Des os plus solides grâce aux fruits et légumes

Et si le régime méditerranéen réduisait l’incidence des fractures de hanche : les révélations du projet CHANCES

La prévention des fractures de hanche est une priorité mondiale de santé publique pour les populations âgées. Le rôle des habitudes alimentaires pour la promotion de la santé osseuse et la prévention de telles fractures suscite un intérêt considérable parmi les chercheurs.

Régime méditerranéen et santé

Le régime méditerranéen (RM) traditionnel se caractérise par une consommation :

  • importante de fruits, légumes, légumineuses et céréales (principalement sous forme complexe),
  • faible de viande et produits carnés
  • faible à modérée de produits laitiers
  • modérée à importante de poisson
  • importante de lipides ajoutés insaturés (en particulier sous la forme d’huile d’olive)
  • modérée de vin ¹.

L’adoption du RM est constamment associée à une réduction de la mortalité totale ainsi qu’à l’incidence et la mortalité des maladies cardiovasculaires et du cancer. Des associations similaires ont également été rapportées pour d’autres maladies chroniques, comment le diabète de type 2 et les maladies neurodégénératives ².

Régime méditerranéen et fractures de hanche

De plus en plus de preuves montrent que le RM peut également réduire l’incidence des fractures de hanche. En 2013, une étude de cohorte, réalisée dans huit pays européens a montré qu’une forte adhérence au RM était associé à une réduction du risque de fracture de hanche. En 2016, deux vastes études prospectives de cohorte, menées dans différentes zones géographiques, ont également montré une association inverse entre le RM et l’incidence de ces fractures.

Nous avons donc étudié l’hypothèse qu’un suivi accru du RM était associé à une réduction du risque de fracture de hanche, parmi un large échantillon d’adultes âgés vivant en Grèce, en Suède et aux États-Unis.

CHANCES : 5 cohortes et 140 775 adultes de plus de 60 ans

Le Consortium on Health and Ageing: Network of Cohorts in Europe and the United States (CHANCES*) a fourni une occasion unique d’étudier cette hypothèse à l’aide de données harmonisées ³. Cinq cohortes prospectives assorties de données pertinentes ont été incluses dans cette analyse. Au total, 140 775 adultes (dont 116 176 femmes), âgés d’au moins 60 ans, ont été suivis, 5 454 d’entre eux ayant subi une fracture de hanche. Leur alimentation a été évaluée initialement par des questionnaires de fréquence de consommation alimentaire, validés et spécifiques aux cohortes et les fractures de hanches ont été confirmées grâce à des registres de patients ou des questionnaires/ entretiens téléphoniques. Le suivi du RM a été évalué selon un score RM, sur une échelle de 10 points, modifié pour s’appliquer aussi à des populations non méditerranéennes 4.

Une réduction de 4 % du risque de fracture de hanche

Une augmentation de 2 points sur 10 du score RM (SRM) a été significativement associée à une réduction de 4 % du risque de fracture de hanche. Dans les analyses par catégories, ce risque était plus faible chez les hommes et les femmes adoptant le RM de manière modérée (SRM : 4-5) ou soutenue (SRM : 6-9) par rapport à ceux avec une faible adhérence (SRM : 0-3).
L’association observée s’est révélée évidente pour les deux sexes (bien que marginale chez les hommes) après contrôle de l’indice de masse corporelle, de l’activité physique, du statut tabagique, du niveau d’éducation et d’autres facteurs de confusion importants et homogènes parmi les cohortes.

Des modes d’action qui passent par le processus de remodelage osseux

Les connaissances scientifiques actuelles apportent une crédibilité physiologique au fait que le RM pourrait réduire le risque de fracture de hanche. Les constituants des grandes catégories alimentaires, consommés de manière modérée à importante, dans le cadre du RM, comme les vitamines, les phytonutriments, les antioxydants, les minéraux et fibres, les polyphénols et acides gras oméga 3 – ont été associés à des effets bénéfiques sur la santé osseuse et/ou la prévention des fractures. Les modes d’action passent principalement par le processus de remodelage osseux (induction de l’activité des ostéoblastes – inhibition de l’activité ostéoclastique), l’absorption de calcium et la réponse inflammatoire de l’organisme 5. Par ailleurs, il existe probablement des interactions nutriment-nutriment et une synergie alimentaire entre les composantes individuelles du régime consommé sous forme d’aliments complets, qui contribuent à une activité biologique bénéfique.

Dans ce large échantillon d’adultes âgés, une adhérence accrue au RM est associée à une réduction du risque de fracture de hanche. Compte tenu des effets bénéfiques établis par le RM en matière de survie et de prévention de grandes maladies chroniques, ce régime pourrait présenter l’avantage supplémentaire de réduire le risque de fracture de la hanche.

Vassiliki Benetou
Service d’hygiène, épidémiologie et statistiques médicales, École de médecine, Université nationale et capodistrienne d’Athènes Fondation de santé grecque et hellénique, Athènes - GRECE
Ce travail, dérivé du projet CHANCES, a été soutenu par le septième programme-cadre de recherche de la Commission européenne (numéro de subvention : HEALTH-F3-2010-242244). Les cohortes nationales ont été soutenues par : EPIC-Elderly Grèce : l’Hellenic Health Foundation ; EPIC-Elderly, Suède (Umeå) : la Swedish Cancer Society et le Swedish Research Council ; la Cohort of Swedish Men (COSM) et la Swedish Mammography Cohort (SMC) du Karolinska Institutet, Suède : le Swedish Research Council, la Strategic Foundation du Karolinska Institutet et l’université Uppsala et la Swedish Cancer Society ; le National Cancer Institute (NHS) (numéro de subvention P01CA87969). Basé sur : Benetou, V., Orfanos, P., Feskanich, D. et al. Mediterranean diet and hip fracture incidence among older adults: the CHANCES project. Osteoporosis Int (2018) 29:1591-1599.
  1. Trichopoulou A, Lagiou P (1997). Nutr Rev 55: 383-389
  2. Sofi F, et al. (2014). Public Health Nutr 17(12):2769-82.
  3. Boffetta P, et al. (2014). Eur J Epidemiol 29(12):929-36.
  4. Trichopoulou A, et al. (2003). N Engl J Med 348: 2599-2608.
  5. Schulman RC, Weiss AJ, Mechanick JI (2011). Curr Osteoporos Rep 9(4):184-95.
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