Alimentation à la maison : un moyen efficace pour manger sainement

Cuisiner à la maison pour avoir une bonne alimentation !

Au cours des dernières décennies, le nombre de repas préparés à la maison a considérablement diminué. On se reporte de plus en plus sur des aliments tout préparés ou préparés à l’extérieur de la maison, ayant une plus forte teneur calorique et une moindre valeur nutritionnelle 1,2. Ces tendances simultanées sont associées à une augmentation de l’obésité chez plus du tiers des adultes aux Etats-Unis 3,4.

Contraintes de temps et de prix, accès limité à des aliments sains, manque de connaissances culinaires et de confiance en soi pour cuisiner, représentent autant de facteurs contribuant au déclin de la fréquence de la cuisine familiale 5. Les repas pris à la maison sont préparés à partir de produits simples à utiliser, déjà préparés ou semi-préparés 6,7. Cuisiner à la maison permet de mieux contrôler la consommation alimentaire, bien que les méthodes de cuisine maison ne soient pas forcément toujours saine…

On sait peu de choses concernant les liens entre la fréquence des repas faits maison et la qualité de l’alimentation. C’est justement ce que notre étude a tenté d’analyser.

Trois niveaux de préparation de repas à la maison

Nous avons utilisé les données du module comportemental des consommateurs de l’enquête nationale de nutrition et de santé NHANES (the National Health and Nutrition Examination Survey). Cette étude transversale, d’un échantillon national représentatif de la population générale, avait pour but de recueillir des informations sur la santé et les comportements des Américains. Nos données concernaient la période 2007-2010 et notre échantillon regroupait des adultes âgés de 20 ans ou plus, qui n’étaient ni enceintes ni diabétiques au moment du recueil des données (N=9569).

Utilisant les données du rappel des consommations des dernières 24 heures, nous avons mesuré la qualité de l’alimentation à partir de l’ensemble des calories, des protéines, des fibres, des féculents, des graisses et des sucres consommés. Nous avons évalué la consommation de repas préparés à l’extérieur de la maison, des produits de restauration rapide, des plats préparés et des plats congelés. La fréquence de la préparation d’aliments à la maison a été mesurée selon le nombre de fois que les répondants, ou un membre de leur famille, ont préparé le dîner au cours des 7 derniers jours. Cette fréquence a été répartie en 3 niveaux: faible (0 à 1 fois, N=802), moyenne (2 à 5 fois, N=3 704) et forte (6 à 7 fois, N=5063). Nous avons enregistré le poids corporel, le genre, l’origine ethnique, le niveau d’éducation, le statut marital, le pays d’origine, la taille du foyer, la sécurité d’approvisionnement alimentaire et les revenus. Nous avons utilisé des modèles d’analyses statistiques linéaires multi variées, après ajustement pour les co-variables susmentionnées, afin d’évaluer l’association entre la fréquence rapportée de repas cuisinés à la maison et les données alimentaires recueillies. Nous avons également modélisé l’interaction entre la fréquence de préparation des repas et l’intention de perdre du poids, afin de savoir s’il y avait des différences dues à l’intention de maigrir. Une valeur de p<0.05 a été considérée statistiquement significative.

Des repas cuisinés à la maison plus fréquents sont associés à une meilleure qualité alimentaire

Chez les Américains de plus de 20 ans en 2007- 2010, 8% cuisinaient rarement à la maison, 44% cuisinaient à une fréquence moyenne et 48% très fréquemment. Les noirs avaient une plus forte probabilité de cuisiner à une fréquence faible ou moyenne que les blancs. Les hommes et salariés à plein temps avaient plus de probabilité de cuisiner à une faible fréquence que les femmes et les sans-emplois.

Les membres des familles préparant fréquemment des repas à la maison, consommaient significativement moins de calories que les personnes cuisinant peu (2164 kcal vs. 2301 kcal). Ceux qui cuisinaient fréquemment consommaient moins de féculents (262 grammes vs. 284 grammes), de graisses (81 grammes vs. 86 grammes) et de sucres (119 grammes vs. 135 grammes) que les cuisiniers occasionnels. Une plus haute fréquence de cuisine maison était associée à une meilleure qualité de l’alimentation, que la personne essaie de maigrir ou pas. La Figure 1 montre les calories consommées par rapport aux repas préparés à la maison et l’intention de maigrir. Cette tendance était similaire pour d’autres mesures de qualité de l’alimentation.

