Numéro spécial : réapprendre à cuisiner pourrait devenir un acte de santé
publique.

Bibliographie

Le fléau mondial des maladies attribuées à une faible consommation de fruits et légumes : implications de l’OMS pour une stratégie mondiale pour l’alimentation Les maladies chroniques non transmissibles sont la principale cause de mortalité et d’incapacité à travers le monde et sont en augmentation rapide dans la plupart des pays.

La plupart des politiques mises en place se sont focalisées sur les graisses et une moindre attention a été portée aux autres facteurs alimentaires, en particulier les fruits et légumes. Pourtant ceci est primordial car la transition nutritionnelle à laquelle nous assistons résulte en un remplacement de l’alimentation traditionnelle basée sur les F&L par une alimentation pauvre en glucides, riche en calories sous forme de graisses animales et de sucre.
Cette publication de l’OMS s’intéresse aux études menées pour estimer le fléau mondial des maladies attribué à la faible consommation de F&L et discute ses implications pour le développement de politiques adaptées.

Les données disponibles indiquent que 1,8 % du fléau des maladies non transmissibles à travers le monde serait attribué à une consommation insuffisante de F&L. Plus de 2,6 millions de morts à travers le monde et 31 % des maladies cardiovasculaires seraient attribués à une consommation insuffisante. L’augmentation de la consommation de F&L à un niveau optimal pourrait réduire les maladies cardiaques ischémiques de 31% et les accidents ischémiques cérébraux de 19 %, les cancers pulmonaires de 12 % et colorectaux de 2 %.

Un certain nombre d’organismes recommandent une augmentation de la consommation de F&L à 400-500 g/jour (hors pomme de terre). Cependant, les programmes de prévention en cours voient leur succès limité en raison de la compétition due au marketing intensif des fastfoods. Les politiques doivent lever les obstacles, et faciliter l’accès à une alimentation saine, par des actions au niveau de l’agriculture, l’étiquetage des aliments, les allégations nutritionnelles, la publicité, les programmes de nutrition et des taxations alimentaires adéquates.
THE GLOBAL BURDEN OF DISEASE ATTRIBUTABLE TO LOW CONSUMPTION OF FRUIT AND VEGETABLES:
IMPLICATIONS FOR THE GLOBAL STRATEGY ON DIET
LOCK ET AL. BULLETIN OF THE WORLD HEALTH ORGANIZATION; 2005; 83(2):100-108.
LB

Les modes alimentaires des femmes honduriennes récemment immigrées aux Etats-Unis

L’acculturation1 a des répercussions majeures sur la santé. Selon une étude de 1994, les immigrants vivant aux USA depuis 5 ans maximum sont en meilleure santé que ceux qui y vivent depuis 10 ans et plus. Ainsi, certains cancers sont en augmentation dans la population hispanique et les taux de diabète sont supérieurs à ceux des américains.
Cette étude explore les modes alimentaires de 23 honduriennes âgées de 25 à 60 ans, immigrées aux USA depuis moins de 10 ans. Tout en continuant à consommer des aliments typiques du Honduras les participantes ont apporté des changements positifs et négatifs. Quarante pour cent d’entre elles consomment quotidiennement: riz, haricots secs, jus de fruits naturels, tortillas, bananes, bananes plantain, boeuf et oeufs.
Les changements positifs sont une plus grande variété de fruits et légumes, moins de graisses, la cuisson au four plutôt que la friture, et l’utilisation d’huiles végétales. Ces femmes consomment peu de produits laitiers, mais plus de viande, probablement, car la viande est plus disponible et leur statut financier s’est amélioré. Les changements négatifs sont qu’elles mangent moins, en sautant des repas, dans le but «de maigrir» ou par «manque de temps». Cependant, elles consomment plus de fast-foods: 100 % fréquentent les fast-foods, 43 % de manière hebdomadaire. Elles ont réduit leur activité physique, disent manger moins et avoir pris du poids. Cette diminution de l’exercice et la consommation accrue de fast-foods contribuent à un IMC2 élevé.

Selon les auteurs, des recommandations sont à faire en faveur de l’alimentation traditionnelle hondurienne, de fast-foods plus riches nutritionnellement, d’une taille des portions réduite, de la préparation des repas à l’avance et de la lecture des étiquettes nutritionnelles. Enfin, la variété de fruit et légumes est améliorée, mais il faudrait que la consommation soit quotidienne. La consommation d’aliments riches en calcium, autres que produits laitiers (légumes verts, céréales, fruits secs) devrait également être encouragée.
THE NUTRITIONAL PATTERNS OF RECENTLY IMMIGRATED HONDURAN WOMEN
EDMONDS VM. J TRANSCULT. NURS. 2005;16(3):226-235. LB

1/ L’ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes avec des changements subséquents dans les types de culture originaux de l’un ou des autres groupes.
2/ Indice de Masse Corporelle

Le programme norvégien «Fruit à l’école» : évaluation de l’effet de la gratuité versus paiement

En Norvège, la consommation de fruits et légumes (F&L) est basse. Les adultes en mangent en moyenne 2 fois/jour soit 243g/j et les enfants de 9 et 13 ans, 156 et 136g/j, respectivement. Un Programme Fruit à l’Ecole (PFE) a été mis en place depuis 2003-2004, offrant un fruit aux élèves, quotidiennement, au déjeuner. Le coût pour les parents est de 0,30 euros/jour. Le problème est le faible taux de participation : 28% des écoles et moins de 50% des élèves des écoles participantes sont inscrits.
Le but de cette étude est de tester l’effet du PFE sur la consommation de F&L et la répercussion sur celle des snacks, dans les conditions de fruit gratuit ou payant.
L’étude (septembre2001-juin2002) a concerné 795 élèves de 11 à 12 ans. Neuf écoles ont participé au PFE gratuit, 9 au PFE payant et 20 écoles ne proposaient pas de fruit.
Le groupe fruit gratuit a consommé significativement plus de fruit que les groupes fruit payant et sans fruit ; les consommations moyennes étaient de 1,1 ; 0,4 et 0,2 portions, respectivement. La consommation à l’école n’a pas entraîné de réduction de la consommation à l’extérieur.
La consommation supérieure dans le groupe fruit gratuit par rapport au groupe fruit payant montre que la gratuité améliore le succès du programme.
D’autre part, le groupe fruit gratuit consommait significativement moins de snacks que le groupe sans fruit. Dans le groupe fruit payant, les inscrits au PFE consommaient également moins de snacks que les non inscrits.
En conclusion, un fruit ou un légume gratuit est une stratégie efficace pour augmenter la consommation de F&L et pour toucher tous les élèves, en particulier ceux qui sont difficiles à sensibiliser par des mesures éducatives (familles de statut socioéconomique bas), tout en réduisant la consommation des snacks gras et sucrés.
THE NORWEGIAN SCHOOL FRUIT PROGRAMME : EVALUATING PAID VS. NO-COST SUBSCRIPTIONS
BERE ET AL. PREVENTIVE MEDICINE. 2005; 41(2):463-470. LB

Retour