LES DÉFIS DE L’OBÉSITÉ INFANTILE : Plaidoyer pour une alimentation équilibrée ou peine perdue ?

BIBLIOGRAPHIE

Les différences majeures dans la prévalence de surpoids de jeunes enfants vivant en Allemagne selon leur origine ethnique: facteurs de risque et implications pour la santé publique

Il y aurait une variation importante dans le taux d’obésité des enfants de différents groupes ethniques, telle que démontrée par plusieurs études américaines. Les facteurs de risque les plus souvent cités par ces études sont souvent liés à l’environnement, c’est- à -dire, une alimentation hautement calorique, un mode de vie sédentaire, des inégalités socioéconomiques, ainsi que des habitudes familiales particulières, telles que de regarder la télévision pendant les repas.

Les études de ce genre sont plutôt rares en Europe. Cette étude avait donc pour objectif d’examiner la prévalence de surpoids chez les jeunes enfants vivant en Allemagne selon leur origine ethnique, et de définir les facteurs de risque responsables des différences observées dans l’indice de masse corporelle (IMC). L’étude a été réalisée dans le cadre de l’examen obligatoire de santé avant l’entrée à l’école (2001/2002) à Aix-la-Chapelle en Allemagne. Des 2020 enfants éligibles, 1979 enfants ont été recrutés (taux de participation: 98%). La taille et le poids des enfants ont été mesurés, et les parents ont rempli un questionnaire visant à déterminer les facteurs sociodémographiques et alimentaires.

Les auteurs ont trouvé que les enfants d’origine étrangère avaient un taux de surpoids deux fois plus élevé que celui des enfants allemands (14.8% vs. 7.2%). Et plus particulièrement, les enfants d’origine turque avaient un taux de surpoids trois fois plus élevé (21.2% vs. 7.2%). Il s’avère que ces différences s’expliquent en grande partie par des facteurs de risque liés à l’environnement, c’est-à-dire la faible fréquence d’activité physique, une consommation de boissons sucrées et de repas type ‘fast-food’ excessive, et en particulier, par le niveau d’études de la mère et par le temps passé par les enfants devant la télévision. Une fois ces facteurs de risque contrôlés, il n’y avait aucune association significative entre l’ethnicité et l’IMC. De ce fait les auteurs reconnaissent que la prévention du surpoids chez l’enfant doit se faire en s’adressant aux environnements à risque.
MAJOR DIFFERENCES IN PREVALENCE OF OVERWEIGHT ACCORDING TO NATIONALITY IN PRESCHOOL
CHILDREN LIVING IN GERMANY: DETERMINANTS AND PUBLIC HEALTH IMPLICATIONS.
KUEPPER-NYBELEN J, LAMERZ A, BRUNING N, ET AL. ARCHIVES OF DISEASE IN CHILDHOOD
2005; 90: 359-363. C.K.

Les stratégies de prévention de l’obésité infantile pour l’Union européenne

La prévalence croissante de l’obésité chez les jeunes européens doit être traitée d’urgence. Il est reconnu que les enfants souffrant de surpoids et d’obésité ont un risque de développer des co-morbidités telles que le diabète de type 2, la stéatose hépatique non alcoolique, ainsi que des désordres endocriniens et orthopédiques. Ils atteignent l’âge adulte avec un risque extrêmement élevé de maintenir et/ou accroître leur indice de masse corporelle (IMC), et par conséquent, de développer des désordres métaboliques, certains cancers, et des maladies cardiovasculaires et psychologiques.

N’ayant pas encore de preuves avérées sur l’efficacité des interventions cherchant à prévenir l’obésité infantile, il n’y a pas encore de chemin préventif bien établi. La littérature scientifique sur les interventions qui existent suggère que les mesures préventives doivent comprendre une approche globale, appliquée à long terme, et bien intégrée dans la vie des enfants, par exemple à travers l’école et leur environnement immédiat. Ainsi,une liste de mesures préventives a été proposée lors d’une réunion d’experts scientifiques (60 participants venant de 17 pays) organisée par la ‘International Obesity TaskForce’ au Congrès européen sur l’obésité en mai 2004. Les auteurs font appel à la Commission européenne, les gouvernements des états membres, les autorités impliquées et d’autres groupes responsables pour considérer les options proposées.

Parmi les nombreuses recommandations, les participants à la réunion préconisent par exemple qu’au niveau de la Commission européenne, un coordinateur de santé publique gère une stratégie interdépartementale de prévention de l’obésité avec la collaboration des états membres, de la société civile et du secteur privé. Les états membres seraient appelés à créer dans leur gouvernement un département qui collaborerait avec le coordinateur de santé publique de la Commission et s’engagerait à assurer les programmes de prévention par une action collaborative des ministères concernés. Les autres types de recommandations s’adressent au secteur économique (ex. taxes et autres mesures fiscales), à l’industrie agroalimentaire (ex. marketing contrôlé des aliments à haute teneur énergétique), à la recherche (ex. les stratégies pour le traitement de l’obésité), au gouvernement municipal (ex. évaluation de l’impact des stratégies locales) et à l’école (ex. interdiction du marketing des aliments dans l’école).

