Interventions en milieu scolaire visant à augmenter la consommation de fruits et légumes : efficacité, succès et défis

Efficacité des interventions de promotion de la santé en milieu scolaire

La prévalence du surpoids et de l’obésité infantiles a augmenté dans les pays développés depuis 30 ans. Parmi les causes connues, le manque d’activité physique et une alimentation de mauvaise
qualité nutritionnelle sont souvent évoqués. Face à cette situation, plusieurs pays ont concentré leurs efforts et leurs ressources sur des interventions en milieu scolaire en ciblant ces deux causes (Fung, 2012). Mais pour les professionnels de l’éducation et de la santé, certaines interventions devraient être priorisées. Des chercheurs canadiens ont examiné l’efficacité de chaque type d’interventions au regard des priorités fixées par les professionnels de l’éducation et de la santé (Montemurro, 2008).

Priorité aux interventions combinant l’alimentation à l’activité physique

Les professionnels de santé et de l’éducation ont identifié 7 types d’interventions essentielles à mener en milieu scolaire, classées par ordre de priorité :

  • 1 : Interventions basées sur une approche globale de la santé à l’école, intégrant des actions sur l’activité physique, la sédentarité et une alimentation saine ;
  • 2 : Interventions visant à modifier les politiques de nutrition scolaire ;
  • 3 : Interventions promouvant la participation des enfants à la production et à la préparation des aliments ;
  • 4 : Interventions de distribution des aliments sains avec le soutien de producteurs ;
  • 5 : Interventions visant à modifier les cours d’éducation physique ;
  • 6 : Interventions promouvant l’activité physique en dehors de l’école ;
  • 7 : Interventions qui agissent sur l’offre d’aliments/boissons vendus et/ou servis dans les écoles.

L’analyse de la littérature scientifique publiée entre 2001 et 2020 a rapporté 66 interventions mises en œuvre dans 18 pays*. Par ailleurs, 29 interventions combinaient plusieurs de ces stratégies.

Les priorités des chercheurs et experts scientifiques ne sont pas celles des décideurs politiques

Les trois types d’interventions les plus courantes dans les publications étaient :

  • celles classées en priorité 1 basées sur une approche globale de la santé à l’école (18 interventions),
  • celles classées en priorité 5 visant à modifier les cours d’éducation physique (18 interventions)
  • celles combinant plusieurs types d’interventions (29 interventions).

Les interventions de priorité 2 et 3 étaient très peu investiguées (1 et 2 interventions, respectivement). Ce constat illustre le décalage entre les preuves disponibles et les preuves nécessaires pour guider la prise de décision.

Des effets spécifiques aux divers types d’interventions

Les interventions de priorités 1 et 2 ont eu des effets positifs significatifs sur la consommation de fruits (plus de 0,13 et 0,30 portions par jour, respectivement) mais pas sur celle de légumes. Ceci est cohérent avec d’autres données montrant la préférence des enfants pour les fruits et leur praticité de consommation entre les repas (Perry, 2004; Bjelland, 2015). Les interventions de priorité 1, 5 et celles combinant plusieurs stratégies étaient efficaces pour réduire le risque d’obésité (diminution de l’IMC de 0,26, de 0,16, et de 0,18 points, respectivement). Même faibles, ces changements d’IMC annoncent un ralentissement de l’augmentation de l’IMC, ce qui est important en terme de prévention de l’obésité (Bartelink, 2019; Goldschmidt, 2013). Les interventions de priorité 1 ont eu un effet positif sur le nombre de pas par jour. L’absence de résultats avec les autres types
d’interventions pourrait s’expliquer par le manque d’engagement des élèves et du personnel scolaire, l’absence de formation des enseignants et le mauvais suivi des protocoles.

Les données de cette analyse bibliographique suggèrent aux décideurs politiques et aux parties prenantes locales de se concerter avec les chercheurs pour l’identification et la mise en œuvre des interventions pour les aider à choisir les plus efficaces.

* États-Unis, Australie, Canada, Danemark, Espagne, Royaume-Uni, Norvège, Nouvelle-Zélande, Allemagne, Irlande, Italie, Suisse, France, Belgique, Suède, Corée du Sud et Israël.

Cyrille Costa
Physiologie et Physiopathologie de la Nutrition Humaine - Université Paris 7, FRANCE
D'après : Julia Dabravolskaj, et al. Effectiveness of school-based health promotion interventions prioritized by stakeholders from health and education sectors: A systematic review and meta-analysis. Prev Med Rep. 2020. DOI: 10.1016/j.pmedr.2020.101138
  • Fung, C., et al., 2012. From “best practice” to “next practice”: the effectiveness of school-based health promotion in improving healthy eating and physical activity and preventing childhood obesity. Int. J. Behav. Nutr. Phys. Act. 9 (1), 27.
  • Montemurro, G., et al., 2008. Which school-based health promotion interventions do stakeholders identify as the most promising for return on investment modelling? Findings from Stage 1 of a sequential exploratory mixed methods study. In: ISBNPA Abstract Book [Internet]. Honk-Kong. p. 282.
  • Perry,CL, et al 2004. A randomized school trial of environmental strategies to encourage fruit and vegetable consumption among children. Health Educ. Behav. 31 (1), 65-76.
  • Bjelland M, et al. 2015. Changes in adolescents’ and parents’ intakes of sugarsweetened beverages, fruit and vegetables after 20 months: results from the HEIA study – a comprehensive, multi-component school-based randomized trial. Food Nutr Res. 20;59:25932
  • Bartelink NHM, et al. 2019. Can the Healthy Primary School of the Future offer perspective in the ongoing obesity epidemic in young children? A Dutch quasiexperimental study. BMJ Open. 9(10):e030676.
  • Goldschmidt AB, et al. 2013. Indicated prevention of adult obesity: how much weight change is necessary for normalization of weight status in children? JAMA Pediatr. 167(1):21-6.
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