« Consommation de fruits & légumes chez les personnes âgées »

Association entre mode de vie et état de santé auto-évalué chez les séniors : données de l’étude WELL

Les trois principaux comportements liés au mode de vie (alimentation, activité physique, activités sédentaires) sont des facteurs clés pour la prévention des maladies chroniques et le maintien d’une bonne santé au long de la vie. Ces comportements coexistent souvent et sont susceptibles d’être modifiés par différentes interventions. Leurs associations et leurs interactions n’ont guère été examinées. De plus, très peu d’études ont exploré leur association avec des indicateurs de santé au sein des personnes de 55 à 65 ans, un groupe en âge d’arrivée à la retraite. L’impact des facteurs de risques comportementaux augmente avec l’âge et de nombreuses maladies chroniques se manifestent durant cette période. En atteignant l’âge de la retraite, les personnes auront plus de temps libre et donc plus d’occasions d’adopter d’autres comportements, sains ou malsains.

Bien-être, alimentation et activité physique pour une longue vie

L’étude WELL (Wellbeing, Eating and Exercise for a Long Life) est une étude de cohorte, visant à identifier l’influence des facteurs intra personnels, sociaux et environnementaux, sur l’alimentation et l’exercice physique chez les adultes d’âge mûr, des zones rurales et urbaines de la ville de Victoria en Australie. Un échantillon aléatoire d’adultes (n=3 644) âgés de 55 à 65 ans a rempli un questionnaire postal au départ de l’étude en 2010. L’analyse des données transversales a permis d’explorer les liens entre la consommation de fruits et légumes (F&L), les loisirs physiques, le temps assis et les associations individuelles et combinées avec l’état de santé auto-évalué, ajusté pour les facteurs confondants connus.

Une augmentation de 10 % de la probabilité de rapporter un bon ou meilleur état de santé

D’après nos résultats, chaque portion supplémentaire de fruits et légumes, ou chaque période de 15 minutes additionnelle de marche rapide par jour s’associe à une augmentation d’environ 10 % de la probabilité de rapporter un bon ou meilleur état de santé, à la fois chez les femmes et les hommes. Cette association est demeurée statistiquement significative, après inclusion des 3 comportements liés au mode de vie et après ajustement pour l’Indice de Masse Corporelle, le tabagisme, les maladies chroniques et les données sociodémographiques (niveau d’éducation, état civil et propriété de son logement). Aucune association n’a été retrouvée entre le temps passé assis et l’état de santé rapporté, mais nous avons retrouvé une interaction entre le temps assis et la consommation de fruits et légumes. Cela signifie que l’influence simultanée du temps assis et de la prise de fruits et légumes sur l’état de santé n’est pas additif. A l’inverse, l’association entre la consommation de F&L et l’état de santé auto-évalué dépendrait du temps sédentaire et le temps supplémentaire passé assis aurait un impact différent chez les femmes et chez les hommes. Chez les hommes, l’association entre la consommation de F&L et l’état de santé auto-évalué est confirmée, avec moins de temps passé assis (<10 heures/jour). L’effet inverse a été retrouvé chez les femmes (>5heures/jour). Il se peut que ces différences résultent de différentes manières de passer du temps assis, comme par exemple des périodes prolongées au lieu de périodes intermittentes.

De différences minimes de mode de vie peuvent influencer l’état de santé de la population

Cette étude vient s’ajouter aux rares publications sur les comportements liés au mode de vie et leur association avec certains indicateurs de l’état de santé des personnes d’âge mûr. Nos résultats confirment que des différences même minimes dans les comportements liés au mode de vie peuvent influencer l’état de santé de la population. De plus, ces résultats justifient l’exploration des effets combinés des différents comportements liés au mode de vie et l’importance d’examiner aussi bien leurs effets additifs que synergétiques sur les critères de santé. L’étude WELL permettra une évaluation longitudinale des comportements liés au mode de vie et de leurs déterminants.

Marita Södergren
Centre de Recherche sur l'Activité Physique et la Nutrition, Université Deakin, Burwood, Australie & Centre de Médecine Familiale, Institut Karolinska, Huddinge, Suède
Sarah A McNaughton
Centre de Médecine Familiale, Institut Karolinska, Huddinge, Suède
Understanding determinants of nutrition, physical activity and quality of life among older adults: the Wellbeing, Eating and Exercise for a Long Life (WELL) study. McNaughton SA, Crawford D, Ball K, Salmon J. Health Qual Life Outcomes. 2012 Sep 12;10:109. doi: 10.1186/1477-7525-10-109. Associations between fruit and vegetable intake, leisure-time physical activity, sitting time and self-rated health among older adults: cross-sectional data from the WELL study. Södergren M, McNaughton SA, Salmon J, Ball K, Crawford DA. BMC Public Health. 2012 Jul 25;12:551. doi: 10.1186/1471-2458-12-551.
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