En attendant les preuves scientifiques sur l’efficacité des interventions contre l’obésité infantile, les auteurs suggèrent que des activités préventives, soutenues par un consensus scientifique, et basées sur le principe de précaution, doivent être entreprises.
POLICIES TO PREVENT CHILDHOOD OBESITY IN THE EUROPEAN UNION.
LOBSTEIN T & BAUR LA. EUROPEAN JOURNAL OF PUBLIC HEALTH 2005; 15(6): 576-9. C.K.

Les aliments faisant l’objet de publicité à la télévision dans une ère d’obésité

Les recherches scientifiques ont trouvé un lien entre la télévision et le surpoids, particulièrement chez les femmes et les enfants. Trois mécanismes éventuels ont été proposés pour expliquer ce lien : 1) la télévision prend la place de l’exercice physique et autres activités, 2) la télévision mène à un apport calorique plus élevé (de par la consommation de snacks pendant les programmes télévisés) et 3) les publicités ont un effet positif sur la consommation des aliments vus à la télévision.

Cette étude a pour but d’analyser ce troisième lien aux Etats-Unis. Les auteurs ont mené une analyse du contenu de 553 publicités pour l’alimentation (101.5 heures de télévision aux heures de grande écoute). L’analyse a porté sur le type d’aliments concerné ainsi que sur les allégations nutritionnelles dont elles font l’objet. Pour ce faire, ils ont comparé les chaînes générales et celles particulièrement destinées aux américains d’origine africaine (AA).

Les auteurs ont trouvé un nombre plus élevé de publicités pour l’alimentation pendant les programmes ciblant plutôt les AA que pendant les programmes visant la population générale : ces publicités avaient davantage tendance à promouvoir l’alimentation type ‘fast food’ (54% vs. 32%), les sucreries (36% vs. 5%) et les boissons sucrées (11% vs. 2%). Elles avaient tendance à moins promouvoir les céréales (2% vs. 18%) et les fruits et légumes (1% vs. 8%). Environ 15% des spots publicitaires ont fait l’objet d’allégations nutritionnelles ; les publicités provenant des compagnies type ‘fast food’ avaient 2 fois plus d’allégations affirmant qu’un produit était ‘à teneur réduite en graisse’ lorsqu’elles étaient destinées aux américains d’origine africaine.

Ces résultats ont un impact majeur pour la santé publique et particulièrement pour la prévention de l’obésité, sachant qu’on a trouvé que les aliments vus à la télévision sont consommés à plus forte dose que ceux qui ne le sont pas et que les américains d’origine africaine sont souvent plus obèses que la population générale aux Etats-Unis.
FOOD ADVERTISING IN THE AGE OF OBESITY: CONTENT ANALYSIS OF FOOD ADVERTISING ON GENERAL
MARKET AND AFRICAN AMERICAN TELEVISION.
HENDERSON VR & KELLY B. J NUTR EDUC BEHAV 2005; 37: 191-196. C.K.

Les déterminants comportementaux de l’obésité

L’obésité chez les enfants provient d’une interaction complexe entre la susceptibilité génétique et le comportement, principalement les habitudes alimentaires et l’activité physique. La compréhension des comportements spécifiques favorisant ou protégeant contre le gain excessif de poids chez les enfants est plus limitée que pour les adultes, et les effets de la croissance et du développement ne sont pas clairs. Cet article a pour but de présenter les facteurs de risque comportementaux de l’obésité, ainsi que de discuter les questions méthodologiques dans ce domaine et de proposer de meilleures approches analytiques.

Un certain nombre de facteurs de risque comportementaux ont été posés comme principe, dont l’alimentation à haute densité énergétique, la surconsommation de boissons sucrées, la taille des portions, les habitudes alimentaires (la prévalence croissante de repas pris au restaurant et de ‘snacks’ consommés entre les repas), un mode de vie sédentaire (les heures passées devant la télévision), et un faible niveau d’activité physique.

Malgré le consensus international sur l’importance de ces facteurs de risque, les études scientifiques présentent souvent des résultats inconsistants, particulièrement sur le rôle spécifique des facteurs de risque alimentaire et d’activité physique. Les auteurs proposent que ceci pourrait être dû à des divergences méthodologiques, par exemple dans la détermination de la composition corporelle et de l’apport nutritionnel quotidien, dans l’analyse des biais éventuels, ou dans l’estimation de l’impact des différents facteurs de risque.

Les auteurs préconisent qu’il y ait plus de recherche dans ce domaine et plus particulièrement une approche méthodologique appropriée. Ils recommandent également de mettre en oeuvre des études qui aideraient à déterminer les interactions entre différents facteurs de risque en collaboration avec les sciences sociales pour développer des méthodes efficaces pour améliorer l’alimentation et le niveau d’activité physique chez les jeunes gens.
BEHAVIOURAL DETERMINANTS OF OBESITY.
RENNIE KL, JOHNSON L, JEBB SA. BEST PRACTICE & RESEARCH CLINICAL ENDOCRINOLOGY &
METABOLISM 2005; 19(3): 343-358. C.K.

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