Environnement alimentaire et impact sur la consommation

Environnement et obésité

Dans cette revue de la littérature, le terme « environnement » est envisagé dans son acception globale, c’est-à-dire tout ce qui vient de l’extérieur et entoure l’homme. Cela englobe des déterminants multiples qui agissent soit en conditionnant le contenu des prises alimentaires ou l’activité physique, soit par d’autres mécanismes (épigénétiques, etc…). Cette approche s’intéresse au « pourquoi de l’assiette » et pas seulement au résultat final. L’auteur les classe en :

  • facteurs liés à l’habitat et aux transports,
  • facteurs liés aux écrans,
  • facteurs d’origine agro-alimentaire,
  • facteurs liés au marketing, à la publicité et aux médias,
  • facteurs liés au voisinage,
  • facteurs éducatifs, …

Certains autres facteurs « mineurs » sont envisagés, tels l’exposition à la lumière (d’impact non réellement évalué) alors que d’autres comme le stress, le mode d’accouchement et d’allaitement, le défaut de sommeil ou les régimes, ne sont pas évoqués.

Facteurs liés aux écrans

Parmi les nouveaux facteurs les plus documentés, le rôle extrêmement négatif des écrans est retenu. Chez les sujets qui regardent la télévision 3 heures par jour, la prévalence du surpoids est pratiquement doublée. L’usage des écrans est accompagné d’un grignotage et  d’un déficit de sommeil, le tout étant responsable d’une augmentation de 5 à 15 % du poids corporel. Dans ces conditions, le grignotage de « junk food » accroît de plus de 20 % l’apport calorique. La taille des portions et la consommation de boissons sucrées interviennent également.

Environnement socio familial

Le rôle du milieu socio familial participe très largement au risque d’obésité : c’est le cas des personnes à faible revenu, du lieu d’habitation mais aussi des habitudes familiales. Ainsi, des jumeaux adoptés dans des familles différentes auront tendance à prendre du poids si les parents adoptifs sont en surpoids. Ceci n’exclut pas le rôle de la génétique ni de l’épigénétique, en particulier l’exposition à des contaminants environnementaux exogènes, notamment en période prénatale.

Mécanismes d’action possibles

L’auteur évoque les modes d’action par lesquels les facteurs environnementaux pourraient agir. Il cite, bien sûr, le microbiote et ses très nombreux modulateurs. On sait que sa composition dépend du mode d’accouchement, d’allaitement, de l’alimentation, de médicaments… Cependant, il existe des similitudes significatives chez les personnes vivant sous le même toit, ce qui peut interférer avec les facteurs génétiques ou nutritionnels familiaux. Le microbiote agit sur l’expression de facteurs anti-obésité tels que le Brain-Derived Neurotrophic Factor (BDNF), le Glucagon-like peptide-1 (GLP1), ou la production de métabolites bactériens peptidiques ayant un effet anorexigène proche de l’αMSH.

Parmi les facteurs émergents, il signale également le rôle du stress et son implication dans l’insulino-résistance et donc, dans le syndrome métabolique.

En conclusion, ce travail a le mérite de montrer le caractère complexe et multifactoriel des déterminants de l’obésité, et d’identifier des leviers d’action ne se limitant pas à imposer un étiquetage nutritionnel, mais à aller bien au-delà !

Jean-Michel Lecerf
Service de Nutrition, Institut Pasteur de Lille, FRANCE
Basé sur : Nicolaidis S. Environment and obesity. Metab. Clin. Experim. 2019, 100 (153942).
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