Les préférences alimentaires : rôle de la génétique et de l’environnement

Comment améliorer le « Fresh Fruit and Vegetable Program » aux Etats-Unis ?

Comme en Europe, on constate une faible consommation de fruits et légumes (F&L) par les enfants aux Etats-Unis. Aussi de nombreux programmes de distribution de F&L dans le cadre scolaire ont vu le jour dans le but de sensibiliser les enfants à la diversité des produits et accroitre leur niveau de consommation. Parmi eux le Fresh Fruit and Vegetable Program (FFVP), très similaire au School Fruit Scheme européen. Le FFVP, programme fédéral créé en 2004, a été généralisé à tous les Etats- Unis en 2008 et cible les écoles élémentaires depuis 2010. Lin et Fly (2016) ont procédé à l’évaluation de ce programme fédéral, dont voici les principaux résultats. Contrairement au SFS qui conditionne l’éligibilité à des mesures d’accompagnement (éducation nutritionnelle, jardinage, éducation aux goûts, visites d’exploitations, ateliers culinaires…), le FFVP se limite à l’achat et la distribution des F&L, sans activités liées à leur promotion.

L’impact sur la consommation n’est pas significatif pour les légumes

Des évaluations partielles du programme dans différents États ont démontré que le FFVP avait amélioré les comportements alimentaires des élèves au fil du temps. Notamment pour les légumes, les enfants demandent aux parents d’en acheter davantage ou d’en manger plusieurs fois par jour ; ils expriment aussi la volonté de découvrir de nouveaux produits frais. Toutefois malgré l’exposition répétée aux F&L, l’impact sur la consommation n’est pas significatif pour les légumes. Pour mieux en comprendre les raisons, une enquête qualitative a été menée dans l’Indiana auprès de 5265 enfants dans 51 écoles sélectionnées au hasard parmi les 107 écoles élémentaires de l’Etat. Parmi eux, 3,193 ont fait l’objet d’entretiens approfondis en groupes focalisés.

Avis général : globalement apprécié

Le programme est globalement apprécié par les élèves puisque les 2/3 déclarent avoir beaucoup aimé ou aimé l’intervention. Il leur a permis d’être exposés à une variété de différents types d’aliments qu’ils n’avaient jamais mangés auparavant (13,3% des commentaires). Certains ont noté les effets positifs du programme (11,7%), qui les a amenés à se sentir bien, avec la promesse d’une meilleure santé et qui leur rappelle qu’ils doivent manger de façon à préserver leur santé.

Des commentaires relatifs aux fruits positifs

Beaucoup d’élèves ont déclaré avoir mangé davantage de fruits à l’école (81,6%) et à l’extérieur des écoles (70,4%) grâce au FFVP.

Les commentaires les plus fréquents concernaient la perception du fruit (15,0% de l’ensemble des commentaires) et des recommandations pour améliorer l’offre dans le FFVP (18,7%). La plupart des commentaires étaient positifs : ils ont mentionné que le FFVP fournissait certains types de fruits qu’ils aimaient (5,7%) comme les fraises, les pommes, les raisins, la banane, la pastèque, l’ananas, la mangue et le kiwi. Leur appréciation des fruits portait principalement sur la saveur avec des termes comme «juteux», «délicieux», «doux», «frais» et «bien goûteux». D’autres ont évoqué les avantages des fruits, comme la satiété, cela les rend «plus sains et plus forts», et ils leur « donnent de l’énergie». Dans le FFVP, ils souhaiteraient avoir plus de fruits en quantité et en variété (17,7%). Seuls 1% des commentaires soulevaient le problème de la qualité des fruits distribués.

Commentaires relatifs aux légumes : plus nuancés

Relativement peu d’élèves ont rapporté que le FFVP les avait incités à manger plus de légumes à l’école (64,1%) ou à l’extérieur de l’école (47,1%). Ils ont aimé les légumes à saveur douce servis dans le cadre du FFVP : carottes, brocoli, maïs, pommes de terre, laitue, jicama et concombres. Côté positif, le lien avec la bonne santé a été fait (0,7%), côté négatif, c’est le goût qui a été évoqué. Certains produits créent même une aversion (1,0%) comme les choux de Bruxelles, les poivrons verts, le céleri, les champignons et les pois. Les suggestions les plus courantes (2,4%) pour améliorer l’acceptation des légumes sont l’ajout de sauces «vinaigrette», «beurre d’arachide» ou «au fromage», et de diversifier les légumes (2,2%).

En conclusion, c’est la seule évaluation d’un programme de distribution de F&L dans les écoles utilisant les approches qualitatives sur un échantillon aussi important aux USA, ce qui lui confère une certaine crédibilité. Quelques améliorations au programme peuvent réduire les marges de progrès. Ainsi, il est suggéré d’introduire une plus grande variété de fruits, une plus grande variété de légumes à saveur douce et d’opter pour des stratégies qui garantiront la palatabilité des aliments (qualité élevée des produits, sauces de bonne qualité nutritionnelle, cuisson des légumes pour en améliorer la texture).

Martine Padilla
Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (CIHEAM-IAM), FRANCE
Lin Y-C and Fly AD: Student feedback to improve the United States Department of Agriculture Fresh Fruit and Vegetable Program. Nutrition Research and Practice 2016;10(3):321-327.
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