Glucides et fibres alimentaires : l’OMS met l’accent sur la qualité dans ses nouvelles recommandations

7 décembre 2023

L’OMS a récemment actualisé ses recommandations sur les apports en glucides. Ce travail souligne l’importance de la qualité des glucides et des apports en fibres alimentaires pour réduire le risque des maladies non transmissibles. L’OMS recommande également que l’apport glucidique provienne principalement de céréales complètes, de fruits, de légumes et de légumineuses.

Principale cause de mortalité dans le monde, les maladies non transmissibles sont à l’origine de 41 millions de décès chaque année (OMS, 2022). Le mode de vie au sens large – manque d’activité physique, sédentarité, tabagisme, alimentation de mauvaise qualité – regroupe les principaux facteurs de risque de ces pathologies. Ainsi, faire évoluer les habitudes de vie et l’alimentation sont des leviers clés de prévention.

Parmi les facteurs de risque alimentaires, la « qualité » des glucides dans l’alimentation (voir encadré) a été largement étudiée en tant que modulateur potentiel des maladies non transmissibles et du risque d’obésité. En effet, les glucides constituent la principale source d’énergie dans l’alimentation de nombreuses personnes. Présents dans une grande variété d’aliments, principalement d’origine végétale, ces nutriments constituent une famille très large de composés aux propriétés et effets variés sur l’organisme. Afin d’actualiser et de préciser les recommandations existantes, l’OMS vient de publier une nouvelle directive actualisant les recommandations nutritionnelles sur les glucides. Ce travail vient, notamment compléter les recommandations concernant la consommation de sucres libres.

Privilégier les céréales complètes, fruits, légumes et légumineuses comme principale source de glucides

Fondées sur l’analyse exhaustive de la littérature disponible, ces nouvelles recommandations de l’OMS soulignent l’importance de la qualité des glucides – y compris en fibres alimentaires – sur la réduction de risque de maladies chroniques. Ainsi, la première recommandation issue de ce travail est que l’apport glucidique provienne principalement de céréales complètes, de fruits, de légumes et de légumineuses, et ce dès 2 ans et tout au long de la vie.

Les revues inclues dans ce rapport montrent notamment qu’une consommation plus importante de ces aliments est associée à une réduction significative du risque de plusieurs maladies non transmissibles et de mortalité toutes causes confondues. En particulier, une étude (Reynolds et al., 2019) rapporte que pour chaque consommation de 200g de fruits et/ou légumes par jour chez un adulte, le risque est réduit de :

10%

pour la mortalité toutes causes confondues

8%

pour les maladies cardiovasculaires

16%

pour les AVC

3%

pour les cancers

Fruits et légumes : des bénéfices proportionnels aux quantités consommées

Dans ces nouvelles recommandations sur les glucides, l’OMS réitère également la préconisation de consommer au moins 400g de fruits et légumes par jour. Cette recommandation s’appuie sur des d’études d’observation qui montrent notamment une relation dose-réponse entre l’augmentation de la consommation de fruits et légumes et des bénéfices pour la santé (Reynolds et al., 2019).

Plus la consommation de fruits et légumes est importante, plus le bénéfice sur la santé est grand.

Bien que l’effet le plus important soit observé pour des apports de 800g par jour, les preuves concernant les apports supérieurs à 800g restent limitées. Ainsi, l’apport de 400g par jour a été retenu comme seuil minimal atteignable qui apporterait des bénéfices significatifs pour la santé. Cette recommandation ne se limite pas aux produits frais et comprend notamment la consommation de fruits et légumes cuits, surgelés et/ou en conserve.

Enfin, l’OMS recommande aux adultes de consommer au moins 25g de fibres alimentaires par jour. De la même façon que pour l’apport en fruits et légumes, le seuil d’au moins 25g a été choisi sur la base des données issues d’études d’observation (Reynolds et al., 2020).

Les recommandations sur les fruits et légumes transposées pour la première fois aux enfants

Les preuves directes des bénéfices de la consommation de céréales complètes, de légumes, de fruits et de légumineuses sur la santé des enfants et des adolescents restent limitées. Toutefois, les effets observés chez les adultes devraient également s’appliquer aux enfants et aux adolescents. Les résultats de revues systématiques suggèrent notamment qu’une consommation plus élevée de fruits, de légumes et de fibres alimentaires est généralement associée à une amélioration du poids corporel, du profil lipidique et du contrôle de la glycémie chez les enfants/adolescents (Mytton et al., 2017 ; Reynolds et al., 2020).

Ainsi, pour la première fois, les recommandations de l’OMS pour la consommation de fruits et légumes chez l’adulte sont transposées aux enfants, en tenant compte des besoins énergétiques et de l’âge :

  • 2-5ans, au moins 250g par jour
  • 6-9 ans, au moins 350g par jour
  • 10 ans et plus, au moins 400g par jour

De même, pour les apports en fibres alimentaires, les recommandations sont les suivantes :

  • 2-5 ans, au moins 15g par jour
  • 6-9 ans, au moins 21g par jour
  • 10 ans et plus, au moins 25g par jour

Une approche similaire a d’ailleurs été adoptée en France, dans les nouvelles recommandations nutritionnelles destinées aux enfants âgés de 4 à 17 ans avec une augmentation progressive des quantités des fruits et légumes consommées avec l’âge.

De futures directives pour appuyer les décideurs politiques

En conclusion de ce rapport, l’OMS souligne la nécessité d’associer ces recommandations aux autres lignes directrices sur les régimes alimentaires sains afin d’améliorer la prévention de maladies non transmissibles liées à l’alimentation.

Les futures directives de l’OMS devraient fournir des conseils spécifiques pour permettre aux décideurs politiques de traduire les recommandations nutritionnelles en politiques fondées sur des données probantes. Plusieurs exemples d’actions sont évoqués tels que :

  • L’étiquetage nutritionnel, notamment en face avant des emballages ;
  • La mise en place de subventions pour les aliments riches en fibres alimentaires ; de fruits et légumes, de céréales complètes et de légumineuses ;
  • L’information des consommateurs.
Différentes qualités de glucides

Le concept de « qualité » des glucides (OMS, 2023) fait référence à la nature et à la composition des glucides dans un aliment ou dans le régime alimentaire, y compris la proportion de sucres, la rapidité avec laquelle ils sont métabolisés et libèrent du glucose dans l’organisme, et la quantité de fibres alimentaires. Les glucides qui sont digérés lentement dans l’intestin grêle ou qui passent sans être digérés sont généralement considérés comme étant de « haute qualité ». A l’inverse, les glucides digérés rapidement, tels que les sucres, sont considérés comme étant de « basse qualité ». Les fibres alimentaires, en particulier, sont un élément important de la qualité des glucides. Plusieurs définitions des fibres existent, cependant, toutes partagent le fait que les fibres alimentaires sont résistantes à la digestion par les enzymes dans l’intestin grêle humain.

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