Les recommandations nutritionnelles : sont-elles compatibles avec une alimentation durable ?

Édito

Les recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments (Food Based Dietary Guidelines ou FBDG) sont des documents élaborés par les responsables politiques chargés de préconiser une alimentation appropriée pour la population. Depuis les années 1960, elles sont l’un des nombreux outils dont disposent les responsables politiques pour faire évoluer les habitudes alimentaires.

Les tensions entre la santé et la durabilité dans les recommandations nutritionnelles sont largement débattues depuis le début des années 2010.

L’état des lieux sur les recommandations nationales pour une alimentation saine et durable a mis en évidence qu’il est possible de concilier santé et durabilité : il a été démontré que des changements de régime alimentaire en fonction des recommandations nutritionnelles permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Au cours des trois dernières années, nous avons considérablement amélioré notre capacité à analyser et à quantifier en détail les incidences sur la durabilité, et avons ainsi obtenu un éventail plus large de résultats. Les conclusions de Ritchie et al. (2018) et de Springmann et al. (2020) suggèrent que la majorité des recommandations nutritionnelles actuelles sont incompatibles avec les objectifs mondiaux en matière d’émissions de GES. Le problème tient en partie du fait que les orientations en matière d’alimentation sont généralement qualitatives et ne contiennent pas de recommandations quantifiées. Cela engendre une incertitude dans le calcul des impacts sur l’environnement.

Dans ce numéro d’Equation Nutrition, trois articles résumés illustrent comment davantage quantifier les recommandations nutritionnelles en utilisant l’optimisation de l’alimentation pour élaborer des régimes adaptés au contexte national. Ces articles soulignent que, dans des contextes français (Kesse-Guyot et al., 2020), italien (Ferrari et al., 2020) et danois (Lassen et al., 2020), des recommandations quantifiées sur l’alimentation sont possibles et susceptibles de conduire à des bénéfices mutuels en terme de santé et de durabilité.

Christian Reynolds
Centre for Food Policy City, University of London, ROYAUME-UNI
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