Fruits et légumes : la santé des enfants

Dur d’être un enfant obèse

L’épidémie croissante d’obésité infantile a attiré l’attention sur les facteurs de risques et les co-morbidités associées. Selon les données les plus récentes, il y aurait, en Europe, 22 millions d’enfants en surpoids et 5 millions d’obèses, chiffre qui augmente de 300 000 enfants chaque année. Ainsi, l’obésité infantile représente un fardeau important et continuellement croissant pour la santé publique et la société en général.

Une augmentation des risques cardiovasculaires

Les facteurs de risques cardiovasculaires classiques associés à l’obésité sont fréquemment retrouvés chez les enfants, en particulier chez les adolescents. Les odds ratios pour les facteurs de risque suivants sont : hypertension diastolique 2,4 ; augmentation du LDL 3,0 ; faible taux de HDL 3,4 ; hypertension systolique 4,5 ; triglycérides élevés 7,1 et insuline élevée à jeun 12,6 . Dans une autre étude européenne, les enfants obèses avaient 19,35 fois plus de risque de développer au moins l’un des facteurs de risques suivants : hypertension artérielle, hyperinsulinémie/insulinorésistance, intolérance au glucose/diabète de type 2, augmentation de cholestérol LDL, diminution de cholestérol HDL ou hypertriglycéridémie. Dans cette étude, ils avaient également 6,29 fois plus de risque d’avoir plus d’un facteur de risque que le groupe contrôle de poids normal.

De plus en plus de diabète chez les enfants

Le surpoids et l’obésité infantiles jouent également un rôle majeur dans le développement du syndrome métabolique (SM) qu’on définit comme le regroupement des facteurs de risque listés ci-dessus2. Une publication récente a estimé la prévalence du SM en Europe à partir d’une revue de la littérature et l’a extrapolée pour les 25 pays membres. Elle serait de 23,9% chez les enfants et les adolescents européens (1,21 millions d’enfants)1.

Les études de population suggèrent que, chez les adultes, l’épidémie d’obésité a été suivie de celle du diabète de type 2 (DT2). Ces dernières années, le DT2 a été rapporté de plus en plus souvent chez les enfants et adolescents en surpoids ou obèses. A présent, le diagnostic de DT2 est habituellement porté chez des enfants de plus de 10 ans, au milieu ou à la fin de la puberté. Comme le surpoids augmente dans la population enfantine, le DT2 devrait ainsi toucher des enfants plus jeunes, pré-pubères. Cependant, la prévalence de DT2 reste inférieure à 2% chez les enfants européens obèses3.

Le poids des conséquences psycho-sociales

Des conséquences psychosociales défavorables, résultant des modifications de l’apparence physique et des handicaps physiques, sont fréquentes4. Dès
l’âge de 6 ans, les enfants obèses peuvent être perçus de façon négative, souffrir de rejet, avoir des relations sociales pauvres, être isolés ou acquérir une mauvaise image de leur corps. Ils présentent souvent des signes de dépression. Ces problèmes peuvent persister à l’âge adulte.

Le fardeau social de l’obésité peut également retentir sur les résultats scolaires : les difficultés d’apprentissage5 sont dues à une hypoventilation nocturne ou une apnée du sommeil et à une malnutrition par la consommation d’aliments riches en énergie et pauvres en nutriments. Elles peuvent réduire la durée de la scolarité et être à l’origine d’un moindre niveau socioéconomique à l’âge adulte.

Les modifications hormonales et pubertaires peuvent être les plus préoccupantes pour les enfants obèses : pseudo-gynécomastie et pseudohypogénitalisme chez les garçons, hirsutisme et formation accrue d’acné chez les filles, pouvant être aggravés par une puberté précoce, des cycles irréguliers ou un syndrome des ovaires polykystiques.

Chez les enfants obèses, on retrouve également des complications orthopédiques, des pseudotumeurs cérébrales, des modifications cutanées et des troublesdu métabolisme anti-oxydatif6.

Petit obèse deviendra grand… et gros

Les données épidémiologiques du monde entier montrent l’augmentation rapide de l’obésité infantile. Elles soulignent l’importance de se concentrer sur l’évaluation correcte des facteurs de risque et le développement de critères de dépistage. Cependant, l’évolution de cette pathologie montre qu’une sévérité croissante et/ou une durée prolongée de l’obésité entraînerait une augmentation du nombre de conséquences défavorables. Ainsi, des signes pathologiques mineurs décelés durant l’enfance seraient associés à un risque encore plus élevé de développer des pathologies associées à l’obésité au début de l’âge adulte.

De plus, une obésité chez l’enfant a tendance à persister plus tard dans la vie. Le risque d’obésité à l’age adulte est deux fois plus élevé chez les enfants en surpoids par rapport aux enfants de poids normal. Une revue de la littérature sur la persistance de l’obésité au cours de la vie a montré que 26 à 41% des enfants obèses d’âge pré-scolaire et 42-63% des écoliers obèses devenaient des adultes obèses.

Au vu ces données, un ensemble de preuves suggère donc que l’on doit consacrer les efforts de santé publique au dépistage et à la prévention précoce de l’obésité chez les enfants. La responsabilité en incombe aussi bien aux parents, qu’aux paramédicaux et aux médecins.

Denes Molnar
Département de Pédiatrie, Université de Pécs, Pécs, Hongrie
Eva Kovacs
Département de Pédiatrie, Université de Pécs, Pécs, Hongrie
  1. Lobstein T, Jackson-Leach R. Estimated burden of paediatric obesity and co-morbidities in Europe. Part 2. Numbers of children with indicators of obesity-related disease. J Pediatr Obesity 2006; 1:33-41.
  2. Molnár D. Prevalence of the metabolic syndrome and type 2 diabetes mellitus in obese children and adolescents. Int J Obesity 28(Suppl 3): S70-S74, 2004
  3. Malecka-Tendera E, Erhardt E, Molnar D. Type 2 diabetes mellitus in European children and adolescents. Acta Paediatrica 94: 543-6, 2005.
  4. Török K, Szelényi Z, Pórszász J, Molnár D. Low physical performance in obese boys with multimetabolic syndrome. Int J Obesity 25: 966-70, 2001
  5. Cserjési R, Molnár D, Luminet O, Lénárd L. Is there any relationship between obesity and mental flexibility in children? Appetite. 49: 675-8, 2007
  6. Molnár D, Decsi T, Koletzko B. Reduced antioxidant status in obese children with multimetabolic syndrome. In J Obesity 28: 1197-1202, 2004
Retour Voir l'article suivant