Europe : la consommation de fruits progresse chez les adolescents mais les inégalités sociales s’accentuent 

24 novembre 2023

Si les bienfaits des fruits et légumes pour la santé des enfants et des adolescents sont aujourd’hui bien établis, la consommation de ces aliments reste insuffisante dans cette population. Face aux données parcellaires concernant la situation en Europe, une étude a examiné les consommations de fruits chez les adolescents d’Europe de l’Ouest sur la période 2002-2018. Ce travail montre une amélioration progressive au fil du temps. Pour autant, moins d’un adolescent sur deux consomme quotidiennement des fruits et les inégalités socio-économiques se sont accrues dans certains pays.

L’adolescence est une période importante pour l’acquisition d’habitudes alimentaires saines susceptibles de perdurer à l’âge adulte (Levin et al., 2012). Si les bénéfices d’une consommation suffisante et quotidienne de fruits et légumes sur la santé sont aujourd’hui bien établis, les adolescents constituent l’un des groupes de population ayant les consommations le plus faibles (Kimmons et al. 2009).

En France, seuls 10% des 3 à 17 ans respectent la recommandation “5 fruits et légumes par jour”.
(CREDOC, 2019)

De nombreux déterminants modulent la consommation de fruits et légumes à l‘adolescence : préférences individuelles, habitudes des parents, disponibilité de ces aliments – à la maison et/ou à l’école, ou encore temps de préparation (Krolner et al., 2011). De nombreux travaux identifient également le statut socio-économique des parents comme un déterminant de la consommation de fruits des enfants (Rasmussen et al., 2006).

Afin de dresser un état de la situation en Europe de l’Ouest, une étude récente (Nicolas et al., 2023) a analysé l’évolution des consommations de fruits chez les adolescents de 2002 à 2018. Au total, ce travail porte sur plus de 430 000 adolescents issus de 18 pays (voir encadré).

Moins de 40 % des adolescents consomment quotidiennement des fruits

Dans l’ensemble de l’échantillon étudié, la proportion d’adolescents consommant quotidiennement des fruits est faible (36,4%) mais significativement plus élevée chez :

  • Les filles ;
  • Les adolescents les plus jeunes ;
  • Les adolescents présentant un statut socio-économique élevé.

Figure 1 : Proportions d’adolescents consommant quotidiennement des fruits (d’après Nicolas et al., 2023)

Un mieux dans la majorité des pays

Des disparités régionales se dessinent également. En 2018, l’Autriche, la Belgique francophone, le Portugal, l’Angleterre, l’Italie et la Suisse sont les pays avec la proportion de consommateurs quotidiens la plus importante (≥ 40,0 %). Les pays où les fréquences de consommation sont les plus faibles sont la Finlande (22%), la Suède (26,5%) ainsi que le Pays de Galles (33,7%).

Au cours des 16 années de suivi, la fréquence de consommation quotidienne de fruits a significativement augmenté dans 10 des 18 pays étudiés. A l’inverse, en Allemagne, en Italie et en Suède, la situation s’est dégradée, avec une diminution respective de 4.6pts, 1.9pts et 0.9pts dans la proportion de consommateurs quotidiens de fruits.

Les écarts se creusent entre enfants issus de familles modestes et aisées

Pour l’ensemble de l’échantillon, les inégalités socio-économiques en matière de consommation de fruits sont nettes, avec plus de 10 points d’écarts entre les enfants issus de familles aisées et ceux issus de familles modestes. Ces écarts se sont, en outre, creusés au fil du temps.

Ces disparités sont notamment plus marquées en Autriche, Italie, Pays- Bas, Écosse et Suisse. Dans ces pays, les écarts sont particulièrement significatifs. La Norvège est le seul pays où la consommation reste équivalente entre les catégories socioéconomiques tout au long du l’étude.

Poursuivre les efforts pour garantir l’accès à une alimentation saine et riche en fruits et légumes pour tous

Cette tendance à l’augmentation de la fréquence de consommation de fruits chez les adolescents est observée dans d’autres études telles que la USA-NHANES Survey, et les enquêtes norvégiennes Young-HUNT1 et Young-HUNT3. Les politiques publiques mises en place, notamment sous l’impulsion de l’OMS (OMS, 2000 ; OMS, 2015), pourraient expliquer cette tendance générale. En effet, depuis 2000, de nombreux pays ont déployé des politiques en faveur des “5 portions par jour” avec des actions pour augmenter la disponibilité de fruits et légumes dans les cantines (Lloyd Williams et al., 2014) et à l’école, par exemple avec le programme “Lait et Fruits à l’école”.

Malgré ces actions, 3 pays européens bénéficiant de ces programmes voient la situation se dégrader. Selon les auteurs, cette observation pourrait résulter d’une tendance de fond au changement de comportements en faveur d’aliments moins coûteux et à forte densité énergétique. Considérant les inégalités sociales observées concernant la consommation de fruits, les auteurs soulignent également la nécessité de mieux prendre en compte cette disparité par les politiques publiques afin de garantir l’accès aux fruits à toutes les populations.

Etudes HBSC – Un suivi périodique réalisé sous l’égide de l’OMS Europe

Les données examinées dans ce travail sont issues de 5 enquêtes HBSC – Health Behaviour in School-aged Children successives. Ces études englobent 18 pays d’Europe de l’Ouest et portent sur 435 055 adolescents âgés de 11, 13 et 15 ans. Pour chaque enquête, la fréquence de consommation quotidienne de fruits a été évaluée à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire. Le statut socio-économique des adolescents a été déterminé à l’aide du Family Affluence Scale.

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