Fruits et légumes plus accessibles

L’accessibilité : Un facteur déterminant dans la consommation des fruits et légumes chez les enfants Mexicains de milieux défavorisés

Les facteurs qui influencent le choix des aliments ne se limitent pas aux préférences personnelles. Ils sont également conditionnés par le milieu social, culturel et économique, le prix des aliments, leur accessibilité et la connaissance des bases d’une alimentation saine. Selon certains auteurs, les populations ayant un faible pouvoir d’achat ont tendance à avoir une alimentation moins saine qui intègre moins de fruits et légumes. D’autres soulignent qu’une alimentation saine est plus chère qu’une alimentation riche en sucres, matières grasses et céréales raffinées.

Les éléments clés du succès des programmes de nutrition pour enfants

Les habitudes alimentaires acquises durant l’enfance peuvent persister à l’âge adulte. En outre, les facteurs qui influencent la consommation alimentaire devraient être identifiés pour mettre en œuvre des interventions plus efficaces pour la promotion d’une alimentation saine tout au long de la vie.

Selon l’institut National de la Santé Publique, les femmes Mexicaines ne consomment que deux portions de F&L (fruits et légumes) par jour, ce qui est inférieur aux recommandations pour prévenir des maladies chroniques. Selon des publications internationales, le succès des programmes d’enseignement de la nutrition chez les enfants reposerait sur quelques éléments clés. Ces programmes doivent être basés sur : des modifications comportementales et environnementales, l’implication de toute la famille dans le cas de jeunes enfants, l’engagement de l’école dans la modification du milieu, l’inclusion de toute la communauté et l’octroi de temps suffisant pour former les participants. Pour réussir, il faut connaître l’interaction entre ces différents facteurs au sein de la population visée.

Comment mangent les enfants pauvres de Mexico ?

La fréquence de consommation de fruits et légumes, et les données personnelles et environnementales s’y rattachant, ont été étudiées chez 327 écoliers Mexicains urbains (garçons : 49,2% ; filles : 50,8%) dans les deuxième, troisième et quatrième années de l’école primaire. Ces enfants avaient 8,8 ans en moyenne et fréquentaient deux écoles nationales dans des milieux défavorisés de la Ville de Mexico. Un auto-questionnaire validé a été administré aux sujets de l’étude pour identifier les aspects environnementaux (accessibilité) et personnels (préférences, attentes, connaissances et auto-suffisance) qui ont une influence sur la consommation de F&L.

Dans notre étude, la consommation moyenne de F&L était d’une fois par jour, avec seulement 11% des enfants qui en consommaient plus de 3 fois par jour. Une différence significative (p< 0,01) est apparue entre les garçons et les filles : une plus grande proportion de filles en consommaient 3 fois ou plus par jour (15,2% vs. 6,7%). Cette consommation reste cependant très inférieure aux recommandations du Fond Mondial de Lutte contre le Cancer (1997) qui préconise un minimum de 5 portions/jour.

Une forte proportion d’enfants obèses

L’analyse de l’IMC par rapport à l’âge a montré que 63,6% des garçons et 51.5% des filles étaient en surpoids ou obèses, (χ2 = 4,826 ; p< 0,03). Une différence significative (p<0,006) existait entre les garçons et les filles par rapport au temps passé devant la télévision ou les jeux vidéos : 48,5% des garçons et 33,5% des filles y passaient au moins 4 heures par jour.

Une association significative a été retrouvée entre l’autosuffisance par rapport aux légumes et une plus forte fréquence de consommation de F&L. En revanche, aucune association n’a été notée entre la fréquence de consommation des F&L et les connaissances, les préférences pour les fruits et légumes, les attentes et l’autosuffisance par rapport aux fruits.

Les 2 facteurs importants pour la consommation de fruits et légumes

Dans cette population, les deux facteurs ayant une influence notable sur la consommation de fruits et légumes (au moins 3 fois par jour) étaient :

  • avoir un accès facile (OR 3,38, IdC 1,26 à 9,0) aux F&L,
  • être de sexe féminin (OR 2,2, IdC 1,04 à 4,7).

Plusieurs études ont déjà noté qu’une bonne accessibilité était le facteur le mieux corrélé à la consommation de F&L. Blanchette et al. (2005) ont trouvé que la disponibilité, l’accessibilité, et l’exemple des parents, sont les variables qui influencent le plus la consommation de F&L et, qu’en conclusion, les stratégies d’intervention devraient être basées sur ces facteurs.

Etudier les croyances des parents pour aider les enfants

Dans des groupes de discussion de parents d’enfants de même niveau, scolarisés dans les mêmes établissements (Pérez-Lizaur, données non publiées), les parents rapportent qu’il est parfois difficile de préparer les F&L d’une manière facilement accessible aux enfants. Les parents croient que leurs enfants n’en sont pas capables et, dans certains cas, pas intéressés par la préparation des aliments. Tout cela limite leurs possibilités d’exposition à des habitudes alimentaires saines. Il serait intéressant d’explorer l’impact de telles croyances sur l’accès des enfants aux F&L et d’étudier comment ces barrières peuvent être abolies pour en faire bénéficier les parents et les enfants.

Les environnements scolaires et familiaux qui encouragent la consommation de fruits et légumes sont cruciaux pour que les enfants augmentent leur consommation de F&L. Il est également important de chercher des moyens créatifs pour impliquer les enfants dans la préparation des aliments et les encourager à goûter à plus de F&L, afin de favoriser leur consommation.

Ana Bertha Pérez-Lizaur
Universidad Iberoamericana, México
Martha Kaufer-Horwitz
Instituto Nacional de Ciencias Médicas y Nutrición Salvador Zubirán and Fundación Mexicana para la Salud, México
Maite Plazas
Consultoría en Nutrición, México
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