(6):eO157321. doi:10.1371, June 29, 2016.
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