En bref

Les supermarchés sont l’un des lieux principaux d’achats alimentaires et constituent de fait des endroits stratégiques pour façonner les habitudes de consommation. Une étude australienne a cherché à savoir si les achats de fruits et légumes peuvent être accrus par des nudges relatifs aux normes sociales placés dans les caddies. Des affichages indiquant que la majorité des acheteurs achètent des fruits et légumes à chaque fois qu’ils font les courses ont été placées dans des caddies. L’analyse des achats a montré que le
groupe d’intervention a dépensé 9$ et acheté 1,25 kg de fruits et légumes de plus que le groupe témoin. Ces résultats confirment l’intérêt des nudges, notamment ceux fondés sur les normes sociales, pour modifier les achats et habitudes alimentaires. Les auteurs soulignent le besoin de reproduire cette étude à plus grande échelle et d’évaluer les résultats à long terme.

Face au changement climatique et à la nécessité de rendre notre système alimentaire plus durable, de nombreux pays cherchent à inclure cette dimension dans leurs recommandations nationales alimentaires. La 4e révision des recommandations italiennes (2019) inclut ainsi pour la première fois un chapitre dédié. Un article récent partage l’expérience italienne et identifie plusieurs limites ayant complexifié le processus. Les auteurs pointent notamment le fait que la durabilité de l’alimentation, domaine de recherche encore en construction, est un volet pour lequel manquent à la fois des modèles globaux et des documents de consensus. Ils soulignent également que des données relatives à la perception du sujet par les Italiens auraient été utiles pour ajuster les recommandations formulées. Enfin, considérant la variété de disciplines nécessaires à la prise en compte de la durabilité, l’expérience italienne souligne le besoin de revoir la composition des groupes d’experts mobilisés, traditionnellement centrés sur la nutrition et la santé publique.

Le manque de connaissances et de formation est l’un des principaux freins exprimés par les médecins vis-à-vis de l’accompagnement nutritionnel de leurs patients. Le programme « Eat This ! » – mené en ligne d’octobre 2020 à février 2021, proposait aux futurs médecins allemands un cycle de conférence dédié à l’alimentation et à ses impacts sur la santé et l’environnement. L’
évaluation de ce programme montre une légère amélioration du suivi des recommandations liées à l’alimentation et au mode de vie chez les participants à l’issue de cette formation : notamment sur la consommation de fruits et légumes, de noix et la pratique d’une activité physique. Ces résultats soulignent l’intérêt d’actions similaires au programme « Eat This! » pour améliorer les comportements alimentaires des étudiants en médecine et soulignent l’importance d’accroitre la place donnée à l’alimentation dans les cursus de formation.

Par leur capacité à réguler les environnements alimentaires, les gouvernements et les politiques publiques sont des acteurs et leviers majeurs pour influer sur les consommations. Récemment, une étude menée par deux consortia de recherche européens – le Policy Evaluation Network et le projet « STOP-Science & Technology in childhood Obesity Policy » – a analysé la mise en œuvre de telles politiques dans 11 pays européens à l’aide du « Healthy Food Environment Policy”. D’après ce travail, la Finlande est le pays avec la plus grande proportion de politiques façonnant des environnements alimentaires sains, avec un niveau élevé de mise en œuvre. A l’inverse, la Slovénie et la Pologne affichent la plus forte proportion de politiques dont le niveau de mise en œuvre est très faible. Ce travail identifie des lacunes réglementaires chez un grand nombre de pays étudiés. Les auteurs appellent ainsi à mettre en place rapidement des actions politiques fortes pour rendre les environnements alimentaires plus sains et lutter contre l’obésité et des maladies chroniques.

L’étiquetage nutritionnel en face avant fait partie des moyens recommandés par les autorités de santé pour améliorer l’information et les choix alimentaires du consommateur. Une étude récente décrit et évalue la mise en place ces informations dans la région OMS des Amériques. Parmi les 35 pays étudiés, 11 ont officiellement adopté l’étiquetage nutritionnel en face avant et 7 l’ont réellement mis en place. D’après ce travail, cet outil d’information s’est progressivement répandu et amélioré sur la forme (taille, visibilité et clarté des mentions pour le consommateur) comme sur le fond (utilisation de l’outil de profilage nutritionnel de l’Organisation panaméricaine de la santé). Les premières données concernant l’efficacité de ces dispositifs suggèrent un effet positif avec une réduction des achats des produits « 
malsains » et une reformulation des produits. Les auteurs invitent, ainsi, les gouvernements encore hésitants à s’engager dans cette démarche pour améliorer la santé de leur population et contribuer à la réduction des maladies chroniques.