Politiques nutritionnelles et fruits & légumes

Promotion d’une alimentation saine auprès des enfants et adolescents aux Etats-Unis : les progrès accomplis et à accomplir…

En 2005, aux Etats Unis, l’Institut de Médecine (IOM) a publié un rapport qui évaluait l’impact des pratiques de la publicité pour les aliments et boissons sur la santé des enfants américains 1. Ce rapport concluait, qu’en majorité, ces pratiques ne faisaient pas la promotion d’une alimentation saine et ne préconisaient aucune recommandation dans ce sens. L’IOM soulignait que la grande majorité des jeunes Américains ne consommait pas suffisamment d’aliments de forte densité nutritionnelle comme les fruits et légumes (F&L).

Entre décembre 2005 et janvier 2011, une revue de littérature a été effectuée afin d’évaluer les progrès allant dans le sens des recommandations du rapport IOM, par les secteurs concernés, publics et privés. Cet article se centre sur les progrès accomplis par les écoles et le gouvernement 2 et résume les résultats concernant l’accessibilité, la disponibilité et la promotion des F&L auprès des jeunes.

Aucun progrès pour créer une campagne «d’alimentation saine»…

Le rapport IOM recommandait un partenariat entre les secteurs public et privé pour la création d’un programme de marketing social à long terme, polyvalent et financièrement rentable, en faveur d’une alimentation saine. En 2007, les Centres américains de Contrôle et de Prévention des Maladies (Centers for Diseases Control and Prevention – CDC) se sont associés au programme de marketing social Fruit & Veggies More Matters (Les Fruits & Légumes : plus, c’est plus important) pour relancer le programme « 5 par jour ».

En revanche, le gouvernement n’a fait aucun progrès pour créer une campagne « d’alimentation saine » avec un financement correct, assuré et continu. A tel point, qu’en 2010, le bulletin émis par l’Alliance Nationale pour les F&L a attribué surtout des notes de D et F pour les activités de marketing des aliments, les financements d’éducation alimentaire et l’incapacité des enfants et des adultes à satisfaire les recommandations gouvernementales en matière de portions de F&L.

Un arsenal légal sous-utilisé

Le gouvernement avait également été chargé d’utiliser tous les instruments de politiques publiques (subventions, taxes, lois et réglementations) pour faciliter l’accessibilité et la disponibilité des F&L. Des avancées prometteuses ont été accomplies grâce à de nombreux efforts :

• la loi de 2008, sur l’Alimentation, la Conservation des ressources et l’Energie a fourni un milliard de dollars en subventions gouvernementales pour apporter des produits frais aux enfants d’âge scolaire, grâce au programme sur les F&L Frais,
• la loi de 2009, pour la Relance et le Réinvestissement aux Etats- Unis, a permis au gouvernement de distribuer des millions de dollars en subventions gouvernementales et communautaires en 2010 pour augmenter l’accessibilité aux F&L,
• l’initiative 2010 de Financement d’une Alimentation Saine a proposé 400 millions de dollars en réductions d’impôts aux détaillants de produits alimentaires qui augmenteraient la disponibilité des F&L,
• la loi de 2010, sur les Enfants en Bonne Santé et Bien Nourris, a permis d’accorder 4,5 milliards de dollars en 2012 pour améliorer les standards nutritionnels des repas servis à l’école.

Malgré tous ces progrès, il apparaît que cet arsenal légal avait été sous-utilisé au niveau national et local lorsqu’il s’est agi d’étendre les marchés itinérants de produits sains et d’inciter les marchés agricoles à promouvoir la consommation de F&L. Il a également été souligné que le gouvernement n’avait pas utilisé ces instruments pour promouvoir les F&L dans le cadre d’une alimentation saine. Une analyse des dépenses du gouvernement fédéral pour les F&L, au sein du Ministère de l’Agriculture Américain (USDA), des Instituts Nationaux de Médecine (NIH) et du CDC, a révélé que seuls 2,8% des budgets combinés ont été utilisés pour des activités liées aux F&L. Pour combattre efficacement les maladies chroniques liées à l’alimentation, l’USDA devrait doubler ses dépenses pour les F&L en les passants de 3,4 à 7,0 milliards de dollars. Les NIH et CDC devraient augmenter leur budget respectif de 107,5 et 44,7 millions de dollars pour combler les déficits de recherche en matière de F&L.

Comment accélérer les progrès du gouvernement et des écoles dans la promotion des F&L auprès des jeunes ?

De nombreuses opportunités pour promouvoir les F&L par les écoles et le gouvernement ont été négligées et, pour y remédier, plusieurs nouvelles alliances et partenariats sont en cours.

Au début de l’année scolaire 2012, les districts scolaires américains ont instauré les recommandations nationales pour établir des repas scolaires plus sains, dont, en particulier, l’obligation de servir quotidiennement des F&L aux enfants, si les districts scolaires veulent recevoir un remboursement fédéral pour les repas. Autres initiatives prometteuses : le Programme USDA sur les fruits et légumes frais ; le Programme des Chefs à l’Ecole ; le programme de subvention de la Ferme à l’Ecole ; les jardins scolaires et le Programme pour les Bars à salade « Bougeons ! » dans les Ecoles.

Le gouvernement pourrait recueillir des fonds publics et privés pour développer et lancer une campagne soutenue de marketing social en faveur « d’une alimentation saine ». Il devrait utiliser tous les instruments légaux pour promouvoir la consommation des F&L, y compris des subventions fédérales pour soutenir leur production. Comment accomplir de telles initiatives ? Grâce à un soutien financier du gouvernement, des partenariats innovants, de nouvelles lois et des programmes éducatifs. Des évaluations sont évidemment nécessaires pour standardiser la disponibilité, l’accessibilité et la consommation des F&L, afin d’aider des millions d’enfants et d’adolescents à en consommer les quantités quotidiennes recommandées.

Vivica Kraak
Centre de Recherche Stratégique en Santé des Populations, Université Deakin, Victoria, Australie
Mary Story
Ecole de Santé Publique de l’Université du Minnesota, Minneapolis, MN, Etats-Unis
  1. McGinnis JM, Gootman JA, Kraak VI, editors; Committee on Food Marketing and the Diets of Children and Youth; Institute of Medicine. Food Marketing to Children and Youth: Threat or Opportunity? Washington, DC: The National Academies Press, 2006.
  2. Kraak VI, Story M, Wartella EA, Ginter J. Industry progress to market a healthful diet to American children and adolescents. Am J Prev Med. 2011;41(3):322-33.
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