Bénéfices santé de la consommation d’alliacées

Des oignons et de l’ail pour éviter l’infarctus

Des composants clés du régime Méditerranéen

L’ail (Allium sativum) et l’oignon (Allium cepa) sont riches en divers micronutriments reconnus comme des composants clés du régime Méditerranéen1. De nombreuses études in vitro et de nombreux essais cliniques de supplémentation en ail suggèrent que la consommation d’ail pourrait protéger contre les risques de maladies cardiovasculaires, en réduisant notamment la concentration sérique de cholestérol et la tension artérielle. Cependant, il n’existe que deux études épidémiologiques sur le lien entre la consommation d’oignons et les maladies cardiovasculaires. Toutes les deux ont montré une corrélation négative3, 4.

Afin d’obtenir des informations supplémentaires sur cette relation entre consommation d’alliacées et risque de maladie coronarienne, nous nous sommes intéressés à la corrélation existant entre la consommation d’oignons et d’ail et l’Infarctus du Myocarde (IM) non-mortel, à partir des données d’une étude cas-témoin italienne.

Une vaste étude dans la région de Milan

Les données de cette étude, menée dans la région du Grand Milan en Italie, ont été recueillies entre 1995 et 2003.

  • Le groupe des cas était constitué de 760 patients ayant présenté un premier épisode d’IM non fatal .
  • Le groupe témoin, de 682 patients de la même région géographique, soignés dans les mêmes hôpitaux, pour une large gamme de pathologies aiguës n’ayant aucun lien avec des facteurs de risques connus d’IM ou la nutrition.

Les entretiens ont été menés à l’hôpital à l’aide d’un questionnaire structuré, pour obtenir des informations sur les facteurs sociodémographiques, les variables anthropométriques, le régime alimentaire, le tabagisme, la consommation d’alcool, l’activité physique et de nombreuses autres variables.

Pour évaluer la consommation d’oignons, les questions ont porté sur la fréquence hebdomadaire de consommation et la taille des portions (petite, moyenne, grande). Pour l’ail, nous avons étudié la consommation en tant que variable qualitative :

  1. consommation faible ou absente (ail utilisé en accompagnement des plats mais non consommé),
  2. consommation intermédiaire (ail utilisé en accompagnement des plats et consommé),
  3. forte consommation (ail utilisé dans beaucoup de plats et très souvent consommé).

Les odds ratios (OR) et l’Intervalle de Confiance à 95% (IC) pour les cas d’IM correspondant aux différents niveaux d’alliacées, ont été dérivés de modèles de régression logistique multiple, intégrant des facteurs comme l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, le tabagisme et d’autres facteurs confondants.

Des résultats significatifs pour les oignons

Le Tableau 1 montre la distribution des cas d’IM et cas témoins et leurs ORs et IC à 95% pour les différents niveaux de consommation d’ail et d’oignons. Par rapport au groupe témoin les OR du groupe IM, ajustés pour le sexe et l’âge, étaient de :

  • 0,87 (IC 95% : 0,67-1,13) pour moins d’une portion d’oignon par semaine,
  • 0,69 (IC 95% : 0,54-0,90) pour une portion ou plus par semaine,

avec une tendance significative pour les risques.

Après ajustement pour les facteurs confondants majeurs, les OR du groupe IM étaient de :

  • 0,90 (IC 95% : 0,69-1,21),
  • 0.78 (IC 95% : 0,56-0,99),

toujours avec une tendance significative pour les risques.

Pour l’ail, comparé à aucun ou à un faible usage, les OR étaient de :

  • 0,84 (IC 95% : 0,66-1.09) pour une consommation intermédiaire,
  • 0,94 (IC 95% : 0,68-1,32) pour une forte consommation.

La première étude en provenance d’un pays Méditerranéen

Plusieurs études épidémiologiques montrent qu’un grand nombre d’aliments végétaux sont associés à un effet protecteur sur le risque de maladies cardiovasculaires5. Les composants bioactifs des végétaux pouvant expliquer cette protection seraient des composés phénolés ou organo-soufrés. Les oignons en sont riches, tandis que l’ail n’est riche qu’en composés organo-soufrés6. Les composes phénolés, incluant la souscatégorie des flavonoïdes, ont une activité antithrombique et protégent l’endothélium7. Cette propriété pourrait expliquer les effets protecteurs contre la mortalité coronarienne retrouvée dans plusieurs études épidémiologiques4, 7.

Nous n’avons pas trouvé de corrélation négative entre la consommation d’ail et le risque d’infarctus. Plusieurs études suggèrent des effets bénéfiques à court terme de l’ail sur les facteurs lipidiques et anti-plaquettaires8. La variabilité observée entre les différentes études serait due aux différences à la fois dans les durées du traitement et dans les quantités d’ail consommées et au manque de rigueur dans la préparation de l’ail8.

Notre étude, la première en provenance d’un pays Méditerranéen, suggère qu’un régime riche en oignons, mais pas en ail, pourrait avoir un effet bénéfique sur les facteurs de risque d’IM. Des études épidémiologiques supplémentaires sont cependant nécessaires pour évaluer l’association entre la consommation d’alliacées et le risque de maladies cardiovasculaires.

Carlotta Galeone
Istituto di Ricerche Farmacologiche *Mario Negri*, Istituto di Statistica Medica e Biometria, Università degli studi di Milano, Milan, Italie
  1. Lanzotti V. J Chromatogr A 2006;1112:3-22.
  2. Banerjee SK & Maulik SK. Nutr J 2002;1:4.
  3. Mennen LI et al. J Nutr 2004;134:923-6.
  4. Knekt P et al. Bmj 1996;312:478-81.
  5. Dauchet L et al. Neurology 2005;65:1193-7.
  6. Cardelle-Cobas A et al. J Agric Food Chem 2005;53:9078-82.
  7. Kris-Etherton PM et al. Am J Med 2002;113 Suppl 9B:71S88S.
  8. Ackermann RT et al. Arch Intern Med 2001;161:813-24.
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