Le coût du surpoids et de l’obésité dépasse les 2% du PIB mondial

2 décembre 2022
actualité surpoids obésité PIB Aprifel

Alors que deux personnes sur cinq sont actuellement en surpoids ou obèses dans le monde (NCD Risk Factor Collaboration, 2022), l’impact économique de ces pathologies n’est pas pleinement mesuré. Une récente étude vient pour la première fois d’estimer l’impact économique du surpoids et de l’obésité pour 161 pays. S’élevant actuellement à plus de 2% du PIB mondial, ce coût devrait dépasser les 3% du PIB en 2060 et frapper particulièrement les pays en voie de développement. Ces nouvelles données soulignent l’urgence d’investir dans des politiques de prévention systémiques et pérennes pour s’attaquer aux racines du surpoids et de l’obésité. Aprifel partage cette ambition qu’elle porte depuis sa création par ses actions.

L’obésité affecte la qualité de vie, la santé et le potentiel des personnes touchées. Cette maladie est en effet un facteur de risque important vis-à-vis de nombreuses maladies non transmissibles – troubles cardiovasculaires, diabète de type 2, cancers, troubles musculosquelettiques, psychiatriques … (OMS, 2021). Ainsi au-delà des impacts individuels de l’obésité, l’augmentation mondiale de sa prévalence est particulièrement préoccupante pour nos sociétés, en raison de son impact sur la santé de la population et sur les dépenses de santé (Trésor Eco n°179, 2016). Actuellement, la majorité des données sur l’impact économique du surpoids et de l’obésité proviennent des pays développés. Elles ne sont donc pas représentatives de ce qu’il se passe à l’échelle mondiale. Pour y palier, l’étude d’Okunogbe et coll. est la première à fournir des informations globales pour 161 pays avec une approche basée sur les coûts directs et indirects de santé.

Surpoids et obésité, un coût estimé à 2,19% du PIB mondial

D’après ces travaux, l’impact économique du surpoids et de l’obésité représente 2,19% du PIB mondial en 2019. Cette part est variable selon les pays et va de 0,87% dans les pays à faibles revenus jusqu’à 2,46% dans les pays développés.

Par habitant, la perte économique engendrée s’élève à 6$ en moyenne dans les pays en voie de développement et peut monter jusqu’à 1100$ dans les pays développés. Ces variations entre pays s’expliquent notamment par la différence de revenus et de PIB entre les régions du monde.

L’impact économique est d’autant plus important si l’on tient compte des coûts associés à l’allongement de l’espérance de vie des personnes en surpoids/obèses du fait de l’amélioration de la qualité des soins.

Les coûts indirects sont plus importants que les coûts liés aux soins

La majorité des études antérieures se sont limitées à l’évaluation des coûts directs de l’obésité et du surpoids. Ces coûts directs, quasi intégralement (99,8%) liés aux soins médicaux, ne représentent en réalité qu’une petite fraction du coût sociétal total (32%).

Ainsi, ce travail indique que les coûts indirects représentent en moyenne 68% du coût total selon les régions du monde. Parmi ces dépenses, la mortalité prématurée contribue à une part importante (environ 70% des coûts indirects).

Figure 1 : Répartition des coûts économiques directs et indirects du surpoids et de l’obésité (World Obesity Federation, 2022)

Vers une explosion des coûts d’ici 2060, en particulier dans les pays en voie de développement

Si les tendances actuelles se poursuivent, la grande majorité des pays devraient connaître, d’ici 2060, des niveaux de prévalence de surpoids et d’obésité supérieurs à 70 % de la population (World Obesity Federation, 2022). Les niveaux de prévalence les plus élevés – plus de 88% – seraient concentrés dans les pays en voie de développement.

Ainsi, l’augmentation de la prévalence de l’obésité et les changements démographiques et économiques auxquels nous faisons face risquent de fortement augmenter l’impact économique du surpoids et de l’obésité dans le monde.

Les auteurs estiment que cet impact pourrait représenter 3,29% du PIB mondial d’ici 2060, avec une augmentation plus importante concentrée dans les pays à faibles revenus. Entre 2019 et 2060, les coûts économiques totaux seront multipliés par quatre dans les pays développés, alors qu’ils seront 12 à 25 fois plus élevés dans les pays en voie de développement.

Figure 2 : Projections de l’augmentation de l’impact économique dans le monde entre 2019 et 2060 (en pourcentage, Okunogbe et al, 2022)

Prévention de l’obésité, un investissement rentable

Si des mesures pertinentes ont déjà été mises en place pour limiter l’augmentation du nombre de personnes en surpoids et/ou obèses, les auteurs soulignent qu’elles restent insuffisantes faces aux constats précédents.

Les scénarios explorés dans cette étude plaident ainsi pour accroître les investissements en matière de prévention. En effet, selon ce travail, réduire la prévalence de l’obésité de 5% entre 2020 et 2060 permettrait d’économiser 429 milliards de dollars par an en moyenne dans le monde.

Cette estimation va dans le sens des travaux menés en 2019 par l’OCDE :

Pour chaque dollar dépensé dans des politiques publiques, 5 à 6 dollars sont générés en retour sur investissement.
Le poids de l’obésité : l’économie de la prévention – OCDE, 2019

Cette étude souligne ainsi l’urgence économique que représente l’augmentation des investissements dans des politiques publiques pérennes et systémiques pour faire face à au surpoids et à l’obésité. Transformer les systèmes alimentaires, afin que le choix le plus sain, devienne le choix le plus simple était une recommandation au cœur des conclusions de la conférence EGEA 2018.

Surpoids et obésité, les pays en développement en première ligne

Contrairement aux idées reçues, le surpoids et l’obésité n’affectent pas que les pays développés. En effet, parmi les régions avec les taux d’obésité les plus élevés figurent un grand nombre de pays à revenus intermédiaires (Okunogbe et al, 2022). De plus, 77% des décès imputables aux maladies non transmissibles liées au surpoids et l’obésité surviennent dans les pays en voie de développement (Murray et al, 2020).

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