Consommation de fruits & légumes et cancer - Le rapport 2007 du WCRF

Maintenir un “poids santé” pour se protéger contre le cancer

Si l’obésité est associée à diverses maladies chroniques, comme les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux, ses liens avec le cancer sont moins connus du grand public. Le Second Rapport d’Experts FMRC/AICR estime que le maintien d’un “poids santé” la vie durant est un des moyens les plus importants pour se protéger contre le cancer.

L’incidence du surpoids et de l’obésité a doublé

De nos jours, le surpoids et l’obésité sont beaucoup plus fréquents que dans les années 1980 et 1990. Leurs incidences ont doublé dans de nombreux pays riches entre 1990 et 2005. Actuellement, les maladies chroniques, telles que l’obésité, ont une plus forte prévalence que les carences nutritionnelles et les maladies infectieuses dans la plupart des pays d’Asie et d’Amérique Latine et dans certains pays d’Afrique. De plus, un excès de poids dans l’enfance augmente la probabilité de surpoids et d’obésité à l’âge adulte.

Les données reliant surpoids, obésité et cancer ont été jugées encore plus convaincantes que celles évaluées au milieu des années 1990 dans le premier Rapport d’Experts.

Obésité et cancer : des données convaincantes

Il existe des preuves convaincantes d’un lien entre l’excès d’adiposité et les cancers de l’œsophage, du pancréas, du colon, du sein (après la ménopause), de l’endomètre et du rein. Une forte adiposité abdominale serait une cause de cancer du colon et, probablement, une cause de cancers du pancréas, du sein (postménopause) et de l’endomètre.

Un mécanisme clé reliant obésité et cancer résiderait dans l’influence d’un certain nombre d’hormones et de facteurs de croissance. L’IGF 1, l’insuline et la leptine sont plus élevés chez les obèses. Ils peuvent induire la croissance des cellules cancéreuses. De plus, l’obésité augmente l’insulinorésistance, enclenchant une surproduction d’insuline. Les hormones stéroïdiennes sexuelles joueraient également un rôle : le tissu adipeux serait le principal site de synthèse des oestrogènes chez les hommes et chez les femmes post-ménopausées.

L’obésité est également caractérisée par un état inflammatoire chronique de faible intensité qui pourrait également induire le développement de cancers. Les cellules adipeuses produisent des facteurs pro-inflammatoires, et les obèses présentent des concentrations élevées de TNF-∝, d’interleukine-6 et de CRP, de même que de leptine, qui fonctionne comme une cytokine inflammatoire.

Cancer du sein et ménopause

Bien qu’il existe des preuves causales convaincantes entre l’excès de graisse corporelle et le cancer du sein après la ménopause, celui-ci est probablement protecteur contre le cancer du sein avant la ménopause. Le rôle des oestrogènes dans le processus cancéreux pourrait expliquer cette différence notable. Avant la ménopause, les femmes obèses ont plus souvent des cycles anovulatoires à l’origine d’une diminution des taux circulants d’œstrogènes, alors qu’après la ménopause, ces concentrations sont plus élevées. Néanmoins, pour des raisons pratiques, parce que le cancer du sein avant la ménopause est moins fréquent qu’après celle-ci et à cause des autres bénéfices pour la santé, il n’y a pas de recommandation spécifique concernant le poids des femmes en pré-ménopause.

Les grands responsables de l’obésité

Le second Rapport d’Experts a également évalué les causes de la prise de poids, du surpoids et de l’obésité. Les données sont convaincantes pour l’effet protecteur de l’activité physique et l’effet promoteur de la sédentarité. On pourrait donc s’attendre à une diminution du risque de cancer lié à ces facteurs. Par sédentarité on entend aussi bien des hauts niveaux d’inactivité que des faibles niveaux d’activité physique. Consommer des boissons sucrées, des produits de restauration rapide et des aliments à forte densité énergétique – qui apportent plus de 225275 kcal aux 100 g – ainsi que regarder la télévision, favorise probablement la prise de poids, le surpoids et l’obésité. A l’inverse, les aliments ayant une faible teneur énergétique contribuant à maintenir un poids sain, on peut s’attendre à ce qu’ils réduisent le risque de cancers liés à l’obésité.

Des objectifs bien définis

L’allaitement maternel protège probablement les enfants contre la prise de poids excessive. La croissance des enfants nourris exclusivement au sein est différente de celle des enfants nourris avec des laits infantiles, et ils consomment moins d’énergie totale et de protéines.

Concernant l’adiposité corporelle, il est recommandé d’être dans la partie basse de la fourchette normale de poids établie par les gouvernements nationaux et l’OMS. Cette recommandation s’ajoute à elles pour l’activité physique, les aliments et les boissons qui favorisent la prise de poids.

Les objectifs de santé publique du FMRC/AICR correspondent à un IMC moyen compris entre 21 et 23 chez les adultes, en fonction des variations normales au sein des différentes populations. De plus pour 2017, la proportion de personnes en surpoids ou obèses ne devrait pas dépasser les niveaux actuels, et de préférence être inférieure.

D’après les recommandations individuelles, il faut surveiller l’évolution du poids corporel durant l’enfance et l’adolescence avec l’objectif d’atteindre la valeur basse de l’IMC normal à 21 ans. Il faut également maintenir le poids corporel dans les limites normales après l’âge de 21 ans et éviter la prise de poids et l’augmentation du tour de taille au cours de la vie adulte.

Kirsty Matthews
WCRF - Secretariat
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