Bénéfices santé de la consommation d’alliacées

Ateliers culinaires « Fruits et Légumes » ? Des facteurs d’alimentation équilibrée et d’insertion sociale

Les groupes sociaux en situation de précarité présentent une prévalence du surpoids et de l’obésité bien supérieure, en moyenne, à celle observée dans la population générale. Ces mêmes groupes sont par ailleurs fortement sous-consommateurs de fruits et de légumes (F&L), notamment frais. Or on sait aujourd’hui que favoriser la consommation de ces deux familles d’aliments peut contribuer à prévenir la prise excessive de poids.

De nombreux atouts

A l’intention des citoyens les plus pauvres, des mesures de soutien visant à augmenter l’accessibilité financière des F&L frais peuvent donc s’avérer nécessaires. Mais l’impact en sera limité : en effet, le frein économique n’est pas le seul obstacle à la consommation des F&L frais. Parmi les initiatives concrètes susceptibles d’agir positivement sur la consommation figurent les ateliers culinaires « F&L frais ». A condition de s’inscrire dans la durée, ces ateliers présentent de nombreux atouts, qui vont bien au-delà du simple apprentissage de recettes et de techniques culinaires. Ils favorisent une alimentation plus équilibrée et peuvent aussi avoir des impacts positifs en termes d’insertion sociale1.

Apprentissage et éveil sensoriel

La première fonction de ces ateliers culinaires est d’apprendre aux participants à cuisiner de façon simple et rapide les légumes frais, à découvrir de nouveaux modes de préparation et de cuisson, de nouvelles saveurs… Cela se traduit presque toujours par une augmentation de la consommation de ces aliments, contribuant ainsi à une alimentation plus équilibrée et… à moindre coût. Par ailleurs, en donnant l’occasion de manipuler et de goûter des F&L habituellement non consommés (car étrangers aux habitudes ou à la culture alimentaire du pays d’origine), les ateliers rendent familiers et, du même coup, acceptables ces aliments « inconnus ».

Le plaisir est un puissant levier de la consommation alimentaire. Mais éprouver du plaisir à manger des F&L frais peut parfois demander un « éveil sensoriel » que les ateliers culinaires peuvent précisément susciter. Ces activités peuvent aussi (re)donner l’envie de cuisiner, ce désir étant parfois effacé par les difficultés de la vie quotidienne, la solitude ou encore l’absence de pratique. Enfin, le repas pris en commun à l’issue de chaque séance peut aider les participants à reprendre conscience de l’importance et du plaisir associé à ce temps de partage.

La diffusion de messages d’éducation nutritionnelle n’a qu’un faible impact sur les comportements de personnes ayant peu fréquenté l’institution scolaire ou ne maîtrisant pas la langue française. C’est avant tout en préparant, en cuisinant, en mangeant et en… appréciant des repas riches en F&L frais que ces personnes adopteront peu à peu un style d’alimentation favorable à leur santé.

Des impacts en termes d’insertion sociale

Au-delà de ces effets positifs sur les comportements alimentaires, les ateliers culinaires « F&L frais » peuvent également avoir des impacts sur de nombreux aspects en relation étroite avec les problématiques d’insertion sociale.

En favorisant l’établissement de nouveaux liens sociaux, les ateliers peuvent contribuer à réduire le risque d’isolement et limiter certains troubles liés à l’inactivité (ennui, autodévalorisation, repli sur soi, dépression). De plus, ces troubles sont susceptibles d’induire des dérèglements du comportement alimentaire : grignotage d’aliments gras et sucrés (recherche de réconfort), épisodes boulimiques, etc. Un autre atout réside dans la réappropriation de repères : les ateliers sensibilisent les participants à l’importance de structurer leur journée alimentaire (nombre et horaires des repas), d’être conscient des quantités ingérées, de prévoir et d’organiser l’achat puis la préparation des aliments, etc.

Un enrichissement mutuel

Cuisiner ensemble des F&L frais favorise l’acquisition ainsi que la transmission aux autres participants de savoirs et de compétences alimentaires et culinaires. Cet enrichissement mutuel a un impact important en termes de renforcement de l’estime de soi : fierté d’avoir « réussi quelque chose », d’offrir aux autres convives un plat qu’ils apprécient… Il contribue à redonner aux personnes en précarité un statut plus valorisant : celui du parent qui prend soin de la santé et du bien-être de ses proches. Sur un autre plan, il leur procure la fierté de faire découvrir à leurs « camarades d’atelier » des recettes de leur pays. L’association des enfants aux ateliers culinaires trouve son prolongement naturel dans le cadre domestique. Or, préparer ensemble le repas familial est une activité riche sur plusieurs plans : outre le plaisir de l’échange et le renforcement des liens familiaux, elle favorise la transmission entre les générations des savoirs et savoir-faire alimentaires et culinaires mais aussi de l’histoire familiale et des « racines » culturelles, des valeurs, des règles éducatives…

Eric Birlouez
Sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, Paris, FRANCE
  1. Ces effets positifs sur l’alimentation et l’insertion sociale ont été relevés par nous-mêmes lors de nombreux entretiens conduits auprès de personnes (bénéficiaires de l’aide alimentaire) ayant participé à de tels ateliers et auprès de professionnels ayant animé ce type d’actions.
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