Cuisine maison : un impact positif sur la santé publique ?

Nos résultats indiquent que cuisiner plus souvent à la maison est clairement associé à une meilleure qualité de l’alimentation, qu’il y ait ou non une intention de maigrir. Ceci aurait d’importantes implications dans la prévention de l’obésité et en santé publique. Il est important d’améliorer le soutien et l’incitation à cuisiner chez soi plus souvent. Le développement d’un savoir-faire culinaire par des cours de cuisine, l’éducation nutritionnelle et la réintroduction des cours d’économie domestique, pourraient contribuer à renforcer à la fois les compétences culinaires, les connaissances alimentaires, la confiance en soi et l’efficacité de la cuisine maison. Il est également important de s’attaquer aux barrières fréquentes à la cuisine à la maison : manque de temps et d’accès à certains ingrédients à des prix abordables, de bonne qualité et frais.

Bien sûr, il ne sera pas possible à tout le monde de cuisiner plus souvent à la maison. Il est donc important d’élaborer d’autres stratégies pour favoriser des choix alimentaires sains et pour bien évoluer dans l’environnement alimentaire à l’extérieur de la maison. Ainsi, afficher les valeurs nutritionnelles sur les menus – le lancement national de ce programme est prévu pour Décembre 2015 – pourrait aider les gens à faire des choix plus sains lorsqu’ils ne préparent pas leurs propres aliments.

Les Recommandations Alimentaires pour les Américains 8 les encouragent à consommer de plus faibles portions alimentaires, moins de graisses et de sucres et plus de fruits et de légumes. Les nouvelles recommandations du Comité Consultatif des Recommandations Alimentaires publiées en Février 2015 vont encore plus loin, soulignant l’importance d’une alimentation riche en produits végétaux, faible en sucres, céréales raffinées, viande rouge et charcuterie 9. Notre étude fournit quelques preuves que cuisiner plus souvent à la maison est associé à une réduction de la consommation globale de calories, féculents, graisses et sucres. Rehausser leur confiance dans leurs aptitudes à cuisiner et réduire les barrières à la cuisine maison pourraient aider plus d’Américains à faire des choix alimentaires sains et à préparer plus souvent leur repas chez eux.

Julia A. Wolfson
Département de Politique et de Gestion de la Santé, Ecole Bloomberg de Santé Publique, Université Johns Hopkins, Baltimore, ETATS-UNIS
Sara N. Bleich
Département de Politique et de Gestion de la Santé, Ecole Bloomberg de Santé Publique, Université Johns Hopkins, Baltimore, ETATS-UNIS
  1. Shao Q, et al. Nutrition research and practice. 2011;5(3):253-259.
  2. McGuire STJE, et al. Department of Agriculture, Econ. Res. Serv., February 2010. Advances in nutrition (Bethesda, Md.). 2011;2(5):442-443.
  3. Flegal KM, et al. JAMA : the journal of the American Medical Association. 2010;303(3):235-241.
  4. Cohen DA, et al. Obesity reviews : an official journal of the International Association for the Study of Obesity. 2012;13(7):618-629.
  5. Lang T, et al. Cooking skills and health. Health Education Authority; 1999.
  6. Engler-Stringer R. Canadian Journal of Dietetic Practice and Research. 2010;71(3):141-145.
  7. Chenhall C. Health Canada;2010.
  8. United States Department of Agriculture and United States Department of Health and Human Services. Dietary Guidelines for Americans, 2010. 7th Edition ed. Washington D.C.: U.S. Government Printing Office; 2010.
  9. United States Department of Agriculture. Scientific Report of the 2015 Dietary Guidelines Advisory Committee. 2015; http://www.health.gov/dietaryguidelines/2015-scientific-report/PDFs/Scientific-Report-of-the-2015-Dietary-Guidelines-Advisory-Committee.pdf. Accessed March 4, 2015.
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