Fruits & légumes et densité énergétique

Qualité de l’alimentation, mode de vie et faible densité énergétique

De bonnes habitudes alimentaires sont la clé de voûte d’une bonne santé. Identifier les propriétés et les habitudes alimentaires, associées à une meilleure santé, pourrait aider les décideurs à développer des stratégies de promotion d’une alimentation saine.

Une alimentation à faible teneur calorique améliore la qualité du régime

La densité énergétique d’un régime, définie comme la quantité d’énergie disponible par unité de poids d’un aliment consommé, semble jouer un rôle dans la régulation de la prise alimentaire1. Une faible densité énergétique est associée à une moindre consommation énergétique : les personnes qui consomment une plus grande quantité d’énergie ont une probabilité plus forte de satisfaire leurs besoins nutritionnels. Bien qu’ en théorie, un apport calorique restreint provoquerait un déséquilibre nutritionnel, plusieurs études récentes suggèrent qu’une alimentation à faible teneur calorique améliore la qualité de l’alimentation2, 3 et est associée à une évolution favorable de l’obésité et du diabète dans la population générale4, 5.

Des indices pour quantifier la qualité globale de l’alimentation

Les données nutritionnelles provenant d’un questionnaire sur la fréquence des prises alimentaires et d’autres facteurs de mode de vie ont été analysées6 dans un échantillon aléatoire de sujets âgés de 25 à 74 ans de la population de Gerona en Espagne.

Dans cette étude, une alimentation de faible densité énergétique était associée à un mode de vie plus sain. Les participants qui avaient une alimentation à faible teneur calorique pratiquaient plus souvent une activité physique, buvaient moins d’alcool et étaient plus souvent nonfumeurs que ceux qui avaient une alimentation de haute densité énergétique.

Récemment, une approche holistique, intégrant des indices composites du comportement alimentaire, a été créée pour quantifier la qualité globale de l’alimentation7. Ces indices réunissent suffisamment de données sur les comportements alimentaires pour offrir un indicateur unique de qualité nutritionnelle. Ainsi, bien que basés sur des critères différents, le Score de Régime méditerranéen et d’Index d’Alimentation Saine permettent de classer le degré d’adhésion à une alimentation saine.

Plus important encore, une forte adhésion à ces régimes a été associée à de moindres risques de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension et de mortalité8, 9.

Un modèle intéressant d’alimentation saine

Dans notre étude, l’adhésion à une alimentation de faible densité énergétique a été fortement corrélée à ces deux indices, chez les hommes et les femmes. A l’inverse, ceux qui rapportaient une alimentation de forte densité énergétique, avaient un score d’alimentation de moindre qualité. En outre, les participants avec une alimentation à faible teneur calorique respectaient mieux les recommandations nutritionnelles de la Société Espagnole pour la Nutrition.

Ainsi, une consommation importante d’aliments peu caloriques peut être considérée comme un important facteur de qualité nutritionnelle. Un modèle intéressant d’alimentation saine inclurait :

  • de nombreux aliments à faible teneur calorique,
  • des quantités modestes d’aliments à teneur calorique moyenne (poissons, légumes secs),
  • une faible quantité d’aliments végétaux à haute teneur énergétique.

La question du coût est importante

Cependant, les choix alimentaires sont influencés par un grand nombre de facteurs comme la saveur, le coût, la simplicité de préparation et à un moindre degré, la santé et la variété10. Il a été démontré que les contraintes économiques entraînent une alimentation moins saine, caractérisée par une forte densité énergétique et une haute palatabilité*11. Dans la population étudiée, la consommation de fruits et légumes représentait moins du tiers du coût total moyen de l’alimentation12. De plus, une alimentation pauvre en énergie était liée aux coûts. Afin d’identifier et de promouvoir une alimentation saine, les coûts doivent être pris en compte, sinon, promouvoir un nouveau style d’alimentation risquerait d’être inutile, surtout chez les groupes les plus défavorisés.

Qualité de l’alimentation et faible densité calorique sont compatibles

Une alimentation de densité énergétique basse, choisie librement, aura une composition en aliments et en micronutriments très variable selon les populations. La consommation d’une grande diversité de nutriments va de pair avec une consommation énergétique accrue. Une alimentation à faible densité énergétique pourrait avoir tendance, en théorie, à apporter moins de nutriments qu’une alimentation à haute densité énergétique. Le vieillissement est généralement associé à une perception altérée de la soif, de la faim et de la satiété et, chez les personnes âgées, on note une perte d’appétit. Or, les données d’une étude effectuée chez des hommes et femmes âgés à domicile, montrent qu’une alimentation de faible densité énergétique apporte une quantité suffisante d’oligo-éléments13. De plus, la prévalence d’une alimentation adéquate, définie comme la satisfaction des AJR (Apports Journaliers Recommandés) pour 19 nutriments, était plus élevée chez les hommes et les femmes qui s’alimentaient de manière peu calorique que chez leurs pairs qui s’alimentaient de manière hautement calorique.

Helmut Schröder
Groupe de Recherche sur Les Risques Cardiovasculaires et la Nutrition, Institut Municipal de Recherche Médicale, Barcelone, Espagne
  1. Rolls BJ, Roe LS, Meengs JS. Am J Clin Nutr. 2006;83:11-17.
  2. Ledikwe JH, et al. J Am Diet Assoc 2006;106:1172-1180.
  3. Cuco G, et al.. Eur J Clin Nutr. 2001;55:192-199.
  4. Rolls BJ, et al.. Obes Res. 2005;13:1052-1060.
  5. Mendoza JA, et al.. Diabetes Care. 2007;30: 974-979.
  6. Schröder H, et al. J. Eur J Clin Nutr. 2007 Jul 11. [Epub ahead of print]
  7. Kant AK. J.Am.Diet.Assoc. (2004) 104: 615-635.
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  9. Schröder H. Nutr Biochem. 2007 Mar;18(3):149-60..
  10. Glanz K, et al. J Am Diet Assoc 1998; 98: 1118-1126.
  11. Drewnowski A, Darmon N. Am J Clin Nutr 2005; 82: 265S-273S.
  12. Schröder H, et al.. Int J Obes (Lond). 2006 Oct;30(10):1574-9. 13. Schroder H, et al.. J Nutr, in press 2008.
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