Les barrières à la consommation de fruits et de légumes

Édito

Les consommations moyennes de fruits et légumes sont, en Europe comme en Amérique, toujours en-deçà des recommandations. De plus, les moyennes cachent des disparités au sein d’un même pays, avec en particulier, un gradient de consommation selon le niveau socio-économique. Devant ce constat, il convient de tenter d’expliquer pourquoi les individus n’adoptent pas les recommandations.

Les résultats des articles présentés dans ce nouveau numéro révèlent toute la difficulté à identifier les freins réellement associés à la consommation de fruits et/ou de légumes. En effet, trois des articles présentés ici montrent que nombre des freins perçus, y compris les plus cités, ne sont pas reliés à la consommation de fruits et/ou de légumes. A l’inverse, certaines barrières peuvent être non perçues comme telles par les consommateurs.

Ces articles illustrent bien la complexité des phénomènes. Ainsi, de façon surprenante, les effets du revenu sur la consommation de fruits ne sont pas médiés par une perception d’un prix élevé mais par la non-appréciation des fruits (Dijkstra et coll.). Le coût élevé d’une alimentation saine influence la consommation de fruits et légumes des personnes en situation de sécurité alimentaire mais pas celles en situation d’insécurité alimentaire (Mook et coll.).

Malgré les différentes populations étudiées et la diversité des approches, ces trois articles révèlent que la faible valeur hédonique attribuée à une alimentation saine (Mc Morrow et coll.) ou aux fruits et/ou légumes est un frein perçu significativement relié à une consommation de fruits et/ ou légumes plus faible. Il apparait donc évident qu’il faut fournir des moyens et occasions de goûter et consommer plus fréquemment une plus grande variété de fruits et légumes afin de rendre ces aliments plus attractifs. Alors, les faibles consommateurs découvriront sans doute que consommer des fruits et légumes peut rimer avec plaisir !

Sylvie Issanchou
Directrice de recherche - Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, Inra, Dijon - FRANCE
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